Choisissezparmi des centaines de recettes de Recette de cocktail la vie en rose, au calvados, goyave, banane et , recettes qui seront faciles et rapides à cuisiner. de plats et mets gastronomiques Ingrédients 4 cl de vodka Grey Goose Original1,2 cl de Porto1,5 cl de jus de citron1 cl de sirop de sucre de canne2,5 cl de champagne Piper-Heidsieck Rosé Sauvage Mousse de framboise * Recette Verser tous les ingrédients dans un shaker, sauf la mousse de framboise et le champagne. Mélanger doucement puis verser dans une flûte. Compléter avec le champagne frais et la mousse de framboise. Décorer avec une framboise fraßche.* Mousse de framboise Dans une casserole, verser 40 cl de purée de framboises fraßches et 12 cl d'eau. Faire chauffer jusqu'à frémissement. Maintenir à feux doux et ajouter deux cuillÚres à café de gélatine végétarienne. Mélanger jusqu'à ce que la gélatine soir dissoute. Versez la préparation dans un siphon à soda jusqu'au trois-quart. Placer au réfrigérateur et laisser reposer trois heures avant utilisation. Le conseil du slowdrinker Prévoyez un peu plus de mousse de framboise que prévu. Croyez-nous, vos invités en redemanderont ! Notre astuce passée au congélateur, elle devient un excellent sorbet.
13août 2015 - Cocktail La vie en rose. 13 août 2015 - Cocktail La vie en rose. 13 août 2015 - Cocktail La vie en rose. Pinterest. Today. Explore. When autocomplete results are available use up and down arrows to review and enter to select. Touch device users, explore by touch or with swipe gestures. Log in . Sign up. Explore. Food And Drink
Cocktail RosĂ© rosĂ© JosĂ©phine » INGRÉDIENTS Pour 6 pers. - trĂšs trĂšs facile 75 cl de bon vin rosĂ© frais 45 cl d'eau gazeuse fraĂźche 15 cl de crĂšme de fraise des bois liqueur Glace pilĂ©e Touche fleurie 3 gouttes d'extrait de violette PRÉPARATION 1Ăšre Ă©tape/ Dans une grande carafe, versez 75cl de bon vin rosĂ© frais notre sĂ©lection ici, 45cl d’eau gazeuse fraĂźche, 15 cl de liqueur de fraise, 3 gouttes d’extrait de violette ou 3 cuillerĂ©es Ă  cafĂ© de sirop de violette. 2Ăšme Ă©tape/ MĂ©langez, ajoutez quelques feuilles de menthe pour la dĂ©coration et servez sur de la glace pilĂ©e. Cocktail RosĂ©gria » INGRÉDIENTS Pour 8 pers. - facile 3 bouteilles de vin rosĂ© 15 cl de cognac 4 cuillĂšres Ă  soupe de sucre 80 grammes de abricots 120 grammes de pamplemousses 140 grammes de pĂȘches 250 grammes de fraises PRÉPARATION 1Ăšre Ă©tape/ Dans un grand rĂ©cipient, mettre les 3 bouteilles de rosĂ© 2 bouteilles de doux et 1 bouteille de sec si possible. 2Ăšme Ă©tape/ Ajoutez 4 cuillĂšres Ă  soupe de sucre , 4 pĂȘches en petits morceaux, 4 abricots en morceaux, 1 pamplemousse en morceaux. Vous pouvez rajouter 15cl de cognac si vous voulez la rendre plus forte. Laisser au frais 4 heures minimum. Et juste avant de servir, rajoutez des fraises pour une touche glamour ! Cocktail FrozĂ© » INGRÉDIENTS Pour 6 pers. - un peu de temps devant soi 1 bouteille de rosĂ© de 750 ml 100 gramme de sucre en poudre 250 gramme de fraises dĂ©coupĂ©es Le jus d'un citron et demi 100 ml d'eau PRÉPARATION 1Ăšre Ă©tape/ Versez la bouteille de rosĂ© dans un plat Ă  gratin avant de la mettre au congĂ©lateur le temps que le liquide se solidifie pendant au moins 6 heures. Cela ne deviendra pas complĂštement solide Ă  cause de l'alcool, donc n'attendez pas trop non plus ! 2Ăšme Ă©tape/ Pendant ce temps mettez l'eau et le sucre dans une casserole Ă  Ă©bulition. Chauffez en remuant constamment, jusqu'Ă  ce que le sucre soit complĂštement dissous. Ajoutez les fraises dĂ©coupĂ©es avant de retirer la casserole du feu. 3Ăšme Ă©tape/ Laissez reposer une demi-heure afin que les fraises infusent le sirop. Passez le sirop Ă  travers un tamis fin, en veillant Ă  ne pas trop Ă©craser les fraises. Couvrez et laisser refroidir au frigo pendant 30 minutes. 4Ăšme Ă©tape/ Versez le rosĂ© dans un blender, ajouter le jus de citron et le sirop Ă  la fraise, une poignĂ©e de glace pilĂ©e ou de glaçons et ACTION jusqu'Ă  l'obtention d'une purĂ©e lisse. Versez lĂ  dans une carafe, avant de la laisser refroidir une demi-heure au frigo. 5Ăšme Ă©tape/ Passez le mĂ©lange Ă  nouveau au blender et servez dans un verre Ă  pied pour la classe, c'est prĂȘt ! Vous pouvez ajouter une jolie paille, mettre une fraise coupĂ©e sur le verre, tout ce que vous voulez et n'oubliez pas de nous envoyer vos belles rĂ©alisations ! Et c'est pas fini ! > Si vous n'avez pas de rosĂ© sous le coude pour ces cocktails, nous vous recommandons chaudement Batti-Batti, notre pĂ©pite de l'Ă©tĂ©, il est frais, c'est le coup de coeur de notre sommelier ! Bio À sec stock Ă©puisĂ© Friand DĂ©couvrezla prĂ©paration de la recette "Cocktail « la vie en rose » au gin et vermouth". Un cocktail original pour les beaux jours. Des livres pour attendre NoĂ«l Dans 25 dodos c'est noĂ«l ! DĂšs demain, des petites et grandes mains ouvriront les portes des calendriers, dĂ©couvrant chaque jour des douceurs et des surprises pour patienter jusqu'Ă  la fameuse nuit de noĂ«l. Avec le froid qui arrive, le petit moment cocooning de l'histoire du soir est dĂ©localisĂ© chez nous prĂšs de la cheminĂ©e blottis sous un plaid. Nous savourons ces petites minutes de douceur et de calme si rares dans cette pĂ©riode de l'avent. VoilĂ  quelques idĂ©es de livres pour patienter et plonger dĂ©jĂ  dans la magie de NoĂ«l Liv et Émy fĂȘtent NoĂ«l d'Eve Herrmann et Roberta Rocchi Ă©ditĂ© chez Nathan Liv et Émy partent fĂȘter noĂ«l chez leurs cousins. Sur le chemin, Émy voit des pĂšres noĂ«ls partout et elle s'interroge sur l'existence du vrai PĂšre NoĂ«l. J'aime beaucoup cette collection inspirĂ©e de la pĂ©dagogie Montessori. Ce sont des histoires simples et trĂšs poĂ©tiques. ConseillĂ© Ă  partir de 3 ans, ce livre parle mĂȘme au MĂŽme du haut de ses 7 ans qui commence Ă  ne plus croire au PĂšre NoĂ«l, il est entre deux et il commence Ă  apercevoir ce qu'on appelle la magie de NoĂ«l sans PĂšre NoĂ«l. Little Marmot demande souvent Ă  relire cette histoire, il adore la fin avec l'arrivĂ©e des cadeaux. Comme dans chaque livre de cette collection, la derniĂšre double page propose une activitĂ© Ă  rĂ©aliser avec les enfants. Dans cet ouvrage, il s'agit de rĂ©aliser un pot Ă  messages Ă  offrir Ă  quelqu'un qu'on aime avant NoĂ«l. Le pot contient 24 messages Ă  ouvrir au fur et Ă  mesure et qui font plaisir Ă  ouvrir. Les Palsou d'AndrĂ© Bouchard Ă©ditĂ© au Seuil Jeunesse VoilĂ  un joli conte de NoĂ«l. La famille Palsou vit dans un bidonville mais ses 4 enfants sont comme les autres gamins de leurs Ăąges, ils vont Ă  l'Ă©cole, aiment s'amuser et croient au PĂšre NoĂ«l. Ils ont un regret les adultes ne savent plus rigoler. Il faudra attendre l'arrivĂ©e de la Magic marmite pour les dĂ©rider. Cette derniĂšre a le pouvoir de donner Ă  chacun le plat dont il rĂȘve, idĂ©al Ă  quelques jours de NoĂ«l. Mais c'est sans compter le crasseux La Guenille... Cet album est absolument fantastique. Les enfants adorent cette histoire de NoĂ«l diffĂ©rentes des autres. Les personnages sont attachants et il faut le lire plusieurs fois pour dĂ©couvrir Toys les dĂ©tails savoureux des illustrations. J'aime le noir et blanc avec quelques aplats de couleurs pour les dessins. Ce choix renforce le contraste entre la tristesse des uns et le choix d'une philosophie de la vie pleine d'entrain des autres et notamment des enfants. C'est aussi l'opportunitĂ© de parler avec les enfants de ceux pour qui NoĂ«l ne rime pas avec tonnes de cadeaux et tables trop remplies. Je recommande ce livre Ă  partir de 4 ans. DĂ©livre le pĂšre NoĂ«l d'Orianne L'allemand et Caroline Hue Ă©ditĂ© chez Nathan Dans ce livre le lecteur est invitĂ© Ă  chercher le PĂšre NoĂ«l qui a disparu en jouant avec les animations. Little Marmot est un fan de ses livres pop-up interactif. Il retrouve dans cet ouvrages les fenĂȘtres Ă  ouvrir, les roues Ă  tourner... C’est un livre plein d'humour comme dans Au secours un ogre, une sorciĂšre... qui sont des livres que Little Marmot adore, Un livre trĂšs drĂŽle parfait pour les petits curieux qui ont envie de participer Ă  l'histoire en devenant un petit hĂ©ros ! Je vous le conseille Ă  partir de 3 ans. Pingouin en pagaille NoĂ«l en dĂ©lire de Jeanne Willis Ă©ditĂ© chez Nathan Le MĂŽme progresse rapidement en lecture, il est maintenant capable de lire des petits romans avec peu d'images et il aime bien les sĂ©ries qui lui permettent de suivre des personnages. Les pingouins en pagaille sont des histoires amusantes d'un groupe de pingouins loufoques. Dans cet ouvrage tome 4, les pingouins se retrouvent dans le traĂźneau du PĂšre NoĂ«l et dĂ©posĂ©s dans une Ă©cole maternelle oĂč ils vont devoir participer Ă  la prĂ©paration de noĂ«l en faisant des bricolages. Ils vont aussi pouvoir jouer aux batailles de boules de neige. L'Ă©criture est fluide et c'est assez facile Ă  lire mĂȘme si au dĂ©but le format et l'Ă©paisseur ont fait un peu peur Ă  mon fils. Le texte est plutĂŽt humoristique et l'intrigue est bien ficelĂ©e et donne envie de continuer. Presque toute la vĂ©ritĂ© sur les lutins de Clotilde Delacroix Ă©ditĂ© au Seuil Jeunesse Ce n'est pas Ă  proprement parlĂ© un livre sur NoĂ«l mais il permet de tout savoir sur les lutins. Cet ouvrage est bourrĂ© d'humour et ressemble Ă  une bande dessinĂ©e avec de grandes images. Les enfants apprennent grĂące Ă  lui tout ce qui concerne les lutins, que ce soit le pourquoi de leur barbe, leur amour des champignons, leurs mĂ©tiers... Il y a de nombreux jeux de mots que les enfants n'ont pas forcĂ©ment saisis mais ils adorent lez lire et le relire. Chacun a son chapitre prĂ©fĂ©rĂ© mais surtout ils aiment beaucoup les pages qui concernent les les jouets des enfants lutins et les pages qui expliquent pourquoi les lutons sont petits. Ce livre fait parti des livres que j'aime bien leur lire parce qu'il m'amuse beaucoup aussi. Dans cet ouvrage, les lutins n'aident pas le PĂšre NoĂ«l mais s'occupe des maisons pendant la journĂ©e, je les attends dans la mienne, dĂšs que possible !! T'choupi, un cahier de jeu de NoĂ«l Ă©ditĂ© chez Nathan Un cahier d'activitĂ© trĂšs sympathique avec des jeux, des gommettes, des coloriages, des petits bricolages... tout cela Ă  l'effigie de la star des petits le cĂ©lĂšbre Tchoupi. Je le garde pour le dĂ©but des vacances pour Little Marmot parce que je sens que cette premiĂšre semaine va lui paraĂźtre trĂšs longue jusqu'Ă  nous. Des conseils lecture Ă  me donner vous aussi ? Joue avec Filou Chiptou Les enfants ont repĂ©rĂ© Filou Chiptou Goliath depuis le mois de septembre. C'est Le MĂŽme qui a voulu l'inscrire sur sa liste mais je pense que son frĂšre l'aurait fait sinon. Ce jeu de sociĂ©tĂ© met en scĂšne un renard et des petites poules. Le but du jeu est de sauver les poules lorsque le pantalon du renard s'abaisse. Le dĂ©roulĂ© du jeu est simple. Un joueur lance le dĂ© et place le nombre de poules indiquĂ©es par le dĂ© dans le pantalon de Filou qui ainsi les chaparde. A un moment, le pantalon s'abaisse et il s'agit alors de rĂ©cupĂ©rer un maximum de poules. Les enfants doivent donc faire preuve de rĂ©flexe et de rapiditĂ©. Le MĂŽme Ă©tait le plus convaincu par ce jeu avant d'y jouer mais au final il correspond davantage Ă  l'Ăąge de mon deuz. D'ailleurs il est conseillĂ© Ă  partir de 4 ans. Filou Chiptou est un jeu parfait pour qu'ils puissent jouer ensemble. Il n'est pas trop facile pour le grand qui s'amuse beaucoup et le petit parvient tout Ă  fait Ă  jouer. Les parties sont assez rapides et ils les enchaĂźnent souvent avec la revanche et la belle. Le matĂ©riel du jeu est plutĂŽt sympathique et d'un graphisme amusant. Le renard a vraiment une bonne tĂȘte. Les garçons adorent le renard et le principe du pantalon qui se baisse. Il fonctionne sans pile ce qui est un avantage indĂ©niable pour les parents ! Alors il vous tente ce Filou Chiptou pour noĂ«l ? quels sont les jeux de sociĂ©tĂ© sur la liste de vos enfants ? Un coup de Baguette magique ou comment Little Marmot a arrĂȘtĂ© la tĂ©tine A 4 ans et 5 mois, Little Marmot s'est dĂ©finitivement dĂ©barrassĂ© de sa tĂ©tine. Il avait commencĂ© Ă  la prendre assez tard vers 18 mois et depuis entre lui et elle, c'Ă©tait l'amour fou. Depuis environ un an, nous avions rĂ©ussi Ă  ce qu'il ne la prenne que dans son lit ou dans le canapĂ© lors des temps de repos. Mais parfois, en catimini, il allait dans sa chambre en plein jour pour une petite dose de tĂ©tine. J'avais l'impression d'avoir tout essayer, la fĂ©e tĂ©tine, le pĂšre NoĂ«l, le "tu es grand maintenant" et mĂȘme le "si tu arrĂȘtes la tĂ©tine, on t'offre un portable, un poney et tu peux manger des bonbons en guise de dĂźner"... Aucun argument ne semblait l'atteindre et il a mĂȘme dĂ©clarĂ© qu'il prĂ©fĂ©rait ne pas avoir de cadeaux de noĂ«l plutĂŽt que de donner sa tĂ©tine au grand barbu ! Nous y avions cru le jour des 4 ans et puis en fait non. J'avoue que j'avais un peu lĂąchĂ© l'affaire en me promettant de rĂ©essayer Ă  NoĂ«l. Je me rassurais en me disant qu'on avait jamais vu un homme de 20 ans avec une tĂ©tine... J'avais remarquĂ© aussi que le petit discours de la pĂ©diatre sur le problĂšme de la tĂ©tine par rapport Ă  sa dentition lors de la derniĂšre visite avait fait son petit effet. Et puis un jeudi soir oĂč j'Ă©tais en vadrouille, je reçois un texto du Pater Familias "oĂč est la tĂ©tine ?" RĂ©ponse "sur l'Ă©tagĂšre". Je me souvenais avoir demander Ă  Little Marmot de la ranger lorsqu'il Ă©tait descendu ce matin lĂ . Mais ils ont eu beau chercher, et encore chercher ils ne l'ont jamais retrouvĂ©e. Little Marmot a pris par dĂ©pit une autre tĂ©tine qui avait un petit trou. Il dĂ©teste les tĂ©tines trouĂ©es, il ne l'a donc pas prise dans sa bouche mais posĂ©e Ă  cĂŽtĂ© de lui sur l'oreiller. Le lendemain matin, il s'est rĂ©veillĂ© hyper fier annonçant qu'il Ă©tait parvenu Ă  dormir sans tĂ©tine. Nous avons donc fait un pack avec lui, s'il tenait 7 jours et 7 nuits, alors pour fĂȘter l'arrĂȘt de la tĂ©tine, il pourrait avoir l'Ă©norme camion rempli de voitures, vu chez Toy'srus dont il rĂȘvait. Chaque matin, il se levait en comptant le nombre de dodos sans tĂ©tine. Au dĂ©but on a eu un peu peur qu'il la rĂ©clame Ă  la fin des 7 jours mais non. Il n'en parle plus, il accepte les fĂ©licitations avec un petit air fier mais sans en faire trop non plus. Ce week-end, nous en avons reparlĂ© tous les deux. Je lui ai rĂ©pĂ©tĂ© Ă  quel point j'Ă©tais fiĂšre car je savais que pour lui c'Ă©tait quelque chose de difficile. Nous avons Ă©voquĂ© la fameuse tĂ©tine prĂ©fĂ©rĂ©e disparue et il a eu cette rĂ©ponse gĂ©niale l "je l'ai faite disparaĂźtre parce qu'Ă  l'Ă©cole je suis dans le groupe des magiciens !" Un coup de baguette magique a suffit pour la faire disparaĂźtre Ă  tout jamais de sa tĂȘte et j'aime qu'il s'attribue ce mĂ©rite ! En vĂ©ritĂ© la tĂ©tine Ă©tait bien sur l'Ă©tagĂšre, vous savez ce qu'on dit rien n'est perdu tant que maman n'a pas cherchĂ©... Mais la lĂ©gende familiale prĂ©fĂšrera retenir l'aspect magique de l'histoire ! S, le magicien a su faire disparaĂźtre sa tĂ©tine et cet Ă©vĂ©nement est dĂ©sormais passĂ© Ă  la postĂ©ritĂ©. Des tueries de biscuits pour le goĂ»ter samedibonappetit Le week-end j'essaie de prĂ©parer des goĂ»ters pour la semaine Ă  venir. Cela peut ĂȘtre des petits gĂąteaux comme des madeleines, des biscuits tels des cookies ou un gros gĂąteau du style quatre-quart. Mais certains week-end sont bien trop chargĂ©s pour me laisser le temps de me mettre aux fourneaux alors dans ce cas on alterne avec du pain tout simplement et des biscuits. Je privilĂ©gie les biscuits bio sans trop de sucre en essayant de bannir ceux qui sont enrobĂ©s ou fourrĂ©s de chocolat mais parfois on se fait plaisir avec une bonne dose de sucre, de beurre et de dĂ©lices ! Les garçons en raffolent et j'avoue avec une tasse de thĂ© je les apprĂ©cie aussi. Voici quelques biscuits testĂ©s rĂ©cemment qui peuvent venir ravir les papilles de vos kids Les biscuits La Trinitaine Tout le monde connaĂźt cette marque emblĂ©matique de biscuits bretons créée en 1955. Ces recettes au pur beurre sont un dĂ©lice pour le goĂ»ter et mes garçons raffolent de ces biscuits de toujours comme les cigarettes russes ou les galettes bretonnes. Nous aimons beaucoup les assortiments dans lesquels chacun retrouve son favori. CĂŽtĂ© packaging, la Trinitaine propose deux boĂźtes trĂšs sympathiques le camion Tub citroĂ«n qui rappelle les premiĂšres livraisons de la marque et la boĂźte en fer Air Line. Elles sont trĂšs jolies et pratiques Ă  garder pour ranger des petits jouets par la suite. Nutella B-ready le snack au nutella qui croustille Ces petits biscuits sont des gaufrettes qui enrobe du nutella, ils ont prĂ©sentĂ©s en petits paquets individuels dans des boĂźtes de huit. C'est pratique pour les goĂ»ters Ă  l'extĂ©rieur. Les avis sont trĂšs partagĂ©s Ă  la casa sur cette gourmandise. Little Marmot et le Pater Familias ont adorĂ© et en rĂ©clament lorsque fait mes courses dorĂ©navant. Le MĂŽme qui n'est pas fan de nutella n'a pas accrochĂ©, c'est assez logique puisque le goĂ»t du nutella est vraiment dominant. De mon cĂŽtĂ©, j'ai trouvĂ© la gaufrette dĂ©cevante, elle manque de saveur et de consistance mais l'intĂ©rieur trĂšs bon avec les croustillants et j'aime bien la petite touche salĂ©e aussi. Je trouve que cela ressemble un peu au kinder bueno pour le cĂŽtĂ© assez aĂ©rien en bouche. J'aime le fait que ce soit un format assez petit car c'est parfait pour les petites fringales avec un thĂ© et cela Ă©vite les gros craquages par contre le Pater Familias espĂšre une version XL rapidement. Les creamy cookies de me & you and my Clairement une tuerie ! Il y a deux parfums chocolat noisette et beurre de cacahuĂštes. Personnellement j'ai adorĂ© les deux. Ces cookies sont trĂšs crĂ©meux et ont un vrai goĂ»t de "reviens-y". Les enfants ont aimĂ© les deux Ă©galement mĂȘme si clairement le goĂ»t chocolat noisette a eu leur prĂ©fĂ©rence. Dans la famille, nous prĂ©fĂ©rons les cookies moelleux aux croustillants. Ceux lĂ  semblent vraiment venus d'outre atlantique dans leur texture et leur saveur. Ils me font penser Ă  la prĂ©paration pour cookies que nous ramenons du Canada. Vous pouvez les trouver chez Monoprix. Et vous, des suggestions de petits dĂ©lices pour les goĂ»ters gourmands Ă  mon conseiller ? Sortir ce week-end avec les enfants Ă  Paris 26 - 27 novembre 2016 NoĂ«l est dans un mois et ca se fĂȘte ! C'est parti pour un mois de fĂȘtes pour profiter de la joie d'ĂȘtre en famille, de la magie de noĂ«l et faire preuve de solidaritĂ© aussi en cette pĂ©riode oĂč malheureusement tout le monde est loin d'avoir notre chance. Voici une petite sĂ©lection d'idĂ©es et de bons plans pour ce week-end. RĂ©tro Lapin Voici un pop store Ă©phĂ©mĂšre qui vous invite Ă  un petit voyage dans le passĂ©. Sur place vous aurez l'occasion de retrouver les jouets de votre enfance et de les faire dĂ©couvrir Ă  vos kids. Ce sera l'occasion de jouer Ă  la dictĂ©e magique, au docteur Maboule, de retrouver vos rĂ©flexes Ă  Mario Bros, des tournois de jeux de societĂ© sont organisĂ©es. un buffet rĂ©gressif est proposĂ© avec notamment aussi de reboire du tang j'avoue que j'ai toujours trouvĂ© ça dĂ©goĂ»tant... de manger des soucoupes Ă  la poudre et des roudoudous. Vos enfants pourront aussi regarder quelques dessins animĂ©s de notre enfance mais aussi d'amener leur vieux jouets pour qu'ils soient rĂ©parer et ainsi leur offrir une nouvelle vie. Ce pop store rĂ©tro se trouve au 96 bis, rue Beaubourg dans le 2Ăšme arrondissement, il est ouvert au public du samedi 26 novembre au dimanche 4 dĂ©cembre sauf le lundi 28 novembre et mercredi 30 novembre l'aprĂšs-midi de 10h Ă  20h. UNICEF et Joueclub Le samedi 26 novembre, un aprĂšs-midi solidaire est proposĂ© au village JouĂ©club de Paris dans le 2nd arrondissement. Au programme la prĂ©sence d’Élodie Gossuin avec des dĂ©dicaces et des photos, un flash mode, des ateliers coloriages et des lectures de contes. L'occasion Ă©galement de dĂ©couvrir la collection solidaire de la marque Doudou et compagnie. L'achat de ces petits doudous trop mignons dans leurs valisettes permet de faire un achat utile puisque grĂące aux fonds reversĂ©s, l'UNICEF peut acheter des fournitures scolaires, des moustiquaires pour protĂ©ger les enfants du paludisme ou des mĂ©dicaments. L'Ă©vĂ©nement a lieu samedi 26 novembre de 14h Ă  16h au village JouĂ©club, 3/5 boulevard des italiens dans le 2eme arrondissement. Le pallier enchantĂ© au Plaza AthĂ©nĂ©e Le palace parisien crĂ©e pour noĂ«l un pallier magique dĂ©corĂ© de l'ours Teddy, des poupĂ©es Corolle, une patinoire. Un petit cocon merveilleux que les enfants pourront dĂ©couvrir Ă  partir de 27 novembre pendant que vous vous rĂ©chaufferez avec une tasse de thĂ© ou avec un cocktail ! La patinoire accueille les enfants Ă  partir de 6 ans avec la prĂ©sence d'un professeur de latin Ă  glace du mercredi au dimanche de 12h Ă  19h. Le salon du cheval Les passionnĂ©s d'Ă©quitation ont rendez-vous au parc des exposition de Villepinte du 26 novembre au 4 dĂ©cembre pour le salon du cheval. Le thĂšme de cette annĂ©e est trĂšs fĂ©erique "Princesses et Chevaliers" . Au programme des initiations Ă  l'Ă©quitation, Ă  la voltige, au jonglage, Ă  l'Ă©quilibre... Il y a un village Enfants. De nombreux spectacles et animations maquillages... sont proposĂ©s. Pour d'autres idĂ©es cinĂ© théùtre ou musĂ©e, regardez dans les diffĂ©rents thĂšmes du menu les derniers billets publiĂ©s. Je vous souhaite un excellent week-end, de notre cotĂ©, nous allons voir la mer et dĂ©corer le sapin de NoĂ«l chez Mamie et Paoy ! Julius et le pĂšre NoĂ«l un joli conte de noĂ«l Julius et le Pere NoĂ«l est un conte de NoĂ«l rĂ©alisĂ© par Jacob Ley et distribuĂ© par les films du PrĂ©au. L'histoire Julius, un petit garçon de 8 ans, adore NoĂ«l, il est persuadĂ© d'avoir Ă©tĂ© dĂ©posĂ© Ă  l'orphelinat des Grelots par le pĂšre NoĂ«l lorsqu'il Ă©tait tout bĂ©bĂ©. Mais Gregor, qui le jalouse beaucoup, se moque de lui et de son attachement pour ses histoires de noĂ«l, lui racontant que le PĂšre NoĂ«l n'existe pas. Julius dĂ©sespĂ©rĂ© par ses rĂ©vĂ©lations se retrouve pourtant plongĂ© dans un monde plein de magie oĂč il va devoir sauver le PĂšre NoĂ«l des griffes du terrible Krampus. La bande annonce L'avis de Little Marmot 4 ans Il a eu un peu peur, des l'apparition du mĂ©chant Krampus, il a rappliquĂ© sur mes genoux et s'est cachĂ© les yeux Ă  plusieurs reprises. Je sais qu'il est assez vite Ă©motif devant les films et qu'il a besoin de se rĂ©pĂ©ter que c'est "pour de faux" ! Toutefois, il n'a pas Ă©tĂ© le seul dans ce cas, je vous conseille d'ĂȘtre attentif si votre enfant est plutĂŽt sensible au cinĂ©ma. En dĂ©finitive, il a bien aimĂ© le film malgrĂ© ses petites frayeurs parce que pour reprendre ses mots "ouf le pĂšre noĂ«l est sauvĂ© Ă  la fin ! " dĂ©solĂ©e pour l'effet de surprise.... Il a beaucoup apprĂ©ciĂ© le personnage d'Herman le cochon qui est trĂšs drĂŽle dans le film. L'avis du MĂŽme 7 ans J'avais peur qu'il soit un peu grand mais en fait il a beaucoup aimĂ© le film. Il n'a lui pas du tout eu peur, il faut avouer que Krampus c'est pas Dark Vador non plus. Il a aimĂ© les relations entre les enfants de l'orphelinat et le cochon Herman en pĂąte d'amande qu'il a croquĂ© aprĂšs le film grĂące Ă  l'organisation des films du PrĂ©au lors de la projection ! Le scĂ©nario est bien ficelĂ© et il ne s'est pas ennuyĂ© une minute. Mon avis C'est un trĂšs joli film. J'ai beaucoup aimĂ© l'univers, les personnages sont complexes et l'intrigue est bien menĂ©e. Graphiquement c'est assez dĂ©concertant mais dans le bon sens du terme ! Cela change de ce que l'on a l'habitude de voir. Les personnages ont Ă©tĂ© d'abord fabriquĂ©s avec une sorte de pĂąte Ă  modeler appelĂ©e plastine, ce qui a permis de les photographier sous tous les angles pour ensuite leur donner vie grĂące Ă  des logiciels spĂ©cifiques. J'ai beaucoup aimĂ© tous les dĂ©tails sur la cĂ©lĂ©bration de noĂ«l en Danemark et ses traditions. J'ai ainsi dĂ©couvert le Julbock qui sont les boucs en paille que l'on retrouve dans le film en "Rennes" du pĂšre noĂ«l, ce sont des dĂ©corations de noĂ«l tres rĂ©pandus aujourd'hui. Le Krampus est une sorte de pĂšre fouettard et le cochon en pĂąte d'amande est une rĂ©compense pour celui qui trouve l'amande blanchie cachĂ© dans le dessert de noĂ«l. DĂ©corations de NoĂ«l Ă  la danoise Le film Julius et le PĂšre noĂ«l sort en salle aujourd'hui et je vous le recommande, faites juste attention si vous avez des enfants sensibles devant les images, ils peuvent avoir un peu peur. Mais pour tout vous avouez mĂȘme si Little Marmot ne faisait pas le fier il rĂ©clame dĂ©jĂ  de le revoir ! Des calendriers de l'avent pour les petits curieux et les artistes cadeau inside Les enfants attendent le 1er dĂ©cembre avec une grande impatience. Je crois que l'ouverture de la premiĂšre case du calendrier de l'avent sonne pour eux le vrai compte Ă  rebours avant noĂ«l et le dĂ©but des festivitĂ©s. Ils ont tous les deux optĂ© depuis plusieurs semaines pour le calendrier Lego et je remplirais de chocolats celui que nous rĂ©alisons homemade. Mais cette annĂ©e, en plus de ces traditions, nous allons innover avec deux calendriers que je trouve particuliĂšrement originaux. Le calendrier chasse au trĂ©sor d'Happy Kits Vous connaissez certainement les chasses au trĂ©sor d'happy kits trĂšs pratique pour occuper les enfants pour les anniversaires. Sur le mĂȘme principe, un calendrier de l'avent a Ă©tĂ© conçu. L'Ă©nigme de base est prĂ©sentĂ©e dans une lettre du lutin farceur qui propose aux enfants de rĂ©soudre des Ă©nigmes pour patienter jusqu'Ă  noĂ«l. Chaque jour, dans la boite aux lettres fabriquĂ©e pour l'occasion les enfants sont invitĂ©s Ă  dĂ©couvrir une cachette oĂč se trouve un petit cadeau. Pour trouver cet endroit, ils doivent dĂ©coder des messages, rĂ©ussir Ă  lire de l'encre invisible, rĂ©soudre des devinettes... Je pense que les garçons qui sont de vrais fans des chasses au trĂ©sor, vont adorer ce jeu. Comme le conseille la conceptrice du jeu, nous avons dĂ©cidĂ© de leur faire cette activitĂ© tous les soirs entre la douche et le dĂźner, le matin nous sommes trop speed pour cela. Ce sera notre petit rituel. Les cadeaux sont trĂšs symboliques ce sont essentiellement des "bons pour", comme par exemple un bon pour choisir le dĂźner, ou bon pour se coucher un peu plus tard, faire un jeu en famille, prendre un bain moissant... Le kit contient aussi des petits cadeaux comme une cocotte de noĂ«l qui devrait beaucoup les amuser et je pense mettre une ou deux petites bricoles comme des cartes PokĂ©mon ou des recharges Yukai watch quelque fois. Si vous pensez que ce calendrier peut plaire Ă  vos kids, j'ai le plaisir de pouvoir en offrir un Ă  l'un d'entre vous. Pour participer, il suffit de me laisser un commentaire en me donnant des idĂ©es de "bon pour" Ă  rajouter dans les petites surprises quotidiennes. Merci de me laisser une adresse mail valide, vous avez jusqu'Ă  dimanche 27 novembre pour participer. Cela vous laisse ensuite trois jours pour tout imprimer et dĂ©couper afin que tout soit prĂȘt pour le 1er dĂ©cembre ! Pour les plus crĂ©atifs Poster de l'Avent Ă  dĂ©corer aux Ă©ditions des Deux coqs d'or. VoilĂ  un trĂšs joli calendrier de l'avent participatif Ă  rĂ©aliser en famille. Chaque jour, une indication de dĂ©cor est donnĂ© dans le livret demandant d'utiliser tel matĂ©riau pour colorer telle partie du poster. Je trouve ce concept trĂšs sympathique car au final nous aurons une Ɠuvre faite Ă  huit mains qui dĂ©corera notre salon. Les petites missions quotidiennes permettent de guider les enfants dans le dĂ©cor pour les aider et obtenir un joli rĂ©sultat au final. Tout le matĂ©riel fourni permet que ce soit un peu plus amusant pour les enfants qu'un simple coloriage qui a tendance Ă  les lasser au bout de quelques jours. Le graphisme est vraiment trĂšs chouette, nous allons essayer d'ĂȘtre Ă  la hauteur pour ne pas tout gĂącher ! Et vous, quel calendriers de l'avent ont dĂ©barquĂ©s chez vous cette annĂ©e ? Ma sĂ©lection beautĂ© pour un NoĂ«l pailletĂ© et Ă©toilĂ© ! NoĂ«l arrive vite, Little Marmot compte dĂ©jĂ  les dodos et je suis comme lui. La pĂ©riode qui prĂ©cĂšde les fĂȘtes est particuliĂšrement stressante Ă  mon travail et prĂ©parer NoĂ«l me permet de m'Ă©vader. J'ai envie de paillettes et d'Ă©toiles pour la fin de cette annĂ©e 2016 qui ne nous a pas Ă©pargnĂ©s. Rendez-vous ce soir, pour un billet lectures et calendrier de l'avent pour s'amuser avant le jour J. Mais ce matin, j'avais envie de vous parler d'Ă©toiles dont je rĂȘve de me parer pour noĂ«l alors voici une petite sĂ©lection de produits sur ma wish list beautĂ© pour scintiller le soir du rĂ©veillon Voyage au cƓur de la Crystal Galaxy de Swarovski J'aime beaucoup les bijoux Swarovski ils offrent une vraie Ă©lĂ©gance et une pointe de fantaisie. Leurs brillants illuminent mes oreilles, mon cou, mes poignets et mes journĂ©es. Je les porte aussi bien avec un jean que lors d'un dĂźner avec une robe plus habillĂ©e. Leur collection a pour thĂšme Crystal Galaxy. Elle offre des formes tout droit venu de l'espace, des formes triangulaires et on devine l'inspiration des constellations dans de nombreux modĂšles. J'y ai repĂ©rĂ© cette trĂšs jolie parure ! DĂ©solĂ©e pour la photo ratĂ©e mais si elles vous plaisent aussi aller les voir en vrai et si vous croisez mon mari, n'hĂ©sitez pas Ă  lui rappeler ! J'aime beaucoup leurs bracelets Ă©galement qui brillent de mille feux et de toutes les couleurs. Le parfum de Lothantique la tĂȘte dans les Ă©toiles Je ne connaissais pas cette marque de parfum et produits de beautĂ© made un France. FabriquĂ©s en Haute Provence, ils sentent bons le sud et les produits sains ! Le parfum est un mĂ©lange de rose, poivre rose et musc noir. Je crois vraiment que la rose est l'un de mes parfums favoris. Parmi les nouveautĂ©s de cette annĂ©e, la collection la tĂȘte dans les Ă©toiles, un parfum qui a du caractĂšre parfait pour l'hiver. Le packaging est trĂšs rĂ©ussi et invite Ă  la rĂȘverie. La gamme est trĂšs complĂšte et j'ai mis la bougie parfumĂ©e sur ma liste de noĂ«l. Il existe aussi des parfums plus frais, dont les noms sont inspirĂ©s de l'oeuvre de Pagnol comme le flacon Fanny et celui pour homme Marcel. La boutique est magnifique est se situe au cƓur du marais au 17, rue Ferdinand Duval dans le 4Ăšme. Elle est magnifique, n'hĂ©sitez pas Ă  aller y faire un tour. Si vous cherchez une autre idĂ©e cadeau, n'hĂ©sitez pas Ă  vous offrir un de leur savon de Marseille liquide. Ils sentent dĂ©licieusement bon et laissent les mains bien douce. Il y a six parfums diffĂ©rents de quoi gĂąter toute la famille agrumes, argan, amande douce, Aloe vera, olive et lait d’ñnesse. Le lait scintillant Topicrem Un incontournable des fĂȘtes de fin d'annĂ©e question beautĂ© le lait scintillant Topicrem qui permet d'hydrater la beautĂ© en y dĂ©posant par la mĂȘme occasion des petites paillettes. J'adore ce lait que j'utilise trĂšs souvent, il est trĂšs facile Ă  appliquer, il ne colle pas et a un effet vraiment whaou ! Il ne me reste plus qu'Ă  dĂ©goter une jolie robe pleine de paillettes pour le rĂ©veillon et tout sera parfait ! Vous aussi, vous aimez quand ça brille ? Ceci est ma participation au mardi beautĂ© de Parisienne Ă  Vincennes L'anniversaire agent secret la sweet table Il y a deux mois maintenant une horde d'agents secrets a envahi la maison pour aider Le MĂŽme a soufflĂ© ses 7 bougies. Nous avions prĂ©vu de garder quelques adultes pour un apĂ©ritif dĂźnatoire le soir donc j'ai prĂ©vu un peu large en quantitĂ© ! L'occasion de m'amuser pour ce buffet ! Le gĂąteau bombe mon pinata cake VoilĂ  longtemps que j'avais envie de tester un Pinata cake. Le thĂšme agent secret s'y prĂȘtait bien car Le MĂŽme voulait un gĂąteau bombe. J'ai achetĂ© un moule sphĂšre de la marque Wilton et j'ai repris la recette de fondant aux amandes de Bogato. Une fois les deux sphĂšres cuites j'en ai creusĂ© une que j'ai rempli de M&Ms, des smarties et autres bonbons plein de couleurs. Pour coller les deux sphĂšres j'avais fait une ganache au chocolat dont j'ai aussi tartinĂ© l'extĂ©rieur de la bombe. Pour le dĂ©cor, j'avais achetĂ© de la pate Ă  sucre dĂ©jĂ  aplatie chez Zodio pensant gagner du temps. Je ne suis pas sure que ce soit vraiment un gain de temps parce que de toute façon tapisser la boule de pĂąte Ă  sucre noire ce fut un peu galĂšre et j'en ai gĂąchĂ© pas mal avec ce systĂšme. J'ai camouflĂ© les imperfections avec la dĂ©co jaune et rouge et franchement mĂȘme si elle Ă©tait un peu aplatie je trouve que l'effet visuel Ă©tait t'es rĂ©ussie ! Les enfants ont adorĂ© voir les boutons sortir du gĂąteau lorsque je les dĂ©coupais. Le gĂąteau talkie-walkie LĂ  aussi merci Pinterest pour l'idĂ©e ! Ce gĂąteau est trĂšs facile Ă  rĂ©aliser. J'ai fait un cake au citron que j'ai ensuite coupe au tiers dans le sens de la longueur. Dans la pĂąte dĂ©coupĂ©e j'ai fait deux ronds avec deux emporte piĂšces puis j'ai dĂ©corĂ© de smarties et l'antenne est faite avec un mikado. Les sablĂ©s moustaches J'ai repris une recette de sablĂ©s Ă  la vanille trĂšs classique. Puis j'ai utilisĂ© un emporte-piĂšce moustache pour la pĂąte Ă  sables et Ă  sucre. Les muffins au chocolat J'aime bien rajouter des Cup cake pour le effet visuel de la sweet table. Pour changer des autres gĂąteaux, j'ai fait de petits fondants au chocolat tout simple avec des dĂ©corations en pĂąte Ă  sucre et pĂąte d'amande d'empreinte de pas ou de loupes. Les pop cakes bombes Les enfant adorent les pop cake, ce sont eux qui disparaissent le plus rapidement du buffet. J'en avais fait certains en forme de mini bombes avec une bougie rouge et blanche dessus symbolisant la mĂšche. Les autres sont classique avec un dĂ©cor de couleur rouge pour s'harmoniser avec le reste. Pour la dĂ©coration de la table j'avais achetĂ© un kit avec les invitations personnalisĂ©s sur Etsy et mon amie Sophie m'avait donnĂ© celle dont elle s'Ă©tait servi pour son fils. Nous avons ainsi pu dĂ©corĂ© les plats et des gobelets noirs tout simples. Nous avons rajoutĂ© des ballons noirs, des serviettes trouvĂ©es chez Zodio avec des lunettes et des moustaches et un sac de billet de banque rempli avec du papier journal dĂ©gotĂ© chez Festi fĂȘte. Nous avions ressorti nos vieilles loupes. CĂŽtĂ© boisson, nous avons rejouĂ© avec la limonade colorĂ©e, les enfants adorent et cela permet un joli effet visuel et bien sur nous aussi mis beaucoup de bonbons ! Si vous voulez plus de dĂ©tails sur les recettes utilisĂ©es, n'hĂ©sitez pas Ă  m'envoyer un mail, mais ce ne sont que des recettes trĂšs faciles Ă  rĂ©aliser. Je vous raconte bientĂŽt toutes les activitĂ©s que nous avions mis en place pour occuper tous nos agents secrets en herbe ! Belle journĂ©e cocktaileau de vie 134 rĂ©sultats. Quelle vie ! 4 / 5. sur 1 avis. IngrĂ©dients: crĂšme de framboise,cognac,liqueur de kummel. RĂ©alisez la recette "Quelle vie !" au shaker.Frapper avec des glaçons et servir. .Servir dans un verre de type "verre Ă  GUSTAVE GUITTON & LE ROUGE HUMORISTES 1 CONTES À LA VAPEUR POUR RIRE EN WAGON PubliĂ© le 18 janvier 2022 ☞ G. Guitton-Le Rouge, Contes Ă  la vapeur, pour rire en wagon ; dessins de Raoul Thomen, Paris Nouvelle Collection IllustrĂ©e, » n° 90, Didier et MĂ©ricant, s. d. La notice du catalogue de la BnF n’indique qu’une date approximative, comprise entre 1895 et 1905. En fait, ce recueil, Ă©crit en collaboration par Gustave Guitton et Le Rouge, est paru en 1899 si l’illustration de couverture de Raoul Thomen est datĂ©e de 98, la premiĂšre mention rĂ©pertoriĂ©e des Contes Ă  la vapeur est une rĂ©clame pour la Nouvelle Collection illustrĂ©e, » parue dans les colonnes du Petit Marseillais du 20 aoĂ»t 1899. Les Contes Ă  la vapeur sont composĂ©s de 65 historiettes humoristiques, dans le style de l’Almanach Vermot ; la grande majoritĂ© d’entre elles ont Ă©tĂ© reprises dans la presse pĂ©riodique, le plus souvent sous pseudonymes. Comme toujours, avec Guitton et Le Rouge, l’attribution est problĂ©matique. Nous ignorons en effet si ces historiettes ont Ă©tĂ© Ă©laborĂ©es en commun, ou si, ainsi que nous le croyons, chaque auteur a contribuĂ© sĂ©parĂ©ment Ă  la composition du recueil. Comme, de plus, nos deux collaborateurs avaient l’habitude de signer indiffĂ©remment les textes de l’un ou de l’autre et ont utilisĂ©, au cours de leur mutualisation, » plusieurs pseudonymes communs, on comprendra que l’attribution soit difficile Ă  Ă©tablir avec certitude. Sur les 65 textes composant le recueil, seuls 9 d’entre eux n’ont, semble-t-il, jamais fait l’objet d’une republication dans la presse. Il s’agit des histoires suivantes 4. 7. Le Portrait 8. Joyeuse Macabrerie 9. MĂ©tempsycose 17. Équarrissage 43. MĂ©prise 48. FatuitĂ© 58. La Calotte 61. IncompatibilitĂ© d’humeur. De maniĂšre assez arbitraire, nous serions nĂ©anmoins tentĂ©s d’en attribuer la paternitĂ© Ă  Gustave Le Rouge. En effet, mĂȘme s’il ne s’est pas privĂ© de fournir, par la suite, quelques rĂ©cits humoristiques Ă  la presse, Le Rouge a assez rapidement dĂ©laissĂ© ce genre de productions, sauf Ă  titre occasionnel ; il s’est surtout orientĂ© dĂšs 1899 vers une production littĂ©raire de masse, en composant des centaines de contes et nouvelles et quelques dizaines de romans sous prĂšs d’une trentaine de pseudonymes diffĂ©rents dont l’un au moins a Ă©tĂ© utilisĂ© presque jusqu’à la fin de sa vie. 16 textes ayant fait l’objet par ailleurs d’une publication dans la presse coloniale, principalement dans Le Tirailleur algĂ©rien 14 et dans les Annales africaines 4 2. La nuance des cheveux 10. Une Belle Place 12. Les Fraises 14. Ressemblance 16. La FiĂšvre 19. Le Billet de place 22. L’Emprunteur 26. ImportunitĂ© 27. Le Tunnel 28. Accompagnement 33. Le Gilet 37. La Sonnette 41. La PiĂšce de vingt sous 44. Les Cinq Auvergnats 56. PĂ©riode Ă©lectorale 65. Le Calculateur nous serions Ă©galement enclin Ă  en attribuer la paternitĂ© Ă  Gustave Le Rouge ; si rien ne prouve qu’il soit l’auteur exclusif de ces textes, c’est en tout cas par son intermĂ©diaire que la publication en a Ă©tĂ© rendue possible. Par ailleurs, l’utilisation quasi systĂ©matique de pseudonymes contribue Ă  brouiller considĂ©rablement les pistes, et rend plus difficile encore l’attribution de tel ou tel texte Ă  l’un ou l’autre des auteurs. D’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, et d’aprĂšs ce que nous commençons Ă  connaĂźtre de Gustave Le Rouge, il nous paraĂźt vraisemblable que Le Rouge puisse en ĂȘtre l’auteur lorsque le rĂ©cit comporte 1. une touche macabre ou fantastique, comme c’est le cas dans MĂ©tempsycose ou Joyeuse macabrerie ; 2. un humour plus orientĂ© vers l’absurde, voire le nonsense, comme dans Équarrissage, Les Cinq Auvergnats ou encore La Mort de Cham repris pourtant sous la signature de G. Guy-Tong ; 3. une satire politique, volontiers anti-clĂ©ricale, comme dans Palmes acadĂ©miques, PĂ©riode Ă©lectorale, Discours officiel ou encore La Calotte ; 4. un style plus travaillĂ©, et gĂ©nĂ©ralement moins gaulois que les productions de Gustave Guitton, comportant Ă  l’occasion des rĂ©fĂ©rences musicales Wagner, dans MĂ©prise ou littĂ©raires Verlaine, dans La Sonnette. Nous avons accompagnĂ© la mise en ligne du recueil de prĂšs de 160 rĂ©fĂ©rences, qui sont pour l’essentiel celles de republications ultĂ©rieures. 59 textes ont Ă©tĂ© repris sous le pseudonyme de Marjolet ou l’initiale M., pour l’un d’entre eux ; 38 sont parus sous les pseudonymes de G. Guy-Tong et ses diffĂ©rentes variantes ou coquilles orthographiques G. Guy-Toug/Guy Tong/ G. Goy-Tong/G. Guy Dong ; 27 ont fait l’objet d’une publication anonyme ; 7 sont parus sous le pseudonyme de Humbug ; 6 sous la signature de Jean Charlas ; 5 sous le pseudonyme de Moustic ou Moustique ; 4 sous la signature de Gustave Guitton ; 3 sous les initiales de G. Le R.[..] ; 3 sous la signature conjointe de G. Guitton-le Rouge, G. G. Le Rouge ou G. G. Le R. K. Cerol ; 2 sous le pseudonyme de DiogĂšne ; 1 sous la signature de Pierre Claudet ; 1 sous le pseudonyme de Feuilledevigne ; 1 sous le pseudonyme du Grappilleur. Nous reviendrons sur les multiples contributions de Gustave Guitton et Le Rouge Ă  la presse satirique dans un second article, oĂč nous aurons l’occasion d’évoquer plus longuement les diffĂ©rents pseudonymes qu’ils ont utilisĂ©s. Nous nous contenterons de signaler pour l’instant que si G. Guy-Tong est naturellement le pseudonyme attitrĂ© de Gustave Guitton, cela n’empĂȘche nullement qu’il ait Ă©tĂ© parfois employĂ© pour signer des textes Ă©crits en fait par Gustave Le Rouge, et que les signatures Marjolet, Humbug ou encore Moustic recouvrent de toute Ă©vidence un pseudonyme commun Ă  nos deux Ă©crivains. MONSIEUR N 1. N’AYEZ CRAINTE _____ Symphorien, en fendant des bĂ»ches, se piqua Ă  l’index. Il n’arracha pas assez tĂŽt l’éclat de bois fourvoyĂ© sous la peau ; et quelques jours aprĂšs un panaris se dĂ©clara. Symphorien commença un rĂ©gime de cataplasmes
 le mal empirait de jour en jour. Il dut cesser de travailler, et resta une quinzaine le bras en Ă©charpe, promenant sa flemme forcĂ©e parmi les rues du bourg, plaint des uns, blaguĂ© des autres. Cependant, comme le mal ne guĂ©rissait pas, Symphorien se dĂ©cida Ă  aller visiter un mĂ©decin. Le docteur ausculta Symphorien, s’informa de l’heure de ses repas et de ses selles, lui demanda sa profession et son Ăąge, regarda la tumeur Ă  la loupe, et conclut C’est grave ! – Je m’en doutais, gĂ©mit le pauvre Symphorien, que ce n’était pas un panaris ordinaire. – Ce n’est pas un panaris, en effet. C’est plus mauvais qu’un panaris, ce que vous avez lĂ , mon bonhomme. » Lors Symphorien, blĂȘmissant d’apprĂ©hension, interrogea On sera peut-ĂȘtre obligĂ© de me couper le doigt ? – Non, non, affirma doctoralement le mĂ©decin ; n’ayez crainte, votre doigt tombera tout seul. » – Les Auteurs gais, » in Le Petit Bourguignon, journal politique quotidien, vingt-neuviĂšme annĂ©e, n° 10348, mardi 29 juin 1909, sous le pseudonyme de Marjolet. » 2. LA NUANCE DES CHEVEUX _____ Vers quarante ans, le comte Hentieux se vit tout poivre et sel dans sa glace. Adieu sa belle chevelure noire dos d’hirondelle, cause de tant de conquĂȘtes, qu’auprĂšs de la liste amoureuse qu’il eĂ»t pu dresser, celle de don Juan n’était que de la petite biĂšre. Il ne pensa pas tout d’abord Ă  rĂ©parer au moyen de cosmĂ©tiques des ans l’irrĂ©parable outrage ; » et il promena, tout fier, sa nouvelle toison, sur le boulevard et dans les lieux de plaisir. Le sel augmentait, et le poivre diminuait Ă  vue d’Ɠil tous les jours. Hentieux prit une rĂ©solution Ă©nergique. Un aprĂšs-midi, tout transformĂ©, tout rajeuni, il se rendit dĂ©jeuner Ă  son cercle. À sa vue, des exclamations partirent de tous les coins et recoins de la salle. Son entrĂ©e fit une sensation profonde autant que bruyante. Mais, cher comte, vous ĂȘtes rajeuni de vingt ans ! – Vous vous ĂȘtes teint ? » insinua un intime. Philosophiquement, le comte Hentieux rĂ©pondit Je me suis teint, c’est vrai. Mais, que voulez-vous, avec la vie orgiaque et sardanapalesque que je mĂšne, je ne me sentais pas digne de porter des cheveux blancs. » – Les Auteurs gais, » in Le Petit Bourguignon, journal politique quotidien, vingt-neuviĂšme annĂ©e, n° 10393, mardi 10 aoĂ»t 1909, sous le pseudonyme de Marjolet. » – Échos, » in Le SupplĂ©ment, grand journal littĂ©raire illustrĂ©, vingt-sixiĂšme annĂ©e, n° 3138, mardi 7 septembre 1909, sans titre et sous le pseudonyme de Feuilledevigne » Un de nos cercles compte, parmi ses membres, J. de P
, un marcheur enragĂ© et incorrigible. Il y a quelques mois, celui-ci, procĂ©dant Ă  sa toilette, se vit poivre et sel dans son miroir, puis le sel augmenta pendant que le poivre diminuait ; enfin, un beau, jour, les cheveux et la barbe du cercleux furent couverts de neige. Notre homme prit une Ă©nergique rĂ©solution. Le lendemain, tout transformĂ©, tout rajeuni, il se rendit Ă  son cercle. Son entrĂ©e fit sensation. Mais, mon cher, vous voilĂ  rajeuni de dix ans, dit l’un. – Mais vous ĂȘtes outrageusement teint ! » s’écria un autre. Philosophiquement, J. de P
 rĂ©pondit Je me suis teint, c’est vrai. Mais que voulez-vous, j’ai toujours respectĂ© les cheveux blancs et, avec la vie que je mĂšne, je ne me suis pas cru digne de les porter. » ☞ Ce texte s’inspire d’une anecdote parue sous la signature d’ Un Passant » [pseudonyme d’Auguste Vacquerie], et qui trouva des Ă©chos dans la presse jusqu’en 1903 Les On-dit, » in Le Rappel, n° 4836, jeudi 7 juin 1883 [19 prairial an 91]. Gustave Le Rouge ayant rĂ©guliĂšrement collaborĂ© Ă  la presse d’Afrique du Nord, il est intĂ©ressant de noter qu’on la trouve reprise anonymement dans la rubrique Échos de partout, » du Petit Colon algĂ©rien, dix-septiĂšme annĂ©e, n° 6008, samedi 31 mars 1894. 3. LE BREVET D’INNOCENCE _____ C’est cette annĂ©e, dans la salle du MusĂ©e de la ville que se passe l’examen du brevet simple pour les demoiselles. Les inspecteurs primaires du dĂ©partement sont lĂ , avec, comme prĂ©sident, un gros bonnet universitaire. Quatre ou cinq professeurs du LycĂ©e ont Ă©tĂ© adjoints en qualitĂ© d’examinateurs. Chacune des jeunes laurĂ©ates de l’écrit attend son tour, avec un peu de fiĂšvre dans les yeux. Le professeur appelle Mademoiselle Ledoux. » Une jolie blonde – de seize printemps et autant d’hivers – se lĂšve et vient se placer devant l’examinateur. AprĂšs quelques interrogations, le professeur pose cette question, au moins bizarre Mademoiselle, dites-moi quels sont les quatre Ăąges de l’homme ? » Mlle Ledoux insinue L’enfance, l’ñge mĂ»r, la vieillesse
 – Voyons, mademoiselle, vous en oubliez un. » Et comme la jeune fille ne rĂ©pond pas, le professeur souffle L’ad
 l’ad
 l’ad
 – Ah ! oui, je sais, je sais, dit Mlle Ledoux, l’adultĂšre ! » – VariĂ©tĂ©s, » in La Gazette illustrĂ©e de Biarritz, journal politique, littĂ©raire et mondain, cinquiĂšme annĂ©e, n° 206, du 3 au 10 juin 1897, sous le pseudonyme de G. Guy-Tong. » – in Le Journal pour tous, quatorziĂšme annĂ©e, n° 33, jeudi 18 aoĂ»t 1904, sous le pseudonyme de G. Guy-Tong. » – in Le SupplĂ©ment, grand journal littĂ©raire illustrĂ©, vingt-deuxiĂšme annĂ©e, n° 2495, jeudi 3 aoĂ»t 1905, sous le pseudonyme de Marjolet. » – in Le SupplĂ©ment, grand journal littĂ©raire illustrĂ©, vingt-troisiĂšme annĂ©e, n° 2696, mardi 5 juin 1906, avec des modifications, sous le titre Émotion » et le pseudonyme de Pierre Claudet » ÉMOTION _____ Non, s’écria Lili de Valfleur, vous pouvez pas vous faire une idĂ©e de ce que j’étais gourde en mon jeune Ăąge
 Vous ne devineriez jamais ce que mon paternel voulait faire de moi
 – Ce que tu es maintenant ! hasarda le petit vicomte Brimontin. – Vieille poire ! mon pĂšre Ă©tait un homme Ă  principes ; il ne plaisantait pas sur ce chapitre, il tenait absolument Ă  ce que je sois institutrice
 – Institutrice, toi ? » Tout le monde se pouffait. Et Lili de Valfleur poursuivit, aprĂšs avoir sucĂ© la paille de son cocktail La premiĂšre fois que je me prĂ©sente Ă  mon brevet simple, l’examinateur, un vieux bronze qui me couvait des yeux, me demande quelles sont les pĂ©riodes de la vie de l’homme
 TrĂšs Ă©motionnĂ©e, je lui rĂ©ponds La jeunesse, l’ñge mur, la vieillesse ! » Il me dit alors doucement Vous en oubliez une mademoiselle ! » Je me trouble et je cherche en vain, je ne trouvais pas
 L’autre, pour m’aider, se met Ă  me souffler L’ad
 l’ad
 l’ad
 » Alors moi, Ă©tourdiment et joyeuse en mĂȘme temps de pouvoir rĂ©pondre, je m’exclame au grand scandale de toute la salle Ah oui, Monsieur, je sais, l’adultĂšre ! » 4. I. N. R. I. _____ Ce gros et gras farceur de Chagnolleau, Chagnolleau l’aubergiste, Ă©tait malade, bien malade, car il gardait le lit depuis trois jours des suites d’une attaque d’apoplexie. Il est tellement sanguin, cet homme ! Sur les instances de sa femme, il se dĂ©cida Ă  faire son testament. On fit venir le notaire. Quand celui-ci eut placĂ©, sur le table de la chambre, l’encrier, la serviette et son papier timbrĂ©, quand les tĂ©moins amenĂ©s se furent assis, aprĂšs les paroles de courtoisie, le notaire commença la rĂ©daction de son acte. Comment vous appelez-vous, pĂšre Chagnolleau ? – Moi ? – Oui, votre nom de baptĂȘme. – Je m’appelle comme le bon Dieu, dit, en riant trĂšs large, ce vieil incurable de la gaietĂ©. – Comment, comme le bon Dieu ? interroge le notaire qui n’y comprend rien. – Oui donc, comme le bon Dieu. Regardez sur ce crucifix ; mon nom y est Ă©crit. – Je ne vois rien, » dit le notaire, qui ajoute mentalement Pauvre Chagnolleau ; je ne le croyais pas si bas. » Ben, dit Chagnolleau, vous ne savez donc pas lire ! Je m’appelle Inri
 Inri, donc ! – Ah ! Henri
 TrĂšs bien. » 5. PALMES ACADÉMIQUES _____ Quand Baptiste Radier, le minotier, eut quarante ans, il n’eut plus qu’une pensĂ©e, qu’un dĂ©sir, qu’une ambition ĂȘtre dĂ©corĂ©. Peu lui importait d’ailleurs la couleur du ruban, qu’il fĂ»t violet, rouge ou vert ; ce qu’il voulait, – et il ne pouvait plus vivre sans cela, s’avouait-il, – c’était un ruban, par lequel sa boutonniĂšre serait fleurie et son orgueil satisfait. Il pensa un temps au poireau » ; mais il n’avait jamais fait de culture, et ne possĂ©dait que juste un arpent de jardin. La LĂ©gion d’honneur, il n’y pouvait songer ; et il pleurait presque de rage Ă  cette pensĂ©e, car il se sentait tout de mĂȘme un faible pour cette dĂ©coration. Mais les palmes acadĂ©miques, pourquoi ne les aurait-il pas ? Il se mit donc Ă  Ă©crire, dans son plus pur français, une HISTOIRE DE LA MINOTERIE. Ce qu’elle fut ; ce qu’elle est ; ce qu’elle devrait ĂȘtre. Il fit gĂ©mir les presses avec sa copie, et distribua quelques exemplaires de son ouvrage Ă  toutes les sommitĂ©s du pays. Il adressa mĂȘme au dĂ©putĂ© influent de sa circonscription un exemplaire tirĂ© spĂ©cialement sur papier du Japon, qu’il adorna d’une dĂ©dicace somptueuse, oĂč, en quelques phrases bien senties, il dĂ©peignait ses sentiments patriotiques, et l’enthousiasme qu’il avait pour le rĂ©gime actuel. Puis il fit sa demande, et attendit un an, deux ans. Il s’informa, et apprit que l’on ne songeait pas du tout Ă  le dĂ©corer des palmes violettes. Baptiste Radier fit un grand effort sur soi-mĂȘme. Il se raidit contre la douleur du coup qui le frappait. Il resta ferme et stoĂŻque sous le malheur, et commença, dĂšs le soir mĂȘme, dans son jardinet oĂč il avait construit une serre, la culture en grand de la violette. Depuis, presque en toute saison, Baptiste Radier ne sort jamais sans Ă©taler Ă  sa boutonniĂšre l’emblĂšme gracieux de la modestie, une violette
 de la couleur des palmes acadĂ©miques qu’on lui refusa. ☞ On trouve ce pamphlet anonyme dĂ©nonçant l’abus des dĂ©corations, dans le Journal de Saint-Denis, moniteur gĂ©nĂ©ral de la banlieue de Paris, vingt-deuxiĂšme annĂ©e, n° 1963, dimanche 21 avril 1901. Rien ne permet d’affirmer que le rĂ©dacteur en soit Gustave Le Rouge ou Guitton, mais l’auteur de l’article s’est indĂ©niablement inspirĂ© du texte des Palmes acadĂ©miques » NOISY-LE-SEC _____ Autour d’une dĂ©coration Quand Durin UgĂšne pour les habituĂ©s de l’hĂŽtel de l’acĂ©tylĂšne fut nommĂ© deuxiĂšme adjoint, il n’eut plus qu’une pensĂ©e, qu’un dĂ©sir, qu’une ambition ĂȘtre dĂ©corĂ©. Peu lui importait d’ailleurs la couleur du ruban, qu’il fĂ»t rouge, bariolĂ©, vert ou violet ; ce qu’il voulait, – et il ne pouvait vivre sans cela, s’avouait-il, – c’était un ruban par lequel sa boutonniĂšre serait fleurie et son immense orgueil satisfait. Il pensa d’abord au MĂ©rite agricole ; pourquoi n’aurait-il pas le poireau ? N’était-il pas fils de cultivateur et cultivateur lui-mĂȘme ? Il est vrai qu’il n’était prĂ©sident d’aucun syndicat agricole, ni d’aucun comice ; il n’était membre d’aucune sociĂ©tĂ© horticole, arboricole ou agricole ; il n’avait jamais rien inventĂ©, ni organisĂ© ni mĂȘme encouragĂ©. Et pourtant il lui fallait un titre. Il le trouva. Comment ? L’histoire un jour nous l’apprendra peut-ĂȘtre. Toujours est-il qu’il fut dĂ©corĂ© de l’ordre cher Ă  MĂ©line-Pain-Cher. » Les mauvaises langues disent que notre adjoint avait des aptitudes toutes spĂ©ciales pour cultiver la carotte
 Et depuis cette Ă©poque, il ne sortait jamais sans Ă©taler Ă  la boutonniĂšre de son adipeuse personne un ruban aussi large qu’un insigne de pompier, en ayant bien soin de n’étaler que le rouge ; car il avait un faible pour le rouge de la LĂ©gion d’honneur et il pleurait de rage Ă  cette pensĂ©e de n’y pouvoir songer. Un an aprĂšs, il se reporta sur le ruban violet. Quand on rĂ©ussit une fois, dit un vieil adage, il n’y a pas de raison pour ne pas rĂ©ussir deux. Son Ă©ducation laissait beaucoup Ă  dĂ©sirer ; son instruction Ă©tait des plus Ă©lĂ©mentaire, il ne pouvait donc se faire passer pour homme de lettres, car la langue française, quand il avait occasion de s’en servir, Ă©tait Ă  peu prĂšs en aussi mauvais Ă©tat que la reine Brunehaut, quand on l’obligea Ă  faire de la haute Ă©cole, attachĂ©e par les cheveux Ă  la queue d’un cheval extrĂȘmement peu domptĂ©. Il rĂ©ussit dans ses combinaisons cependant, puisqu’il vient d’ĂȘtre palmĂ© et, pour terminer, nous nous bornerons Ă  mettre sous les yeux de nos lecteurs les apprĂ©ciations suivantes d’un excellent journal rĂ©publicain. 4200 personnes furent dĂ©corĂ©es le 29 mars. Plus de 15000 autres furent amĂšrement déçues. Le ministre avait reçu plus de 20000 demandes. Si ces demandes avaient Ă©tĂ© faites Ă  l’insu des intĂ©ressĂ©s, ou du moins sans intervention de leur part, il faudrait se rĂ©jouir de leur nombre. Ce serait une preuve que, de l’avis des autoritĂ©s universitaires, plus de 20000 personnes en France ont droit Ă  une distinction Ă  cause de leur valeur intellectuelle et de leur dĂ©vouement Ă  l’enseignement ! Ce serait honorable pour notre pays. Mais, hĂ©las ! le chiffre des candidats aux palmes est seulement attristant, il ne prouve que l’amour exagĂ©rĂ© des dĂ©corations. La plupart des demandes ont Ă©tĂ© formulĂ©es par ceux qu’elles concernent. Elles Ă©manent de gens qui veulent ĂȘtre remarquĂ©s au milieu de la foule. À dĂ©faut du ruban rouge, ils se contentent du ruban vert ou violet. Mais il leur en faut un. Ils font les dĂ©marches les plus humiliantes pour l’obtenir. Devant l’homme politique influent, ils s’abaissent pour se faire Ă©lever – ĂŽ ironie – dans l’ordre de la lĂ©gion d’honneur, du mĂ©rite agricole ou du mĂ©rite acadĂ©mique. Il est nĂ©cessaire de rĂ©agir contre cette tendance qui se manifeste de plus en plus dans tous les milieux de la SociĂ©tĂ©. En mĂȘme temps qu’elle entretient et dĂ©veloppe la vanitĂ© humaine, elle fait commettre des actes incompatibles avec la dignitĂ© personnelle. Elle est aussi directement hostile au principe de l’égalitĂ©. Il y a, pour la combattre, une double raison morale et politique. Sans doute il ne faut pas songer Ă  l’anĂ©antir. Nos traditions et l’esprit de justice exigent que nous conservions l’usage des rĂ©compenses nationales. Il est bon que la valeur intellectuelle ou morale soit mise en relief quand elle est extraordinaire. Il convient d’attacher une croix sur la poitrine du hĂ©ros ou du savant. Nous aimons les mĂ©dailles, les croix et les crachats. C’est incontestable. Soit ! Mais, de grĂące, qu’on ne les prodigue pas au point de les dĂ©prĂ©cier. Actuellement, on les donne Ă  profusion. Tout le monde bientĂŽt sera dĂ©corĂ©. Pour ĂȘtre distinguĂ©, il faudra avoir la boutonniĂšre vierge. DĂ©jĂ , certains n’osent pas arborer les palmes, moitiĂ© modestie et moitiĂ© honte. Si j’étais Ă  la place du ministre, je rĂ©duirais le nombre des promotions aux grades d’officier d’AcadĂ©mie et de l’instruction publique. Bien que la rubannose » soit une maladie sans guĂ©rison, il faut chercher Ă  l’enrayer, non Ă  la propager. – in L’Abeille de Seine-et-Oise, supplĂ©ment illustrĂ©, n° 89, dimanche 12 avril 1903, sous le pseudonyme de G. Guy-Tong. » – in La Gaudriole, journal de joyeux rĂ©cits, chansons, contes gaulois et romans illustrĂ©s, nouvelle sĂ©rie, n° 98, dimanche 7 juin 1903, sous le pseudonyme de G. Guy-Tong. » – in MĂ©morial d’Amiens et du dĂ©partement de la Somme, supplĂ©ment illustrĂ©, onziĂšme annĂ©e, n° 44, dimanche 1er novembre 1908, sous le titre Le Ruban violet » et le pseudonyme de Humbug. » – in L’Abeille de Seine-et-Oise, supplĂ©ment illustrĂ©, n° 379, dimanche 1er novembre 1908, sous le titre Le Ruban violet » et le pseudonyme de Humbug. » – Le Dimanche drĂŽle, » in La Petite Gironde, journal rĂ©publicain rĂ©gional, quarante-troisiĂšme annĂ©e, n° 14846, dimanche 23 fĂ©vrier 1913, sous le titre Le Ruban violet » et le pseudonyme de Humbug. » – in Le Bourguignon, journal de la dĂ©mocratie radicale-socialiste, quatre-vingt-seiziĂšme annĂ©e, n° 71, mercredi 26 mars 1913, sous le titre Le Ruban violet » et le pseudonyme de Humbug. » 6. LES DEUX AVEUGLES _____ OuĂŻ en allumant une cigarette
 Deux vieillards, debout sur le macadam du trottoir, avec tous les deux sur la poitrine cet Ă©criteau de bois Aveugle de naissance, » cherchent un peu de chaleur au premier soleil printanier. Passe un monsieur, l’air pressĂ©, avec sous le bras une serviette de cuir. Les deux aveugles geignent en duo Ayez pitiĂ©, mon bon monsieur
 » Le monsieur fouille dans sa poche, et donne Ă  l’un des deux vieillards son obole. Quand le monsieur s’est Ă©loignĂ©, un des deux aveugles demande Ă  son compagnon Comment s’appelle donc ce monsieur qui vient de te donner ? – Je ne te le dirai pas, fait l’autre aveugle ; je ne le connais que de vue. » – in L’Abeille de Seine-et-Oise, supplĂ©ment illustrĂ©, n° 73, dimanche 21 dĂ©cembre 1902, sous le pseudonyme de Marjolet. » – La Vie drĂŽle, » in La BohĂšme, journal des Ă©tudiants [Montpellier], deuxiĂšme annĂ©e, n° 26, samedi 25 mars 1910, sous la pseudonyme de DiogĂšne. » 7. LE PORTRAIT _____ BĂ©bĂ© est dans le salon avec papa. Ils feuillĂštent un album de photographies. Papa sert de cicĂ©rone Ă  son rejeton. Il dit, en tournant les pages Voici petite Cousine, petit Cousin
 Oncle Ernest, tante Ernest
 Voici BĂ©bé  Voici mon papa Ă  moi, ton grand-pĂšre. » Papa veut tourner la page. BĂ©bĂ© l’arrĂȘte d’un geste, reste songeur en regardant la vieille photographie reprĂ©sentant un homme de vingt-cinq ans tout au plus. Mais, dit bĂ©bĂ©, comment cela se fait-il que ton papa soit plus jeune que toi ? » 8. JOYEUSE MACABRERIE _____ Voici, commença Lunard, qui venait de finir son huitiĂšme bock, ma derniĂšre histoire de femme C’est lundi dernier, vers dix heures du soir, que je me dĂ©cidai, ayant vaincu ma timiditĂ© native, Ă  monter chez elle. Elle m’ouvrit sa porte comme Ă  un habituĂ©. Mon cƓur tressaillait d’une angoisse dĂ©licieuse. Je ne vous aime pas
 » commençai-je. Comme, de ces paroles, elle paraissait Ă©tonnĂ©e, j’ajoutai 
 Je vous adore. » Et elle sourit. Prouvez-le-moi, » fit-elle. En joie, croyant un acquiescement, je voulus river mes lĂšvres aux siennes. Pouah !
 Pas ainsi. Ce n’est pas une preuve d’amour, cela ! – Que faut-il faire, ĂŽ blonde ? – Me donner votre cƓur
 » Je pris un scalpel ; et, ayant dĂ©tachĂ© mon cƓur de ma poitrine, je le lui remis, sur une assiette. Je blanchissais, en proie Ă  des douleurs atroces ; elle, implacable, continua 
 et votre tĂȘte ! » Je me dirigeai vers la cuisine ; et, m’étant placĂ© la tĂȘte sur le billot, je me la tranchai, avec une hache. Je pris ma tĂȘte dans la main droite, et la dĂ©posai sur l’assiette auprĂšs de mon cƓur. Bien, » dit-elle, avec un sourire satisfait. Je ne pus rien rĂ©pondre. Je tombai Ă  ses pieds ; j’étais mort. Ceci se passait le lundi soir. Le mercredi matin, Ă  midi, j’étais enterrĂ©. » 9. MÉTEMPSYCOSE _____ Je me trouvais l’autre jour chez mon ami Taillinbach, Ă  la campagne. Nous avions fini de dĂźner ; et une accorte bonne venait de nous servir un excellent moka sous une tonnelle feuillue. Étendus sur les bancs verts, tels des pachas sur des sophas, nous dĂ©gustions la dive liqueur, en fumant de minuscules cigares qui coĂ»taient chacun un minimum de vingt sous – mon ami Taillinbach est bimillionnaire, et n’en est pas plus fier pour cela. Notre regard Ă©tait vague. Je contemplais les arabesques que dessinaient les feuilles sur notre tĂȘte ; et la conversation languissait, quand mon ami, d’une voix de stentor, – ne pas dire voix de centaure grammaire de NoĂ«l et Chapsal, – appela son chien Stick ! Stick ! » Une bĂȘte magnifique, un setter jaune-feu, s’avança, quasi-cĂ©rĂ©monieusement, sans entrain, Ă  quelques pas de son maĂźtre, et frĂ©tilla nonchalamment de la queue. Ah ! la belle bĂȘte, » dis-je Ă  mon ami. Et je tendis la main pour caresser le chien Stick ! Oh ! le beau Stick ! » Stick se laissa caresser comme par devoir, pour ne pas faire affront Ă  un invitĂ© ; mais Ă©videmment il aurait prĂ©fĂ©rĂ© ĂȘtre ailleurs. Il me regarda de ses grands yeux intelligents pailletĂ©s d’or – son maĂźtre est si riche ! – et je crus lire ceci dans son regard Tu sais, si tu veux me faire plaisir, laisse-moi tranquille. Je ne te connais pas, et je ne tiens pas Ă  avoir de relations avec toi. Je ne suis pas sociable Ă  ce point. » Son maĂźtre, Ă  son tour, voulut lui faire faire le beau, le forcer Ă  me donner la patte. Stick se prĂȘtait Ă  tous ces exercices par devoir, par nĂ©cessitĂ© ; mais Ă©videmment ma tĂȘte ne lui revenait pas. Ce chien m’avait toutes les allures d’un misanthrope. Taillinbach me raconta comment il avait eu ce chien. Oh ! l’histoire n’offre qu’un intĂ©rĂȘt mĂ©diocre, mais elle est nĂ©cessaire quand mĂȘme pour la comprĂ©hension du drame Ă©mouvant que nous allons raconter. En deux lignes, le voici Un cousin germain de Taillinbach, Ă©tant mort il y a six mois, lui avait lĂ©guĂ© le noble Stick par testament. Et le drame ? OĂč est le drame ? Eh bien, voici le drame. Les plus gros effets naissent parfois des causes en apparence les plus futiles. C’est ainsi que, pour dire quelque chose, pour avoir l’air de m’intĂ©resser au chien que l’on me prĂ©sentait, je demandai Ă  Taillinbach Est-ce que Stick a toujours Ă©tĂ© son nom ? » Taillinbach me rĂ©pondit Autrefois, il s’appelait Tom. » À ce nom de Tom prononcĂ© doucement, Stick commença dĂ©jĂ  Ă  relever les oreilles. Tom ! Tom ! » appelai-je alors d’une voix forte. Et Stick, que j’avais jugĂ© d’humeur morose et peu caressante, Stick bondit sur moi, me mangeant de caresses, aboyant de joie, la queue frĂ©tillarde, exultant
 Car il se souvenait, pauvre bĂȘte, de l’heureux temps oĂč il Ă©tait un homme. 10. UNE BELLE PLACE _____ Edmond Martre est Ă  la campagne, chez une vieille tante. La jolie figure de ce beau garçon habillĂ© Ă  la mode de demain a vite fait de sĂ©duire la petite soubrette de madame sa tante. Dans les coins, il lui cause, et lui fait des propositions galantes. Oui, dit la soubrette ; mais si madame apprenait
 elle me mettrait Ă  la porte
 Si encore vous me connaissiez une belle place !
 Connaissez-vous une belle place ? » Edmond Martre rĂ©pondit Si je connais une belle place !
 Parfaitement, la place de la Bastille. – Alors, c’est diffĂ©rent, rĂ©pond la petite soubrette
 Comme ça, nous pourrons nous arranger. » – Anonyme, in Le Tirailleur algĂ©rien, journal illustrĂ© du dimanche, humoristique, littĂ©raire, satirique et politique, premiĂšre annĂ©e, n° 19, dimanche 24 dĂ©cembre 1899. – La Vie drĂŽle, » in La BohĂšme, journal des Ă©tudiants [Montpellier], deuxiĂšme annĂ©e, n° 26, samedi 25 mars 1910, sous la pseudonyme de DiogĂšne. » 11. GERTRUDE _____ La naĂŻve enfant qu’est Gertrude assiste Ă  des courses de vĂ©locipĂšdes pour la premiĂšre fois. Le spectacle l’intĂ©resse de ces roues volantes, rasant la terre sans bruit, d’une vertigineuse vitesse. La grande Internationale se court, le clou de la fĂȘte. Des coureurs cĂ©lĂšbres sont venus, allĂ©chĂ©s par les prix. Le signal est donnĂ©. Les roues volent. La foule est anxieuse et suit du regard les coureurs. Le maillot rouge est premier, suivi de prĂšs par le maillot noir – deux maĂźtres de la pĂ©dale. Le maillot noir, soudainement, tombe. La foule jette un cri de pitiĂ©, de dĂ©pit aussi ; car les parieurs sĂ©rieux et les parieurs pour rire comptent beaucoup sur lui. Le gendarme Vaupapiet qui, par hasard, en curieux, se trouve dans la foule, n’écoutant que son courage, va aider le maillot noir Ă  se relever, et le soutient sur son bras fort. La naĂŻve enfant qu’est Gertrude jette, en remarquant le geste du gendarme, ce cri parti du cƓur qu’entendent les voisins Le pauvre garçon ! Ce n’est pourtant pas sa faute !
 Pourquoi ce gendarme lui dresse-t-il un procĂšs-verbal ? » – in L’Abeille de Seine-et-Oise, supplĂ©ment illustrĂ©, n° 106, dimanche 9 aoĂ»t 1903, sous le pseudonyme de G. Guy-Tong. » 12. LES FRAISES _____ On est au dessert Ă  la table d’hĂŽte oĂč sont assis quatre dĂźneurs, trois reprĂ©sentants de commerce et un Anglais, Ă  longues dents, cheveux rouges et rouge trogne. La bonne apporte une centaine de fraises, les premiĂšres de la saison, et prĂ©sente le plat Ă  l’Anglais. Je n’ai pas encore goĂ»tĂ© de fraises cette annĂ©e, dit le premier voyageur de commerce. – Ni moi. – Moi non plus. » Cependant, mĂ©thodiquement, sans emballement, dĂ©licatement, l’Anglais prenait des fraises, cuillerĂ©e par cuillerĂ©e, et les dĂ©posait pieusement dans son assiette. Les voyageurs, qui le voyaient faire, se demandaient quand l’animal aurait fini de se servir. À la fin, un des trois Monsieur l’Anglais, nous aimons les fraises, nous aussi. » Flegmatique, l’Anglais rĂ©pondit Pas tant que moñ
 » Et il continua Ă  prendre des fraises, n’en laissant que juste neuf dans le plat ; trois pour chacun des autres convives. – in Le Tirailleur algĂ©rien, journal illustrĂ© du dimanche, humoristique, littĂ©raire, satirique et politique, premiĂšre annĂ©e, n° 16, dimanche 3 dĂ©cembre 1899, sous le titre Des Marrons glacĂ©s, » et signĂ© des initiales G. Le R. » – Anonyme, VariĂ©tĂ©s, » in Le Petit Français illustrĂ©, journal des Ă©coliers et des Ă©coliĂšres, quatorziĂšme annĂ©e, n° 116, 15 fĂ©vrier 1902, sous le titre Les Prunes. » – Anonyme, in L’École et la Famille, journal d’éducation, d’instruction et de rĂ©crĂ©ation, vingt-huitiĂšme annĂ©e, n° 20, 15 octobre 1903, sous le titre Les Prunes. » – La Vie drĂŽle, » in Courrier de la Rochelle, soixante-et-uniĂšme annĂ©e, n° 58, jeudi 22 juillet 1909, sous le pseudonyme de Marjolet. » ☞ Ce texte s’inspire d’une diatribe anonyme, parue initialement dans La Lanterne d’Arlequin, dixiĂšme annĂ©e, n° 489, 10 aoĂ»t 1890, sous le titre Ces bons Albionnais » Ces bons Albionnais _____ John Bull et Jacques Bonhomme dĂźnent ensemble Ă  table d’hĂŽte. Il restait un compotier de fraises. Par politesse, Jacques Bonhomme laisse l’Anglais se servir le premier. L’insulaire verse tranquillement toutes les fraises dans son assiette. Mais, s’écrie Jacques Bonhomme, moi aussi j’aime les fraises. – AĂŽh ! pas tant que moĂą ! » Pas tant que moĂą ! » Toute la politesse extĂ©rieure de John Bull, exquise, se rĂ©sume en ces quatre mots. Nous avions la partie belle en Égypte, Ă  Terre-Neuve et Ă  Zanzibar. Et – grĂące au crĂ©tinisme de nos gouvernants – nous en sommes rĂ©duits Ă  cet Ă©nervant dialogue JACQUES BONHOMME. – Moi aussi, Français, j’ai des intĂ©rĂȘts en Égypte. JOHN BULL. – Pas tant que moĂą ! – Moi aussi, j’aime la morue et les homards des pĂȘcheurs de Terre-Neuve. – Pas tant que moĂą ! – Moi aussi, j’ai le droit, de par mes traitĂ©s, de vous forcer Ă  me dire goĂ»tez-en, goĂ»tez-y, goĂ»tez Zanzibar. L’affaire me concerne, que diantre ! – Pas tant que moĂą ! Et dire que cette sale Marianne nous force Ă  nous contenter de cette Ă©goĂŻste rĂ©ponse ! Ah ! pauvre France ! quand donc auras-tu un gouvernement fort et digne pour faire respecter tes droits ? Le jour oĂč tu auras ton Roi. ☞ Il convient de noter que cette anecdote anti-anglaise a Ă©tĂ© abondamment reprise dans la presse française jusqu’au milieu des annĂ©es 1920. Suivant les pĂ©riodiques, elle est attribuĂ©e tantĂŽt Ă  Renan, Ă  la suite de FĂ©lix Duquesnel, qui l’utilisa Ă  trois reprises dans ses chroniques la premiĂšre fois dans sa Chronique du lundi » 15 octobre 1900 dans le Petit Journal ; nous avons reproduit ci-dessous celle qui nous a paru la plus intĂ©ressante ; tantĂŽt Ă  Leconte de Lisle, Ă  la suite cette fois d’Henri de RĂ©gnier, qui s’est servi de cet Ă©pisode pour un chapitre de Figures et caractĂšres 1901. CHRONIQUE DU LUNDI _____ Nous avons parlĂ© ici, il y a quelques mois, du livre de M. Arthur Meyer, Ce que mes yeux ont vu, et nous en avons constatĂ© le succĂšs. L’auteur, en veine, n’a pas voulu s’arrĂȘter en si beau chemin, et voici qu’il vient de faire paraĂźtre un nouveau volume Ce que je peux dire
 Celui-ci est comme la suite, ou mieux, le complĂ©ment de l’autre. Le premier nous dĂ©crivait, d’une plume pittoresque, la vie politique d’un demi-siĂšcle ; cette fois, c’est la vie mondaine et sociale que l’écrivain fait passer sous nos yeux. Il a vĂ©cu, il a vu, – vu de tout prĂšs, – il raconte avec beaucoup de verve, et ce qui mieux est encore, avec beaucoup de fidĂ©litĂ©. Sous les yeux du lecteur dĂ©filent, ainsi qu’en un cinĂ©ma rĂ©trospectif, toutes les personnalitĂ©s qui ont jouĂ© un rĂŽle en cette pĂ©riode. Les silhouettes sont dĂ©coupĂ©es en chair vive, et on a plaisir Ă  les revoir et Ă  les reconnaĂźtre. Pour ceux, comme moi, hĂ©las ! qui sont du temps, » c’est un souvenir, alors que, pour les plus jeunes, c’est une rĂ©vĂ©lation. VoilĂ  un livre que tout curieux du temps passĂ© doit conserver en sa bibliothĂšque, car c’est avec les Petits MĂ©moires » que se constitue vraiment l’histoire, l’histoire intime, celle qui est la vraie, parce qu’elle a Ă©tĂ© vĂ©cue. La difficultĂ©, quand on Ă©crit les Petits MĂ©moires » oĂč on ne se met pas directement en scĂšne, mais seulement quand il est nĂ©cessaire, c’est d’avoir ce que Balzac appelait la colonne vertĂ©brale, » c’est-Ă -dire la clef de voĂ»te, le point d’appui qui est nĂ©cessaire pour le rattachement des faits. Alors, trĂšs habilement, notre Ă©crivain a donnĂ© Ă  son livre une forme de roman, en prenant comme prĂ©texte une figure de femme qui, pendant ce demi-siĂšcle, s’est trouvĂ©e mĂȘlĂ©e au mouvement social, a rĂ©uni autour d’elle, dans une sorte de cĂ©nacle privilĂ©giĂ©, une Ă©lite sans cesse renouvelĂ©e, ce qui est prĂ©texte Ă  la vision des personnages. La Dame aux violettes, » ainsi appela-t-on familiĂšrement celle qui fut plus tard Mme de Loynes, n’a pas Ă©tĂ©, d’ailleurs, une femme ordinaire, et sous ses yeux trĂšs doux, sous son aspect d’un charme trĂšs fĂ©minin, – que reproduit si bien le portrait peint par Amaury Duval qui figure au frontispice du livre, – il y avait une volontĂ© ferme et une secrĂšte ambition de dominer, d’ĂȘtre une puissance. Alexandre Dumas fils fut une des premiĂšres rencontres qu’elle fit Ă  son arrivĂ©e Ă  Paris, quand elle descendit, non pas du coche, comme Manon, mais du train qui arrivait de Reims, son pays d’origine. Vous savez, lui dit-elle, que je suis venue ici pour m’instruire. Je veux apprendre. – Et pourquoi ? fit Dumas. – Parce que je peux avoir, un jour, Paris Ă  mes pieds ! – Vous, si modeste ! Mais vous ne serez jamais la Dame aux camĂ©lias, », vous ĂȘtes et vous resterez, ma chĂšre enfant, la Dame aux violettes. » Puis Dumas lui fit choix d’un professeur, et ce professeur ne fut pas le premier venu, puisque c’était Sainte-Beuve lui-mĂȘme. Pendant des annĂ©es, Sainte-Beuve, transformĂ© affectueusement en prĂ©cepteur, lui enseigna la littĂ©rature et ouvrit cet esprit fin, dĂ©licat, qui ne demandait qu’à s’épanouir. * À mesure qu’il suit les transformations de son hĂ©roĂŻne, l’auteur dĂ©crit les mondes qu’elle a traversĂ©s. Et c’est d’abord le tableau trĂšs animĂ© du boulevard du Temple qui fut comme un Ăźlot perdu dans la grande ville, car il avait, en quelque sorte, sa vie particuliĂšre, alors que les théùtres qui formaient ce qu’on appelait le Boulevard du Crime, se tenaient comme agglomĂ©rĂ©s, les uns prĂšs des autres. C’est lĂ  que Mme de Loynes, alors Jeanne DĂ©tourbey – de son nom de famille personnel – connut Adolphe d’Ennery, le grand dramaturge de l’époque, le roi du mĂ©lodrame, dont nous avons alors la monographie intĂ©ressante. Elle se lia d’amitiĂ© avec lui et cette amitiĂ©, qui dura toute la vie, ne se dĂ©noua que par la mort. C’était un personnage bien original, bien curieux, ce d’Ennery qui possĂ©dait le plus bel esprit d’à-propos qu’on pĂ»t rĂȘver. De l’esprit, il en avait Ă  revendre, mais il n’en mettait jamais dans ses piĂšces. Un jour, un ami lui demanda Pourquoi, toi qui as tant d’esprit dans ta conversation, en mets-tu si peu dans tes piĂšces ? » Il riposta C’est pour ne pas troubler les habitudes de mon public. Si je mettais de l’esprit dans mes piĂšces, il croirait qu’elles ne sont pas de moi. » Le premier salon constituĂ© par notre hĂ©roĂŻne, rue de l’Arcade, la plus calme et la plus provinciale des rues, connut la sociĂ©tĂ© d’élite des derniĂšres annĂ©es de l’Empire. Le prince NapolĂ©on y frĂ©quentait, et aussi Edmond About, PrĂ©vost-Paradol, Sainte-Beuve, ThĂ©ophile Gautier, Sardou, – Ă  son aurore, – Émile de Girardin, celui-ci le plus assidu de tous. On causait de omni re, diraient les casuistes, et on dĂźnait. La chĂšre Ă©tait exquise, trĂšs soignĂ©e. On sait que les littĂ©rateurs sont gourmets. La cuisiniĂšre Madeleine Ă©tait habile, et, par surcroĂźt, on avait recours Ă  la science d’un maĂźtre-queue du faubourg Saint-Germain, alors trĂšs en renom. Renan, le bon Renan, Ă©tait un des convives habituels. Il parlait peu et semblait somnolent. VautrĂ© dans un fauteuil, il restait immobile, les yeux demi- clos. Il les rouvrait seulement de temps en temps, pour rire aux plaisanteries d’Hector CrĂ©mieux. L’auteur d’OrphĂ©e aux Enfers et du Petit Faust Ă©tait follement gai. Bon mangeur, quoique trĂšs sobre, Renan aimait surtout les fruits et Ă©tait sensible aux entremets sucrĂ©s. Le soufflĂ© au citron le passionnait, et il ne rĂ©sistait pas au riz Ă  l’impĂ©ratrice. Il y a quelque vingt ans, il me souvient que je traversais la forĂȘt des Maures, en balade, avec mon ami Francis Magnard ; nous nous dirigions sur Saint-Tropez, parce que nous devions aller dĂźner le lendemain, Ă  la MoĂ»te, chez Émile Ollivier. Nous mourrions de faim et, ne rencontrant aucune habitation sous les grands arbres, nous nous demandions si nous n’en serions pas rĂ©duits Ă  manger des feuilles, comme fit Robinson, quand, au dĂ©tour d’une allĂ©e, nous aperçûmes une sorte de hutte de charbonnier. Celle-ci portait l’inscription libĂ©ratrice Ici, on donne Ă  boire et Ă  manger. » En deux temps, nous Ă©tions en bas de la voiture et implorions le bienfait de l’omelette. Devant une table de bois blanc posĂ©e sur deux trĂ©teaux et recouverte d’une nappe de grosse toile bise, deux convives Ă©taient assis, un gros monsieur et une vieille dame. Le gros monsieur dĂ©gustait avec une joie visible un fromage Ă  la crĂšme. La vieille dame le contemplait avec sollicitude. Le gros monsieur se retourna ; c’était Ernest Renan. En nous apercevant, il se mit Ă  rire et nous tendit les mains. Vous ici ! Par quel hasard ? VoilĂ  une rencontre inattendue. Vous voulez dĂ©jeuner, sans doute, eh ! bien, vous trouverez en cette hutte hospitaliĂšre tout ce qu’il faut des Ɠufs frais, du lard dĂ©licieux. Offrez-vous une grillade. Il y a aussi du fromage Ă  la crĂšme sans pareil. » En disant sans pareil, » sa bouche prenait des airs de concupiscence. L’excellent homme n’avait que le tout petit pĂ©chĂ© de la friandise. MalgrĂ© moi, j’ai pensĂ© Ă  l’histoire du saladier de fraises. Renan, qui voyageait en Bretagne, s’étant arrĂȘtĂ© en l’hĂŽtel de je ne sais quelle petite ville, dĂ©jeunait Ă  table d’hĂŽte. Au dessert, on vit passer un saladier de superbes fraises bien rouges, bien fraĂźches, tout Ă  fait appĂ©tissantes. Lorsque le saladier arriva au voisin de Renan, celui-ci, un Anglais, Ă  la fourchette sans peur et sans reproche, vida tout le contenu du saladier dans son assiette, sans prĂ©occupation des autres convives. Mais, monsieur, fit Renan tout Ă©mu et presque timidement, moi aussi, j’aime les fraises ! – Pas tant que mĂŽa !! » rĂ©pliqua l’Anglais flegmatique, en engouffrant dans sa bouche, sans pitiĂ©, une premiĂšre cuillerĂ©e toute pleine du fruit dĂ©licieux. * Puis, Ă  propos du salon de Mme de Loynes, l’auteur passe en revue les divers salons mondains et rappelle entre autres les redoutes d’ArsĂšne Houssaye, ces rĂ©ceptions pittoresques et si curieuses, oĂč se retrouvaient tous les mondes ; lĂ  on se rencontrait, on s’intriguait, formant des groupes sur les marches du grand escalier de l’hĂŽtel de l’avenue Friedland. On y Ă©tait si bien reçu par l’hĂŽte charmant qui vous souriait en sa barbe blonde, en vous tendant sa main toute cordiale. Le salon de la rue de l’Arcade prit encore bien plus grande importance, lors de son transfert Ă  l’avenue des Champs-ÉlysĂ©es. C’est lĂ  que naquit la Patrie française. Nous y trouvons le rĂ©cit de son passĂ© tumultueux ; les Ă©pisodes se succĂšdent, passionnants, et ce volume est en quelque sorte le brĂ©viaire de ce qui a Ă©tĂ©. » On y soulĂšve mĂȘme parfois un coin du voile qui a cachĂ© la genĂšse de certains Ă©vĂ©nements, dont nous ne connĂ»mes que la surface. AprĂšs les orages, Ă©tait venu le calme reposant. Le salon des Champs-ÉlysĂ©es fut alors celui de la dĂ©sabusĂ©e, » qui chercha le refuge dans les lettres. Tous les jeudis, on dĂźnait entre littĂ©rateurs ; c’était le jour des acadĂ©miciens, et bien des aspirants au fauteuil ont fait la station dans le bel entresol, proche la place de l’Étoile. Puis, tout a une fin, puisqu’il n’y a rien d’éternel en ce monde. La Dame aux violettes » est morte, il y a quelques annĂ©es dĂ©jĂ , suivant, Ă  quelque distance, ses amis, partis les premiers, et le volume des Petits MĂ©moires, » se termine par un Ă©pilogue mĂ©lancolique, la visite Ă  la tombe du cimetiĂšre Montmartre, tombe trĂšs simple, oĂč rien ne rappelle que celle qui y repose a jouĂ© un rĂŽle plus important qu’on ne pouvait le supposer. HĂ©las ! qui se souvient de nous quand nous ne sommes plus lĂ  ? Tout passe ! comme a dit la princesse. Les gĂ©nĂ©rations se superposent, et l’oubli, qui se fait vite, se ferait plus complet encore, si le souvenir de ceux qui ne sont plus n’était rĂ©veillĂ©, parfois, par ceux qui sont encore, ceux qui peuvent dire J’ai vu et je raconte ! » _____ FĂ©lix Duquesnel, in Le Petit Journal, cinquantiĂšme annĂ©e, n° 17958, lundi 26 fĂ©vrier 1912 LE PLAT DE FRAISES _____ Il n’y a encore rien de tel souvent que les anecdotes pour aider Ă  se figurer nettement et vivement les ĂȘtres et les choses. Il en a circulĂ© de tout temps, en France, d’admirables. Chacun de nos grands hommes en a quelques-unes sur son compte, oĂč nous apprenons mieux Ă  le connaĂźtre que dans ses portraits les plus achevĂ©s. Nos Rois et nos Princes eurent les leurs, qui servent Ă  les prĂ©ciser dans nos mĂ©moires. De moindres personnages mĂȘme doivent de survivre Ă  quelques saillies heureuses ou Ă  quelques traits pittoresques, dont le souvenir dure plus qu’eux. L’anecdote, en somme, nous apprend assez exactement la façon dont leurs contemporains se reprĂ©sentaient les plus illustres et les plus singuliers d’entre eux. C’est une sorte de monnaie Ă©parse oĂč l’Histoire va confronter l’effigie de ses mĂ©dailles. Les anecdotiers ne sont point si mĂ©prisables. Saint-Simon en est un Ă  ses heures. Tallemant des RĂ©aux ne fut que cela et nous paraĂźt maintenant autre chose. Ses Historiettes sont de l’Histoire. Chamfort sait toute la valeur d’une anecdote. Aussi choisit-il les siennes avec soin. Il les grave d’un style acĂ©rĂ©, prĂ©cis et dĂ©finitif, sur ses amĂšres tablettes enduites de cire et de fiel. Toutes n’ont point la mĂȘme portĂ©e. Il en est de particuliĂšres et de gĂ©nĂ©rales. Certaines peignent un homme, d’autres avec lui toute une Ă©poque. Il y en a de personnelles et de locales, d’autres qui sont, si l’on peut dire, nationales, qui n’instruisent pas seulement de l’habitude d’un individu, mais encore et mĂȘme du caractĂšre d’un peuple. J’en sais une que j’ai souvent entendu raconter par Leconte de Lisle. Il la rĂ©pĂ©tait volontiers, la trouvant sans doute excellente et d’un fort bon comique. Il avait constatĂ© qu’elle amusait et il trouvait lĂ  un prĂ©texte Ă  la redire, car ce haut esprit ne dĂ©daignait pas d’ĂȘtre plaisant. L’avait-il apprise ou inventĂ©e ? Je ne sais, mais il la contait fort bien. Un jour donc que le poĂšte se trouvait dans une petite auberge de la cĂŽte bretonne, il s’assit pour dĂ©jeuner, Ă  l’unique table du lieu, en face d’un gentleman anglais, qui y avait dĂ©jĂ  pris place. C’était un gros homme joufflu et rougeaud. Le repas s’achevait en silence, quand la servante posa sur la nappe un plat de fraises. L’Anglais, sans dire mot, les attira Ă  lui, il se les versa toutes sur son assiette. Mais, Monsieur, j’aime aussi les fraises, dit Leconte de Lisle. – Aoh ! lui rĂ©pondit l’Anglais, pas tant que moĂą ! » J’ai souvent repensĂ© depuis Ă  la rĂ©ponse de l’amateur de fraises. Ce qui n’était qu’un trait individuel est devenu un fait national. L’historiette est de l’histoire, car nous en sommes avec l’Angleterre Ă  ce qu’on pourrait appeler la politique du plat de fraises. * Les Français sont des gens Ă©tonnants. L’opinion europĂ©enne les a gĂątĂ©s. Il est Ă©vident qu’on s’occupe beaucoup d’eux de par le monde, aussi ont-ils pris le parti de suivre l’exemple universel et de s’occuper Ă  peu prĂšs exclusivement d’eux-mĂȘmes. Ce qui ne se passe pas chez eux et par eux les laisse assez indiffĂ©rents. Ils sont habituĂ©s Ă  cette sorte de curiositĂ© gĂ©nĂ©rale qu’excite Ă  l’étranger le spectacle incessamment variĂ© de leur agitation continuelle. Ne fut-ce point jadis pour avoir des nouvelles de France que le mĂ©thodique philosophe Emmanuel Kant changea une fois la promenade accoutumĂ©e qu’il faisait chaque jour, depuis vingt ans, d’un arbre Ă  un autre, sur le mail de KƓnigsberg, pour aller au-devant du courrier de Paris ? VoilĂ  ce qui plaĂźt aux Français et ils feraient volontiers une rĂ©volution pour dĂ©ranger encore M. Kant, de KƓnigsberg. Quant Ă  savoir qui il est exactement, c’est autre chose. Le Français n’a aucun souci de connaĂźtre ses voisins. Il se contente Ă  leur Ă©gard de formules faciles qui le satisfont entiĂšrement. Il lui suffit de se dire que l’Allemand est lourd, l’Italien expansif, l’Espagnol orgueilleux, le Suisse honnĂȘte, l’AmĂ©ricain riche. Quant Ă  l’Anglais, il le trouve ridicule. C’est le type dont la plaisanterie populaire s’amuse le plus volontiers. Il y a entre ces deux races je ne sais quoi d’hostile. Peut-ĂȘtre une vieille rancune historique ? certes une antipathie fonciĂšre. Je crois qu’on a, de part et d’autre, et l’un pour l’autre, le sentiment de l’absurde et du grotesque. Cela revient pour l’Anglais Ă  nous mĂ©priser un peu et Ă  nous paraĂźtre comique. À coup sĂ»r, il l’est. La bizarre population ambulante qui vient d’outre-Manche chaque annĂ©e pour visiter nos monuments, nos sites, nos villes, contribue Ă  cette moquerie. Elle est caricaturale. On le sent ici. C’est sur cet aspect physique que se rĂšgle la notion vulgaire de l’Anglais ; car, que saisit-on d’eux au passage ! Ils sont peu communicatifs et on n’apprend guĂšre que leur morgue et leur sans-gĂȘne. À qui rĂ©siste Ă  cette impression populaire, s’informe, observe, Ă©tudie, compare et pense, apparaĂźt vite une autre Angleterre. Une race d’hommes l’habite, sĂ©rieuse et forte, hardie et Ă©nergique. Cette Angleterre mĂ©rite notre admiration et elle a ses admirateurs. Ils y voient une des plus belles et des plus complĂštes expressions sociales des temps modernes. Ils y admirent un État solidement organisĂ©, avec un grand sens de la libertĂ© et de la dignitĂ© humaines. Ils aiment sa hiĂ©rarchie, l’équilibre savant de ses forces, sa vitalitĂ© laborieuse. Les pouvoirs publics y sont sages et actifs ; les institutions politiques durables ; les entreprises privĂ©es intelligentes. Cette Angleterre-lĂ  fait grande figure Ă  distance. Voici un peuple robuste et sain ; il sait vouloir ce qu’il veut et ce qu’il veut vouloir ; sa haute prospĂ©ritĂ© lĂ©gitime son orgueil. Il donne le spectacle d’une belle vie nationale. Il a le culte de la libertĂ© et le respect du droit. Oublions ce qui l’a fait tel qu’il est. Les griefs historiques ne sont plus de mise. Profitons du voisinage. Que craignons-nous ? Il est pacifique et nous voulons la paix. Nous n’aurons pas avec lui les dĂ©sagrĂ©ments de la brutalitĂ© tudesque, ni les surprises de la vivacitĂ© italienne. Il a pour devise Dieu est mon droit. Oui, seulement, de droits, il ne reconnaĂźt que les siens qui lui paraissent, plus que certains, indiscutables. Cette conviction le rend brutal Ă  l’occasion, avec ce qu’il faut d’hypocrisie pour paraĂźtre juste. Il parle volontiers du bien de l’humanitĂ© et le confond avec le sien propre. Il a pour doctrine secrĂšte que le monde est fait pour lui appartenir. Son esprit de conquĂȘte prend des formes dĂ©tournĂ©es. NapolĂ©on dĂ©barque en Égypte. Il y est menĂ© certes par des arriĂšre-pensĂ©es profondes, mais aussi par l’idĂ©e d’accomplir quelque chose de grandiose et d’éclatant. À dĂ©faut d’autres avantages, il lui restera au moins celui de la gloire. Qu’importe que le laurier ne produise aucun fruit ! La stĂ©rile couronne est belle tout de mĂȘme. L’Anglais n’a pas pour la guerre ce goĂ»t hĂ©roĂŻque qui en fait une sorte de jeu terrible et presque dĂ©sintĂ©ressĂ©. Comme il est courageux, il la fait courageusement, mais il ne s’y dĂ©termine que par des raisons commerciales et pratiques et qu’il n’avoue pas, car jusqu’en ses pires prĂ©tentions il garde des airs d’accommodement. Il vous dit que le monde est grand et qu’il y a place pour tous. On s’assied Ă  la mĂȘme table ; seulement, on sent vite son coude qui vous heurte. On sert les fraises. Vous dites que vous les aimez aussi et il vous rĂ©pond Oh ! pas tant que moi ! » * L’éducation que l’Angleterre donne Ă  ses fils renseigne bien sur ce qu’elle attend d’eux et sur ce qu’elle leur promet. Elle en fait des ĂȘtres forts et sains, capables de goĂ»ter la vie en ses joies matĂ©rielles et spirituelles. L’Anglais est rĂ©aliste ; son royaume est terrestre ; il veut vivre et bien vivre. Il a inventĂ© le confort ; il aime ses aises. Il les lui faut dans son home comme dans ses institutions, dans toute son existence. Il fera tout pour se rendre la vie bonne, solide et agrĂ©able. C’est lĂ  son grand travail individuel et national. Il s’assurera Ă  tout prix cette stabilitĂ© vitale. Aussi voit-il avec terreur et colĂšre tout ce qui lui semble, Ă  tort ou Ă  raison, la menacer. Il a un instinct presque animal de sa conservation. D’ordinaire, tout cela reste tacite ; mais qu’une circonstance survienne, et vous verrez tout ce peuple unanime en ce sentiment fondamental. Il ne faudrait pas s’imaginer pourtant une Angleterre entiĂšrement mercantile et occupĂ©e du haut en bas Ă  son Ɠuvre de bien-ĂȘtre, Ă  sa fonction commerciale et industrielle. Elle est une assez grande nation pour fournir Ă  tout. Elle peut garder son attitude fonciĂšre et se permettre les gestes les plus divers. La richesse autorise le luxe. Le souci du confort n’empĂȘche pas le goĂ»t de l’élĂ©gance. Les noires fumĂ©es des usines de Manchester ou de Birmingham passent au-dessus des antiques et somptueux manoirs oĂč les lords chauffent leurs mains blanches au feu clair des vastes cheminĂ©es armoriĂ©es. La puissante vie britannique n’alimente pas que des travailleurs et des marchands ; elle entretient des savants et des artistes. Elle n’a mĂȘme point que des poĂštes laurĂ©ats chargĂ©s de chanter la gloire du royaume elle a de grands poĂštes qui se chantent eux-mĂȘmes et en eux l’humanitĂ©, en dehors des circonstances infĂ©rieures et passagĂšres de temps et de lieu. * C’est en leurs poĂštes que les peuples peuvent le mieux s’aimer et se comprendre. Les rapports entre nations sont sujets Ă  des malentendus et Ă  des disputes. Seules les relations spirituelles restent pures et divines. Elles sont au-dessus des querelles nationales. GƓthe ou Heine me font oublier Bismarck ou Moltke. M. d’Annunzio me cache M. Crispi. En lisant un drame de Shakespeare, je pense moins Ă  M. Chamberlain. Je n’ai jamais senti mieux que maintenant le besoin de rouvrir les poĂštes anglais. C’est l’Angleterre qui, avec la France, a produit en ce siĂšcle le plus de poĂštes. Quelle admirable littĂ©rature que celle qui peut nous offrir un chant de Childe Harold, une ballade de Coleridge, un poĂšme rustique de Robert Burns, qui plus tard y ajoute un sonnet de Rossetti, des strophes de Robert Browning, quelque Ă©loquente composition de William Morris ou quelque ode sonore et passionnĂ©e de Charles Algernon Swinburne ! Celui-lĂ  est un des plus grands poĂštes lyriques de l’Angleterre. C’est une grande Ăąme trouble et violente. Son verbe est brĂ»lant, sa poĂ©sie ressemble au feu. Elle en a l’ardeur Ă©clatante, les Ă©clairs brusques, les flammes subtiles, tandis que celle de Shelley, par exemple, fait songer Ă  l’air, par sa transparence cristalline, sa limpiditĂ© vaporeuse, ses rosĂ©es et ses rĂȘves qui imitent la forme mobile des nuĂ©es. Et si ce n’est pas assez de ces deux gĂ©nies, en voici un encore qui va vous parler de plus prĂšs au cƓur et Ă  l’oreille. Il n’est ni grandiose, ni exaltĂ©, il n’est que simplement dĂ©licieux. Lisez les vers de ce divin John Keats, mort, Ă  vingt-deux ans, de mĂ©lancolie et de solitude. Il Ă©tait fait pour vivre plutĂŽt dans les Îles Bienheureuses, parmi les brises parfumĂ©es, le murmure des fontaines et le roucoulement des colombes, que parmi les brouillards de l’antique CalĂ©donie. Et il n’avait vraiment que faire d’ĂȘtre Anglais, lui qui Ă©crivait dans son poĂšme d’Endymion cette parole admirable et sereine A thing of beauty is a joy for ever. Une belle chose est une joie pour toujours. _____ Henri de RĂ©gnier, Figures et caractĂšres, Paris Mercure de France, 1901 13. MARCHAND D’ PARAPLUIES _____ Quand, aprĂšs trois grĂšves consĂ©cutives de ses ouvriers toujours de plus en plus exigeants, M. Bamboul, le grand fabricant de cannes, s’aperçut qu’à force de cĂ©der Ă  ses subordonnĂ©s, il courait tout droit Ă  la faillite, il ferma sa manufacture, liquida Ă  des prix dĂ©risoires son stock de cannes Ă  main et de cannes Ă  pĂȘche, et rĂ©solut de vivre sans rien faire, maigrement il est vrai, mais dĂ©livrĂ© enfin des ennuis inhĂ©rents au manufacturier moderne les menaces de mort et les grĂšves. Du fait de la cessation de commerce de M. Bamboul, trois cent trente-trois ouvriers se trouvĂšrent sur le pavĂ©. Ils n’en pleurĂšrent pas, d’ailleurs, et demeurĂšrent au fond plutĂŽt trĂšs flattĂ©s d’avoir Ă©tĂ© assez syndicables pour amener le patron Ă  la ruine. Les uns, les courageux, se firent cireurs de bottes, se sentant assez de forces pour vivre du travail de leurs bras ; les autres, armĂ©s d’une longue canne au bout de laquelle ils avaient piquĂ© un long clou, ramassĂšrent les bouts de cigares et de cigarettes aux terrasses des cafĂ©s, avec la tacite et gracieuse autorisation des garçons de l’établissement. Deux purent entrer dans une maison rivale de l’ancienne maison Bamboul ; quatre devinrent assassins par conviction politique nuance acharniste » ; le reste se fit soleil, au pied des grands murs blancs des monuments publics. Un seul parmi les ouvriers de M. Bamboul, ce brave homme de Torit, qui n’adhĂ©rait jamais Ă  la grĂšve qu’en rechignant, et, par ce fait, Ă©tait mal vu de ses camarades, se trouva trĂšs ennuyĂ© de la ruine du patron. Qu’allait-il faire maintenant pour nourrir sa femme, ses cinq enfants et lui-mĂȘme par surcroĂźt ? ÉlevĂ© dĂšs le plus bas Ăąge dans les cannes, il ne connaissait qu’elles, et demeurait incapable de gagner sa vie dans aucune autre branche d’industrie. Il frappa en vain aux portes des ateliers de cannes partout il fut Ă©conduit ; partout il y avait trop d’ouvriers pour trop peu de commandes. Par la force du raisonnement, Ă  s’avouer que le parapluie est encore l’objet usuel qui se rapproche le plus de la canne, Torit acheta quelques parapluies au rabais, et rĂ©solut de les vendre dans les quartiers pauvres. Ayant sous le bras une dizaine de parapluies, durant trois jours il erra, offrant sa marchandise d’une voix morte qui se perdait dans le fracas de la rue. Il disait Je vends des parapluies ; en voulez-vous, messieurs et mesdames, des bons et des jolis parapluies ?
 » comme il aurait dit Ă  un camarade au retour de l’atelier Ma femme est bien malade ; et mon cadet Fernand a attrapĂ© ce matin la coqueluche
 » Torit ne savait pas crier sa marchandise. Les rares passants qui le remarquaient devaient le prendre tout au plus pour un maniaque Ă  qui il fallait dix parapluies pour le garantir de la pluie possible. Durant trois jours, Torit ne vendit pas un seul parapluie ; et c’est le cƓur navrĂ© qu’il s’en revenait auprĂšs de sa femme, les mains vides d’argent, mais lourdes de parapluies. Torit, d’ailleurs, s’avouait fort bien que l’improspĂ©ritĂ© de son commerce n’était due qu’à sa mauvaise façon de crier sa marchandise ; et il s’essaya devant sa femme et ses enfants, dans l’intimitĂ© de leur chambre, Ă  chercher et Ă  imiter le cri original, la forte intonation qui devait le faire riche le lendemain. Peine inutile ; Torit n’avait pas le don. Mais, deux jours aprĂšs, comme un collĂšgue passait, criant Ă  tue-tĂȘte MARCHAND D’PARAPLUIES !
 » Torit le suivit Ă  quelque trente mĂštres et hurla d’une tonitruante voix MOI AUSSI !
 » Le cri Ă©tait trouvĂ©, bizarre, et faisant s’arrĂȘter les passants. Marchand de parapluies ! – Moi aussi ! » Le public faisait cercle, achetait ; et de belles piĂšces blanches tombaient dans les mains des deux marchands. Ils s’associĂšrent ; et leur commerce fructifia au point de rendre jaloux les administrateurs du Louvre et du Bon MarchĂ©. Marchand d’parapluies ! – Moi aussi ! » – in Le Journal pour tous, supplĂ©ment hebdomadaire illustrĂ© du Journal, » douziĂšme annĂ©e, n° 22, jeudi 29 mai 1902, sous le titre Moi aussi ! » et la signature de Gustave Guitton. – in Le Bon Journal, dimanche 7 octobre 1906, sous le pseudonyme de G. Guy-Tong. » 14. RESSEMBLANCE _____ L’AcressonniĂšre – avec un A privatif – a coutume de frĂ©quenter dans la maison de Cornenfert, son ami. L’AcressonniĂšre, vieux, dĂ©plumĂ©, mais riche, s’est fait l’ami de madame, et ce n’est un secret pour personne que c’est grĂące Ă  lui qu’elle a de si belles robes, d’aussi Ă©tincelants bijoux et un si beau service d’argenterie. Mme Cornenfert, au dernier printemps, met au monde une jolie petite fillette. L’AcressonniĂšre, s’étant vĂȘtu sur son trente-et-un, qu’est-ce que veut donc dire une pareille expression, dieux bons ! va faire aux Cornenfert une visite amicale. La nounou est dĂ©jĂ  arrivĂ©e et tient dans ses bras la pouponne. Le vieux monsieur regarde la petite avec un dĂ©licieux serrement de cƓur, et il Ă©prouve du vague plein l’ñme en la contemplant. La charmante pouponne ! Les jolis yeux ! Tiens, remarque-t-il, elle a mes yeux, la petite
 C’est tout Ă  fait mes yeux bleus. – C’est vrai, dit la nourrice railleuse, que c’est tout Ă  fait le portrait de monsieur. – Vous trouvez, nounou ? interroge, en se cambrant la taille vaniteusement, le piteux L’AcressonniĂšre. – Certainement, affirme la nourrice, que la petite vous ressemble ; elle n’a pas de dents, elle n’a pas de cheveux ; c’est tout Ă  fait le portrait de Monsieur. » – in Le Tirailleur algĂ©rien, journal illustrĂ© du dimanche, humoristique, littĂ©raire, satirique et politique, premiĂšre annĂ©e, n° 9, dimanche 15 octobre 1899, sous la signature de G. G. Le Rouge. » – in Le SupplĂ©ment, grand journal littĂ©raire illustrĂ©, vingt-deuxiĂšme annĂ©e, n° 2470, mardi 6 juin 1905, sous le pseudonyme de G. Guy-Toug. » [sic] – in Le Journal pour tous, supplĂ©ment hebdomadaire illustrĂ© du Journal, » quinziĂšme annĂ©e, n° 42, jeudi 19 octobre 1905, sous le pseudonyme de G. Guy-Toug » [sic]. – in MĂ©morial d’Amiens et du dĂ©partement de la Somme, supplĂ©ment illustrĂ©, onziĂšme annĂ©e, n° 52, dimanche 27 dĂ©cembre 1908, sous le titre FidĂšle Portrait » et le pseudonyme de Moustic. » – Les Auteurs gais, » in Le Petit Bourguignon, journal politique quotidien, vingt-neuviĂšme annĂ©e, n° 10397, samedi 14 aoĂ»t 1909, sous le pseudonyme de Marjolet. » – La Vie drĂŽle, » in Courrier de la Rochelle, soixante-et-uniĂšme annĂ©e, n° 65, dimanche 15 aoĂ»t 1909, sous le pseudonyme de Marjolet. » – Grappilles, » in Annales africaines, revue hebdomadaire de l’Afrique du Nord [Alger], dix-neuviĂšme annĂ©e, nouvelle sĂ©rie, n° 24, 15 juin 1912, sans titre et sous le pseudonyme de Le Grappilleur. » 15. IGNORANCES _____ Dans le tout petit village de Montedroit existe une boĂźte aux lettres pratiquĂ©e dans un mur de l’unique auberge de la localitĂ©. Un facteur du bourg voisin, oĂč est le bureau de poste, l’ouvre en passant, chaque matin, et emporte les lettres. Jean-Pierre, domestique de ferme, un soir, Ă  la veillĂ©e, ayant fait Ă©crire une lettre Ă  sa bonne amie, la missive finie et mise dans l’enveloppe, prend ses sabots, et court avec sa lettre du cĂŽtĂ© de la boĂźte de Montedroit. Il est dix heures et demie. La nuit est d’ébĂšne. Les gens de l’auberge se sont couchĂ©s dĂšs neuf heures. Le gars Jean-Pierre frappe et frappe encore Ă  coups redoublĂ©s Ă  la porte de l’auberge. OhĂ© ! Cousseau ! Cousseau ! La mĂšre Cousseau ! » Cousseau et sa femme se rĂ©veillent, et ouvrent leur croisĂ©e pour connaĂźtre la cause de ce tintamarre. Bonjour, dit le gars Jean-Pierre. C’est moi ! – Qui, moi ? – Jean-Pierre. – Qu’est-ce que tu viens faire lĂ , Ă  cette heure ?
 » Alors Jean-Pierre, tout d’une haleine, comme rĂ©citant une leçon bien apprise C’est que j’ai fait Ă©crire par Cadet une lettre Ă  Rosalie ; et je suis venu vous dire de guetter demain le facteur, quand il passera, parce que j’ai mis la lettre dans la boĂźte, et puis trois sous avec que vous lui donnerez. » – Anonyme, in La Gazette illustrĂ©e de Biarritz, journal politique, littĂ©raire et mondain, cinquiĂšme annĂ©e, n° 208, du jeudi 24 juin au jeudi 1er juillet 1897. – Paris qui chante, » in L’Abeille de Seine-et-Oise, supplĂ©ment illustrĂ©, n° 121, dimanche 22 novembre 1903, sous le titre La BoĂźte aux lettres » et le pseudonyme de Marjolet. » – La Vie drĂŽle, » in L’indĂ©pendant des Basses-PyrĂ©nĂ©es, journal rĂ©publicain, quarante-troisiĂšme annĂ©e, n° 182, mercredi 25 mai 1910, sous le titre Les Ignorances » et le pseudonyme de Marjolet. » Le texte se termine par ce dĂ©nouement C’est que j’ai fait Ă©crire par Cadet une lettre Ă  Rosalie ; et je suis venu vous dire de guetter demain le facteur, quand il passera
 parce que j’ai mis la lettre dans la boĂźte, et puis deux sous avec que vous lui donnerez. – Tu n’avais donc pas de timbre, animal ? – Je ne sais pas ce que c’est que ça
 On m’a dit que ça coĂ»tait deux sous pour envoyer une lettre. Mes deux sous sont dans la boĂźte et ma lettre aussi. Vous voilĂ  prĂ©venus !
 Bonsoir ! » La fenĂȘtre se referma rageusement. Et le mĂ©nage Cousseau, avant de se s’endormir, voua Jean-Pierre Ă  tous les diables. » 16. LA FIÈVRE _____ Le soldat Berlingot a une trĂšs mauvaise santĂ© ; l’air de la caserne lui est malsain. Toutes les semaines au moins, il est obligĂ© de comparaĂźtre devant le major, un ronchonnisant de la pire espĂšce. La figure de Berlingot est tellement connue du major Pucelard, qu’il ne manque jamais de tempĂȘter dĂšs qu’il aperçoit le cadavĂ©rique troubade. La derniĂšre fois que ce pauvre Berlingot, avec une fiĂšvre de cheval, vint Ă  la visite, Pucelard bondit d’indignation. Encore vous ! Encore toi, sacré  Je te prĂ©viens charitablement, trĂšs charitablement, que si tu n’es pas malade je te donne huit jours. – Oui, monsieur le major. » Le major Pucelard ausculte Berlingot, lui tĂąte le pouls. Il daigne constater Oui, vous avez la fiĂšvre
 Vous n’aurez donc que quatre jours. » – in Le Tirailleur algĂ©rien, journal illustrĂ© du dimanche, humoristique, littĂ©raire, satirique et politique, premiĂšre annĂ©e, n° 12, dimanche 5 novembre 1899, sous le pseudonyme de Moustic. » – in Le SupplĂ©ment, grand journal littĂ©raire illustrĂ©, vingt-deuxiĂšme annĂ©e, n° 2472, samedi 10 juin 1905, sous le pseudonyme de Marjolet. » – in Journal pour tous, supplĂ©ment hebdomadaire illustrĂ© du Journal, » quinziĂšme annĂ©e, n° 41, jeudi 12 octobre 1905, sous le pseudonyme de Marjolet. » 17. ÉQUARRISSAGE _____ Le publiciste Stout est en villĂ©giature dans un petit trou pas cher. Il a fui la capitale et ses bruits, et se recueille, dans la solitude, pour mener Ă  bonne fin son Ɠuvre de prĂ©dilection, celle qui doit lui aurĂ©oler le front d’une gloire sempiternelle Les affinitĂ©s de la religion hindoue et des thĂ©ories salutistes. Stout loge chez un menuisier. Hier, Stout se trouve Ă  passer devant l’atelier. Voulant ĂȘtre aimable et poli, et remarquant que le jeune fils du menuisier s’essayait Ă  travailler une planche, une petite hache Ă  la main Vous faites Ă©quarrir votre fils ? » demande Stout au pĂšre, distraitement et pour ĂȘtre poli. Et le fils de rĂ©pondre – car il a de la littĂ©rature, ayant obtenu, l’an dernier, son brevet de capacitĂ© Oh ! Monsieur Stout, y pensez-vous ? Papa, me faire Ă©quarrir ! Mais non, il me fait Ă©quarrir du bois ! » Et ce fut lĂ  tout le drame. 18. LA GIFLE _____ Le plus cocu de tout l’arrondissement Ă©tait assurĂ©ment ce noble descendant des Croisades qui rĂ©pondait au nom de TimolĂ©on de Jambe de Paille, et Ă©tait receveur des contributions directes Ă  Sainte-Hure. Un beurre, un rĂȘve, sa femme, qui s’enorgueillissait de ses vingt-trois printemps et n’avait eu qu’un tort se marier Ă  ce pauvre Jambe de Paille, quand, Ă©tant donnĂ©es ses fringales de baisers, elle eut dĂ» Ă©pouser un Jambe de Fer, ou Jambe d’Acier quelconque. C’est du moins ce qu’on disait dans le pays. Or, tout le pays connaissait Mme Jambe de Paille intimement. Quatorze officiers, autant de sous-officiers et soldats ; deux fois plus de civils que les officiers et soldats rĂ©unis, tel Ă©tait le joli total de noms Ă  inscrire sur la liste donajuanesque de Mme Jambe de Paille. Et cela dans un an ! Quel tempĂ©rament ! M. Jambe de Paille ne s’apercevait de rien. Jamais un soupçon n’avait plissĂ© sa lĂšvre. Il marchait dans la vie la tĂȘte haute, en plein bonheur conjugal, quand il reçut une lettre anonyme Monsieur, Je tiens Ă  vous prĂ©venir que vous feriez bien de surveiller votre femme. Elle vous a trompĂ© souvent et, en ce moment, elle vous sganarellise avec le lieutenant Vasistas. Une telle conduite est scandaleuse ; et au nom de la morale
 etc. » M. Jambe de Paille resta stupĂ©fait. Comme le conseillait l’auteur de la lettre, il surveilla sa femme, la suivit comme elle sortait, selon son habitude, aprĂšs le dĂ©jeuner ; et bientĂŽt le malheureux receveur la vit s’engouffrer sous la porte-cochĂšre du lieutenant Vasistas. Instinctivement, il porta la main Ă  son front pour se rendre compte s’il avait, en effet, une excroissance anormale dont il ne s’était pas aperçu. Puis, l’Ɠil morne, il retourna chez lui afin de rĂ©flĂ©chir Ă  son aise sur le meilleur moyen de venger son honneur d’époux. Il trĂ©pignait sur place, renversait des meubles, poussait de dramatiques exclamations Je le suis donc aussi !
 Moi aussi !
 Un Jambe de Paille !
 Une femme que j’ai prise sans dot !
 Oh ! je me vengerai ! » Puis il se calma un peu ; et, pour se distraire de sa douleur, par la force de l’habitude aussi, il s’en alla Ă  son cafĂ©, comme si rien de tragique ne se fut passĂ© dans son existence. Mais il mĂ»rissait, cet homme, de noirs projets. Ses amis Ă©taient dĂ©jĂ  rĂ©unis Ă  la grande table du coin et manillaient, Ă©talĂ©s sur la banquette Atout ; atout ; passe mon liĂšvre ; et ratatout ! Quand la partie fut faite, M. Jambe de Paille, qui s’était mis Ă  la table Ă  cĂŽtĂ© et lisait son journal, leva les yeux. Il fit signe Ă  Durand et Biquet, ses deux intimes, de venir auprĂšs de lui s’asseoir. Mes chers amis, dit Ă  voix basse Jambe de Paille, j’ai un grand secret Ă  vous confier. Jurez-moi que vous ne parlerez pas aprĂšs ma confidence ! – C’est donc grave ? – TrĂšs grave ! Mes chers amis, ma femme me trompe. – Oh ! dit Durand. – Ah ! dit Biquet. – Elle me trompe avec ce grand escogriffe de Vasistas. – Votre ami Vasistas, le lieutenant ? interrogĂšrent Ă  la fois Durand et Biquet. – Lui-mĂȘme. Vous savez qu’il va venir tout Ă  l’heure. Eh bien, tonna Jambe de Paille, je vais lui sauter Ă  la face ; je le piĂ©tinerai
 Non, je lui flanquerai une gifle
 Vous verrez cette gifle
 une maĂźtresse gifle ! – Ce sera un duel, frĂ©mirent Durand et Biquet comme un seul homme. – Un duel, soit ! J’en ai vu d’autres, clama Jambe de Paille qui sentit se rĂ©veiller en lui l’ñme de ses aĂŻeux – mais qui, hĂ©las ! le pauvre, n’avait de sa vie touchĂ© un simple fleuret. Et vous serez mes tĂ©moins, hein ! mes chers amis ?
 Je compte sur vous. » Messieurs Durand et Biquet n’eurent pas le temps de donner leur rĂ©ponse. Par la porte, stick Ă  la main et cigare aux dents, entrait le lieutenant Vasistas. Il aperçut Jambe de Paille, et, ne se doutant pas des complots sanguinaires qui se tramaient contre lui, le sourire aux lĂšvres, la main tendue, il s’avança. Bonjour, messieurs. Bonjour, mon cher Jambe de Paille. » Vasistas, ayant serrĂ© les mains de Durand-Biquet-Jambe de Paille, s’en alla Ă  l’extrĂ©mitĂ© de la salle oĂč des amis l’appelaient. Or, quand Vasistas fut assez loin pour ne pouvoir rien entendre, Jambe de Paille se pencha vers ses amis et, fier de l’exploit accompli Eh bien, dit-il, vous avez vu, hein ? Je ne lui ai donnĂ© que le petit doigt. » – in Fin de SiĂšcle, grand journal littĂ©raire et illustrĂ©, quatriĂšme annĂ©e, n° 345, jeudi 21 juin 1894, sous le pseudonyme de Guy Tong. » – in La Gaudriole, journal de joyeux rĂ©cits, chansons, contes gaulois et romans illustrĂ©s, nouvelle sĂ©rie, n° 91, jeudi 14 mai 1903, sous le pseudonyme de G. Guy-Tong. » – in Le SupplĂ©ment, grand journal littĂ©raire illustrĂ©, vingt-deuxiĂšme annĂ©e, n° 2417, jeudi 2 fĂ©vrier 1905, sous le pseudonyme de G. Guy-Tong. » 19. LE BILLET DE PLACE _____ Une de ces histoires incroyables d’ignorance et de naĂŻvetĂ© paysannes, vĂ©ridique pourtant. La mĂšre Lusteau vient d’entrer Ă  la gare une demi-heure avant le dĂ©part du train. Elle s’informe OĂč faut-il prendre son billet ? » Un employĂ© lui rĂ©pond Au guichet, ici, dans un quart d’heure. » La vieille femme s’assoit sur un banc, et attend. Elle rumine dans sa tĂȘte les conseils qu’un loustic de village lui a donnĂ©s – pour se moquer d’elle. Quelques voyageurs entrent dans la gare. Le guichet s’ouvre. Quand c’est le tour de la mĂšre Lusteau, elle crie C’est aujourd’hui vendredi. Je veux un billet jaune que vous donnez pour rien. – Qu’est-ce que vous voulez dire ? » La bonne femme s’explique On lui a dit, dans son village, que le vendredi on dĂ©livrait aux guichets des billets jaunes non-payants. Les voyageurs prĂ©sents rient Ă  se tordre. Le chef de gare rĂ©ussit Ă  faire comprendre Ă  la mĂšre Lusteau que l’on s’est moquĂ© d’elle. Maintenant, dit-il, voulez-vous un billet ? – Oui, je veux un billet quand mĂȘme. – Pour aller oĂč ? – Ah ! criaille tout encolĂ©rĂ©e la vieille femme ; c’est vous maintenant qui vous moquez de moi
 On m’avait bien dit que vous Ă©tiez curieux, mais je ne croyais pas que vous l’étiez Ă  ce point, non ! » – in L’Abeille de Seine-et-Oise, supplĂ©ment illustrĂ©, n° 73, dimanche 21 dĂ©cembre 1902, sous le pseudonyme de Marjolet. » ☞ Ce texte a fait l’objet d’une planche dessinĂ©e par A. Blondeau, in L’Abeille de Seine-et-Oise, supplĂ©ment illustrĂ©, n° 269, dimanche 30 septembre 1906, sous le titre La MĂšre Judas voyage » – Les Auteurs gais, » in Le Petit Bourguignon, journal politique quotidien, vingt-neuviĂšme annĂ©e, n° 10492, mercredi 17 novembre 1909, sous le titre Billet de place » et le pseudonyme de Marjolet. » – La Vie drĂŽle, » in Riom rĂ©publicain, journal de dĂ©fense rĂ©publicaine, sixiĂšme annĂ©e, n° 592, dimanche 26 dĂ©cembre 1909, sous le titre Billet de place » et le pseudonyme de Marjolet. » – Anonyme, sans titre, in Almanach des Annales africaines, » janvier 1912. 20. QUAND J’AVAIS VOTRE ÂGE _____ Comment le gros, bĂȘte et prud’hommesque M. Tartenchoux avait-il pu procrĂ©er un si mignon et intelligent bĂ©bĂ© ? MystĂšre ! ProblĂšme presque insoluble du mariage et de l’hĂ©rĂ©ditĂ©. Toujours est-il que dĂšs l’ñge de cinq ans, accrochĂ© au balcon de fer de la maison paternelle, le jeune Émilien Tartenchoux n’avait pas de plus grand plaisir que de rester des heures et des heures, l’Ɠil fixĂ© sur la rue. Cet aprĂšs-midi, M. Tartenchoux rencontre son rejeton sur le balcon. Que faites-vous ici, Émilien ? – Moi, rĂ©pond tranquillement Émilien, je regarde passer les femmes. » M. Tartenchoux demeura complĂštement ahuri d’une telle rĂ©ponse – oh ! non, vraiment, il n’y a plus d’enfants ! – et il sermonna ainsi le jeune Émilien Que dites-vous lĂ , petit malheureux !
 M’avez-vous jamais vu, moi, me conduire ainsi quand j’avais votre Ăąge ! » – Anonyme, Petits Bavardages, » in La Semaine d’Avignon, mondaine, politique, journal hebdomadaire, vingt-deuxiĂšme annĂ©e, n° 1491, mercredi 18 novembre 1903. – Anonyme, Petits Bavardages, » in La Semaine d’Avignon, mondaine, politique, journal hebdomadaire, vingt-troisiĂšme annĂ©e, n° 14519, mercredi 20 avril 1904. [seconde parution] – in Le ProgrĂšs de la Somme, quarante-deuxiĂšme annĂ©e, n° 12687, dimanche 23 octobre 1910, sous le pseudonyme de G. Guy-Tong. » – in SupplĂ©ment Ă  l’Écho nogentais, journal rĂ©publicain de l’arrondissement de Nogent-sur-Seine, quatre-vingt-douziĂšme annĂ©e, n° 87, dimanche 30 octobre 1910, sous le pseudonyme de G. Guy-Tong. » ☞ On trouve dĂ©jĂ  cette anecdote mentionnĂ©e anonymement dans La Patrie, quarante-quatriĂšme annĂ©e, dimanche 6 avril 1884, Nouvelles du jour » Elle sera ensuite reprise dans Le Rappel, n° 5153, samedi 19 avril 1884, Les On-dit, » sous la signature d’ Un passant » [pseudonyme d’Auguste Vacquerie] ; puis Ă  deux reprises dans le mĂȘme journal, n° 7348, mercredi 23 avril 1890, et n° 8785, vendredi 30 mars 1894 L’anecdote du petit Georges sera en fait reprise prĂšs d’une trentaine de fois dans la presse entre avril 1884 et octobre 1897, avec parfois quelques variations Les petits vont vite, comme les morts de la ballade d’Uhland. Le Passant nous en montre un qui promet. M. Georges, ĂągĂ© de cinq ans Ă  peine, a disparu subitement de l’appartement. On le cherche partout dans la maison. Enfin, on finit par le dĂ©couvrir sur le balcon, cachĂ© derriĂšre une caisse de plantes. Que fais-tu lĂ  ? » lui dit sa mĂšre. Georges, gravement Je regarde passer les femmes. » Pourquoi n’ajoute-t-il pas, le polisson Plus tard, quand j’aurai mes beaux vingt ans, la lĂšvre fraĂźche, la moustache galamment troussĂ©e, une bonne carrure d’épaules, ce sera leur tour elles me regarderont passer. » _____ Anonyme, Échos, » in Le Pays rĂ©publicain, quarante-neuviĂšme annĂ©e, n° 6289, samedi 14 avril 1894 ; repris dans Le Voltaire, dix-septiĂšme annĂ©e, n° 4813, dimanche 15 avril 1894, Échos, » et dans Le Public, septiĂšme annĂ©e, n° 914, dimanche 15 avril 1894 21. MES PAUVRES AMIS _____ Tiens ! Comment allez-vous ?
 me disait l’autre jour, en me tendant la main cordialement, mon pauvre ami Paul qui, il y a une quinzaine d’annĂ©es, a eu les deux bras coupĂ©s par une machine Ă  battre le blĂ©. – Mon cher ami, enchantĂ© de vous voir chez moi. Faites comme moi, asseyez-vous, prenez vos aises !
 me disait l’autre jour Pierre, mon pauvre ami, qui est cul-de-jatte. – Vous n’avez rĂ©ellement pas la bosse des mathĂ©matiques !
 me disait l’autre jour, au fil d’une conversation plutĂŽt banale, mon pauvre ami Firmin qui est bossu comme un dromadaire. – Je ne connais que la ligne droite, moi ! En affaires, je suis de ceux qui aiment Ă  marcher droit !
 me disait l’autre jour Adrien, mon pauvre ami, qui est boiteux et bancal extraordinairement. – Si nous nous tirions des pieds !
 insinuait l’autre jour, dans une soirĂ©e ennuyeuse, mon pauvre ami Jambe-de-bois Ă  son intime BĂ©quillard. – J’entends parfaitement ce que vous me dites !
 me disait l’autre jour mon pauvre ami Baptiste, sourd comme une lanterne qui l’est, sourde. – Je vous vois bien venir !
 me disait l’autre jour mon pauvre ami FĂ©lix, qui est aveugle, le misĂ©rable, comme une taie d’oreiller. – Sur ce bon mot, je vous quitte !
 » me disait l’autre jour mon excellent ami Justinien, sourd-muet de naissance. – in L’Abeille de Seine-et-Oise, supplĂ©ment illustrĂ©, n° 187, dimanche 26 fĂ©vrier 1905, sous le titre Façons de parler » et le pseudonyme de Jean Charlas. » – Les Auteurs gais, » in Le Petit Bourguignon, journal politique quotidien, vingt-neuviĂšme annĂ©e, n° 10429, mercredi 15 septembre 1909, version Ă©courtĂ©e, sous le pseudonyme de Marjolet. » 22. L’EMPRUNTEUR _____ Louis Jehan est au cafĂ©, devant un bock, et il attend les Ă©vĂ©nements en grillant quelques cigarettes. Par la grande porte du cafĂ©, l’Ɠil hagard, la mine piteuse, entre un des bons amis de Jehan, Pierre Demeule, qui a le tort considĂ©rable de n’avoir jamais le sou, empruntant beaucoup, ne rendant jamais. Pierre Demeule jette autour de lui un regard circulaire et aperçoit Louis Jehan, qui commença Ă  se faire les ongles dĂšs qu’il eut reconnu Demeule. Mais Demeule arrive droit Ă  Louis Jehan, et s’assoit auprĂšs de lui. Tu prends un bock ? offre Jehan. – Dame, ce n’est pas prĂ©cisĂ©ment pour cela que je suis venu, c’est
 – À moins que tu ne prĂ©fĂšres un mazagran ? – Non
 ce n’est pas pour un mazagran
 – Un gin alors, veux-tu ?
 – Mais non ce n’est pas pour boire
 – Tu ne viens pas au cafĂ© pour boire, toi ? Allons donc, on te connaĂźt, beau masque ! Prends quelque chose, voyons ! D’autant plus que je veux te causer un peu. – Moi aussi, dit Demeule, je venais pour te parler ; je venais pour
 – Garçon ! Garçon ! » appelle Louis Jehan. Au garçon qui se prĂ©sente, les deux amis demandent une consommation. Je venais pour
 insinue Demeule. – Laisse-moi d’abord te parler, interrompt Jehan. Je n’ai pas vingt francs en poche ; pourrais-tu m’avancer quelques louis ? – Toi ! Toi ! s’étonne Demeule. Mais je venais justement pour te demander un pareil service. – HĂ©las ! – HĂ©las ! » – Anonyme, in Le Tirailleur algĂ©rien, journal illustrĂ© du dimanche, humoristique, littĂ©raire, satirique et politique, premiĂšre annĂ©e, n° 13, dimanche 12 novembre 1899. – Anonyme, La Vie drĂŽle, » in Le ProgrĂšs, journal rĂ©publicain [OrlĂ©ansville], quinziĂšme annĂ©e, n° 750, jeudi 27 mai 1909, sous le titre HĂ©las ! » – Anonyme, Petites histoires, » in Chanteclerc, politique satirique bi-hebdomadaire [HanoĂŻ], troisiĂšme annĂ©e, n° 136, jeudi 25 juillet 1934, sous-titrĂ© Conte vĂ©cu. » 23. LE BOUDOIR _____ M. Prud’hommet, le moral et austĂšre Prud’hommet, le si pudibond M. Prud’hommet qu’il n’accorde jamais ses faveurs Ă  sa compagne cubiculaire autant que lĂ©gitime qu’en se voilant la face et en Ă©teignant la veilleuse, M. Prud’hommet, ayant appris que la mĂŽme Fromage de GruyĂšre vendait ses meubles, se trouva Ă  la vente comme par hasard, et mit enchĂšres sur enchĂšres sur le boudoir, fort joli d’ailleurs, de la pauvre cocotte en dĂ©confiture. Des amis de M. Prud’hommet n’en revenaient pas. Comment, lui, un des piliers de la SociĂ©tĂ© contre l’abus du tabac, un des soutiens sur lesquels comptait le plus la Ligue contre la licence des grues !
 lui, M. Prud’hommet, s’afficher ainsi, encourager de cette façon le vice, et publiquement encore, oh !
 Quelqu’un lui fit remarquer que c’était un peu scandaleux cet acharnement Ă  surenchĂ©rir, – pour avoir ces meubles de dĂ©bauche, – car ils avaient dĂ» en voir de raides, ces meubles ! M. Prud’hommet rĂ©pondit Je tiens Ă  me rendre acquĂ©reur de ce boudoir ; car j’en veux faire cadeau Ă  Mme Prud’hommet. – Vous !
 Ah ! vous m’étonnez ! – Je vais vous faire comprendre, dit onctueusement le membre de toutes les Ligues contre toutes les licences ; je suis sĂ»r de payer ce boudoir le quart de sa valeur – pĂ©cuniairement parlant, je fais donc une bonne affaire. – Soit. Mais la morale ? – Eh ! bien, voilĂ  ; j’ai tout prĂ©vu sur chaque meuble, nous mettrons des housses. » – in Le SupplĂ©ment, grand journal littĂ©raire illustrĂ©, vingt-deuxiĂšme annĂ©e, n° 2557, mardi 26 dĂ©cembre 1905, sous le pseudonyme de G. Guy-Tong. » 24. MISTI _____ Ceci est une grivoise historiette, que ne devront pas lire les jeunes filles. Et maintenant que ma responsabilitĂ© morale est dĂ©gagĂ©e, je commence. Les Ă©poux Bernardin sont de petits bourgeois qui vivent Ă  la campagne du produit de deux fermes cultivĂ©es Ă  moitiĂ© fruits. En tout, sept ou huit mille francs de rente dans les annĂ©es moyennes. Ils sont mariĂ©s depuis cinq ans ; et cette union fut, on peut bien le dire, de convenance et de raison plutĂŽt que d’amour, car le mariage fut dĂ©cidĂ© parce que les fortunes Ă©taient Ă©gales. Bernardin, ayant des parents Ă  Nantes, lorsqu’il s’ennuyait trop Ă  la campagne, avait accoutumĂ©, une fois par mois, rĂ©guliĂšrement, de prendre le train Ă  la gare prochaine ; et, aprĂšs une heure de chemin de fer, il dĂ©barquait Ă  Nantes la jolie – comme on dit encore dans le pays breton. Bernardin devait, Ă  Nantes, ville de ressources, mener une vie de patachon, car, Ă  son retour, Mme Bernardin constatait avec un regret cuisant que son mari Ă©tait, pendant quelques jours, d’une sordide avarice de baisers conjugaux. Elle ne disait rien, pourtant, se contentant de ronger son frein paisiblement, avec philosophie
 Mais un jour
 un jour que M. et Mme Bernardin s’étaient assis l’un auprĂšs de l’autre sous un arbre de la cour, ils virent Misti, Misti leur chat, qui se permettait de faire le beau sur un toit, devant Ketty, la chatte blanche. Ketty voulait bien, et Misti voulait bien aussi. C’est pourquoi Ketty fut vite
 mordue aux oreilles par Misti trĂšs amoureux. M. Bernardin s’amusait fort Ă  ce manĂšge. Mme Bernardin souriait, rougissante un peu. À la fin, M. Bernardin, regardant dans les yeux sa moitiĂ©, lui susurra Bichette, vois donc Misti
 Est-il assez maladroit ! » Mme Bernardin rĂ©pondit simplement Que veux-tu, mon ami ? lui aussi peut-ĂȘtre, il revient de Nantes. » M. Bernardin, tout honteux sous le reproche mĂ©ritĂ©, courba la tĂȘte, sans pouvoir trouver un semblant de rĂ©plique. – in Le SupplĂ©ment, grand journal littĂ©raire illustrĂ©, vingt-deuxiĂšme annĂ©e, n° 2466, samedi 27 mai1905, sous le pseudonyme de Marjolet. » – in Le Journal pour tous, supplĂ©ment hebdomadaire illustrĂ© du Journal, » quinziĂšme annĂ©e, n° 47, jeudi 23 novembre 1905, sous le pseudonyme de Marjolet. » 25. L’AMPHORE _____ Profitant de leur dimanche, et parce qu’il pleuvait ce jour-lĂ , les deux pioupious Bobinet et Bobineau entrĂšrent au musĂ©e. Ils admirĂšrent les tableaux. Belle femme, hein ! – Il n’y en a point comme cela ! – C’est joli ! – C’est beau ! – Ce que les cadres doivent coĂ»ter de l’argent ! – Pour sĂ»r ! » Ils passĂšrent des salles de peinture au pavillon de la sculpture. Y en a-t-il de la pierre ! LĂ  ! vrai, y en a-t-il ! » Puis leurs regards furent attirĂ©s par un grand vase sculptĂ©, une gigantesque amphore grecque. Muet d’étonnement, Bobinet dit Ă  Bobineau, en le poussant du coude Hein ! Mon vieux
 ça, plein de vin ! » – in Le SupplĂ©ment, grand journal littĂ©raire illustrĂ©, vingt-deuxiĂšme annĂ©e, n° 2457, samedi 6 mai 1905, sous le pseudonyme de Marjolet. » – in Le Journal pour tous, supplĂ©ment hebdomadaire illustrĂ© du Journal, » quinziĂšme annĂ©e, n° 43, jeudi 26 octobre 1905, sous le pseudonyme de Marjolet. » 26. IMPORTUNITÉ _____ Anastase Bonneton est parti de sa petite ville, il y a quinze jours, pour aller voir, Ă  Bordeaux, un de ses cousins mariĂ© et pĂšre de famille. Bonneton avait dit au cousin en arrivant, tout en dĂ©posant dans le vestibule la valise qu’il avait avec lui Mon cher cousin, je viens te faire une petite visite en passant par Bordeaux. – EnchantĂ©, avait rĂ©pondu le cousin. Il y a si longtemps que je ne t’avais vu. » Anastase Bonneton soupa le soir, coucha chez le cousin, y dĂ©jeuna le lendemain, y dĂźna aussi, y resta deux jours, trois jours, quinze jours. Au bout d’une semaine, le cousin et la cousine de Bordeaux en avaient dĂ©jĂ  assez de la visite du cousin. Par quelques paroles aigrefines, ils essayĂšrent de lui faire sentir qu’il devenait importun. Vers la fin de la deuxiĂšme semaine, la cousine dit Ă  Bonneton Mon cher Anastase, vous devez bien manquer, depuis le temps que vous ĂȘtes parti de chez vous, Ă  votre femme et Ă  vos enfants ! » Anastase Bonneton rĂ©flĂ©chit quelques secondes et rĂ©pondit Ma chĂšre cousine, vous avez raison. Je n’avais pas songĂ© que mon Ă©loignement des miens pouvait leur ĂȘtre Ă  charge. Donnez-moi donc, je vous prie, une feuille de papier Ă  lettres, une enveloppe et un timbre
 Je vais Ă©crire Ă  ma famille de venir me rejoindre ici !
 » – Anonyme, in Le Tirailleur algĂ©rien, journal illustrĂ© du dimanche, humoristique, littĂ©raire, satirique et politique, premiĂšre annĂ©e, n° 17, dimanche 10 dĂ©cembre 1899, sous le titre Un Importun. » – Anonyme, VariĂ©tĂ©s, » in Le Petit Français illustrĂ©, journal des Ă©coliers et des Ă©coliĂšres, quatorziĂšme annĂ©e, n° 117, 22 fĂ©vrier 1902, sous le titre Sans-gĂȘne. » – in Le SupplĂ©ment, grand journal littĂ©raire illustrĂ©, vingt-deuxiĂšme annĂ©e, n° 2469, samedi 3 juin 1905, sous le pseudonyme de Marjolet. » – in Le Journal pour tous, supplĂ©ment hebdomadaire illustrĂ© du Journal, », quinziĂšme annĂ©e, n° 50, jeudi 14 dĂ©cembre 1905, sous le pseudonyme de Marjolet. » – Les Auteurs gais, » in Le Petit Bourguignon, journal politique quotidien, vingt-sixiĂšme annĂ©e, n° 9198, lundi 30 avril 1906, sous le titre L’Importun » et le pseudonyme de Marjolet. » – in Almanach des Annales africaines, janvier 1910, sous le titre L’Importun, » et le pseudonyme de Marjolet. » – Anonyme, La Page de la famille, » in Le Grand Écho du Nord de la France, cent-douziĂšme annĂ©e, n° 60, vendredi 1er mars 1929, sous le titre L’Importun. » 27. LE TUNNEL _____ Deux nouveaux mariĂ©s font leur voyage de noces, se dirigeant vers l’Italie. Le wagon est complet du train qui les emporte vers le pays oĂč fleurit l’oranger. Eux se font vis-Ă -vis dans un coin du wagon, et ils se parlent bas, bien bas, avec des sourires furtifs et des serrements de mains discrets. Le train roule, roule
 Tout Ă  coup, le wagon, jusque-lĂ  Ă©clairĂ© par la lumiĂšre du jour, entre dans le noir, car le train vient de se glisser sous un tunnel. Une minute, une minute et demie de trajet ; puis le wagon s’éclaire Ă  nouveau ils avaient passĂ© le tunnel. Le mari, se penchant Ă  l’oreille de sa jeune femme, lui dit Croyez bien, chĂšre amie, que je regrette de n’avoir pas profitĂ© de la longueur de ce tunnel pour vous embrasser. » La jeune mariĂ©e, toute rougissante, s’exclama, en s’essuyant les lĂšvres Comment ! mon ami, ce n’était donc pas vous ! » – Anonyme, in Le Tirailleur algĂ©rien, journal illustrĂ© du dimanche, humoristique, littĂ©raire, satirique et politique, premiĂšre annĂ©e, n° 15, dimanche 26 novembre 1899. – in L’Abeille de Seine-et-Oise, supplĂ©ment illustrĂ©, n° 166, dimanche 2 octobre 1904, sous le titre Dans le noir » et le pseudonyme de Humbug. » – Les Auteurs gais, » in Le Petit Bourguignon, journal politique quotidien, vingt-neuviĂšme annĂ©e, n° 10489, dimanche 14 novembre 1909, sous le pseudonyme de Marjolet. » – La Vie drĂŽle, » in Riom rĂ©publicain, journal de dĂ©fense rĂ©publicaine, sixiĂšme annĂ©e, n° 587, jeudi 9 dĂ©cembre 1909, sous le pseudonyme de Marjolet. » – Anonyme, in Le Guetteur de St-Quentin et de l’Aisne, quarante-deuxiĂšme annĂ©e, n° 184, mercredi 23 novembre 1910, sous le titre Nouvelle Ă  la main. » 28. ACCOMPAGNEMENT _____ Un monsieur entre deux Ăąges, avec, Ă  la boutonniĂšre, un vague soupçon de dĂ©coration, suit, en se hĂątant, une jolie fille qui trotte-menu, dans les environs du Conservatoire, gracieuse sur le macadam. Le monsieur a pu rejoindre la jolie fille. Pardon, mademoiselle, dit-il ; vous ĂȘtes bien Ă©lĂšve du Conservatoire ? – Oui, monsieur. – Vous n’ĂȘtes pas de la classe de ComĂ©die, n’est-ce pas ? – Non, monsieur. – Et vous ne suivez pas les cours de TragĂ©die, dites-moi ?
 Laissez-moi cet espoir. – Mais, monsieur, que vous importe ? – Oh ! mademoiselle, je vous en prie, rĂ©pondez-moi. Suivez-vous les cours de TragĂ©die ? – Non. – Eh bien, dit alors joyeusement le monsieur entre deux Ăąges. Eh bien, vous chantez, n’est-ce pas ? – Je chante, affirma d’une voix d’or la jolie fille. – Vous chantez !
 C’est bien ce que je pensais
 Ah ! tant mieux ! » Puis le vieux monsieur, prenant le bras de la jolie fille Puisque vous chantez, dit-il, je vais vous accompagner. » – in Le Tirailleur algĂ©rien, journal illustrĂ© du dimanche, humoristique, littĂ©raire, satirique et politique, premiĂšre annĂ©e, n° 17, dimanche 10 dĂ©cembre 1899, signĂ© des initiales G. le R. » – in Le SupplĂ©ment, grand journal littĂ©raire illustrĂ©, vingt-deuxiĂšme annĂ©e, n° 2558, jeudi 28 dĂ©cembre 1905, sous le pseudonyme de Marjolet. » – Les Auteurs gais, » in Le Petit Bourguignon, journal politique quotidien, vingt-neuviĂšme annĂ©e, n° 10456, mardi 12 octobre 1909, sous le pseudonyme de Marjolet. » 29. LES SANGSUES _____ Dans un coin de l’élĂ©gant cafĂ© aux tentures japonaises d’un luxe oriental d’assez bon aloi, cinq ou six jeunes gens viennent de terminer une partie de manille, ce divin jeu qui console de tant de dĂ©boires, tant de maris jaunis, tant de veufs esseulĂ©s et tant de cĂ©libataires. La manille finie, une conversation s’engagea, languissante d’abord, puis plus animĂ©e peu Ă  peu, si bien que rapidement elle glissa sur la pente fatale des discussions Ă  perte de vue touchant le lard, le salĂ©, le porc et autres cochonneries. Elle devenait, la conversation, terriblement Ă©grillarde quand l’entrĂ©e dans le cafĂ© du jeune Pictompin, dit Joseph, l’arrĂȘta net. Pictompin, dit Joseph, Ă©tait assurĂ©ment le plus gai lurron et le plus joyeux drille de la bande. Or, ce soir, il avait une figure de croque-mort. Qu’as-tu donc, Pictompin ? – Es-tu malade, Joseph ? – Tu as l’air tout chose. – Les fonds sont-ils en baisse ? » Pictompin, la figure morose et renfrognĂ©e, si rĂ©jouie pourtant d’habitude, s’avança, la main tendue, vers ses amis qui la lui serrĂšrent affectueusement, cordialement, nerveusement, selon les tempĂ©raments. Puis, sans dire un mot, Pictompin s’assit sur la banquette, l’air accablĂ©. Les interrogations anxieuses recommencĂšrent. Tu es malade ? – Qu’as-tu ? – OĂč souffres-tu ? – Il est tout pĂąle ! Pictompin, toujours, ne rĂ©pondait pas. Voyons, qu’as-tu ? » redemandĂšrent les amis. Joseph Pictompin Ă©tendit l’avant-bras droit hiĂ©ratiquement, et prononça, la voix sourde Je m’em
 bĂȘte ! – Tiens ! dit un ami, tu as ton spleen septennal ? – Tous les sept ans, oui, affirma Pictompin ; tous les sept ans, mon spleen me prend. – Il dure combien ?
 – Quelquefois, un quart d’heure ; quelquefois moins ; cela dĂ©pend. – Et le remĂšde ? – La science, dit Pictompin, est impuissante Ă  guĂ©rir de pareils maux. Et ce n’est pas avec des mĂ©dicaments doctoralement ordonnancĂ©s que je pourrai apporter un palliatif Ă  ma rancƓur, coutumiĂšre hĂ©las ! puisqu’elle est chronique. – Tous les sept ans ! Pauvre ami ! – Plaignez-moi, mes amis ; car je suis bien Ă  plaindre. – Mais enfin, que fais-tu pour ta guĂ©rison ? – Je ne prends ni ellĂ©bore ni huile de ricin ; je cherche Ă  me distraire en compagnie d’amis de la joie. – TrĂšs bien, dit un ami. Si tu veux te distraire, je te propose un Ă©cartĂ©. – Je ne joue jamais aux cartes dans ces moments-lĂ . – Un billard ? – Non, merci. – Alors, tu veux te laisser pĂ©rir ainsi de spleen et de nĂ©vrose, sans rĂ©agir ? » Pictompin Joseph rĂ©pondit Je veux vadrouiller. – Une vadrouille ! mugirent en chƓur les amis. Ça va. Allons-y ! » La joyeuse bande sortit du cafĂ© et commença Ă  marcher dans les rues de la ville, choisissant les plus Ă©troites et les moins Ă©clairĂ©es, faisant sonner sur le trottoir les pointes en fer des cannes, et chantant des chansons hurlĂ©es Ă  tue-tĂȘte. C’était la vraie vadrouille dans toute son endiablĂ©e stupiditĂ©. Au bout d’une heure de cet exercice, Pictompin, qui commençait Ă  se dĂ©rider, dit Ă  ses amis Si nous rentrions chacun chez soi, maintenant que mon spleen est passĂ© ? – Ma foi, oui
 Entendu
 D’autant plus que les jambes me rentrent dans le corps !
 C’est un avertissement. Rentrons, nous aussi. » La bande tapageuse devint moins bruyante et se mit Ă  marcher dans le centre de la ville, presque silencieusement. Il Ă©tait une heure du matin. À un moment donnĂ©, sans prĂ©venir, Pictompin commanda Silence ! mettez-vous en rangs, là
 le long de ce mur
 sans bouger
 sans dire un mot
 » Les amis obĂ©irent. Pictompin traversa la rue dĂ©serte et alla frapper Ă  une devanture close trois coups secs et forts Pan ! Pan ! Pan !
 Il tira une sonnette Drelin ! Drelin ! Drelin ! Un silence. Puis une fenĂȘtre qui s’ouvre au premier Ă©tage. Le dialogue suivant s’échange entre Pictompin et un monsieur en chemise de nuit, au chef ornĂ© d’un bonnet carrĂ©. Pardon, monsieur, dit Pictompin Joseph, vous ĂȘtes bien monsieur Louis Bernard ? – Oui, monsieur. – Vous ĂȘtes bien pharmacien ? – Oui, monsieur. – Pharmacien de premiĂšre classe ? – Oui, monsieur. – Vous ĂȘtes bien, depuis le quatorze juillet dernier, dĂ©corĂ© de la LĂ©gion d’honneur ? – Mais oui, monsieur. – Avez-vous des sangsues ? – Oui. – Sont-elles bonnes ? – Mais oui, monsieur, excellentes ! – Eh bien, hurle Pictompin, si elles sont bonnes, vos sangsues, vous pouvez vous les mettre
 sur les jambes ! » La fenĂȘtre se referma rageusement. Pictompin lança dans la nuit un formidable Ă©clat de rire et s’esquiva. Il rejoignit ses amis qui, ayant entendu le dialogue, firent Ă  Joseph un succĂšs d’estime considĂ©rable. Alors, tu es guĂ©ri ? interrogĂšrent-ils. – Je le suis pour sept ans, » affirma d’un air morne Joseph, dit Pictompin. – in Le Journal pour tous, supplĂ©ment hebdomadaire illustrĂ© du Journal, » deuxiĂšme annĂ©e, n° 27, jeudi 3 juillet 1902, sous la signature de Gustave Guitton. – in La MĂšre et l’enfant, 16 septembre 1908, sous le pseudonyme de Marjolet. » – in MĂ©morial d’Amiens et du dĂ©partement de la Somme, supplĂ©ment illustrĂ©, douziĂšme annĂ©e, n° 20, dimanche 16 mai 1909, sous le titre Le Spleen de Joseph » et le pseudonyme de Jean Charlas. » 30. FUMISTE _____ Oscar Scaro, dĂšs l’École des Beaux-Arts, ce Conservatoire de la ligne courbe, cette pĂ©piniĂšre de fumistes accomplis, avait la rĂ©putation, parmi les rapins ses camarades, d’ĂȘtre un fumiste gĂ©nial. Quoique douĂ© de talent, il perça vite et se fit un nom dans la peinture. Vers trente-cinq ans, ayant valsĂ© avec mademoiselle OlĂ©a Gineuse, – la fille du riche marchand d’huile en gros Gineuse et Cie, – il s’éprit d’amour pour elle et demanda Ă  son pĂšre la main d’OlĂ©a. M. Gineuse, comme de juste, accueillit cette demande avec une moue de dĂ©dain un peintre ! et ne donna point une rĂ©ponse immĂ©diate et dĂ©finitive. Il tergiversa. Monsieur Scaro, votre demande m’honore. Mais j’ai besoin, avant de vous accorder la main de ma fille, de prendre sur votre compte certains renseignements. Voulez-vous me donner l’adresse de votre notaire, de votre marchand de tableaux, et de votre dernier concierge ? » Oscar Scaro s’exĂ©cuta. Il donna tout ce qu’on voulut. Amour, amour, quand tu nous tiens !
 Huit jours aprĂšs, Scaro recevait de M. Gineuse une invitation Ă  passer chez lui. Les renseignements du notaire Ă©taient excellents ; ceux du marchand de tableaux Ă©taient bons. Il n’y avait que ceux du concierge qui laissaient Ă  dĂ©sirer
 Bref, toutes questions dĂ©battues, au bout d’un quart d’heure de discussion, M Gineuse permit Ă  Scaro de le nommer beau-pĂšre. OlĂ©a exultait ; car elle raffolait de la barbe en pointe de M. Oscar. Scaro ayant, le lendemain, rencontrĂ© son futur beau-pĂšre dans la loge de son concierge, oĂč sans doute ce cachottier de M. Gineuse se livrait Ă  une nouvelle enquĂȘte, Scaro, trĂšs poli, trĂšs familial, invita l’ancien marchand d’huiles Ă  venir visiter sa garçonniĂšre et son atelier. M. Gineuse admira hautement les beaux canapĂ©s de la garçonniĂšre, et – pour faire plaisir Ă  son gendre qui venait de l’introduire dans son atelier – il jeta des cris d’enthousiasme, il s’extasia devant chacun des tableaux accrochĂ©s aux murs. Devant un surtout, nouvellement verni, M. Gineuse manifesta des soupçons de dĂ©lire. Ah ! mon gendre, mon cher gendre, comme vous avez une palette riche ! Comment diable pouvez-vous faire pour obtenir d’aussi brillantes couleurs ? – Je vais vous dire, Monsieur Gineuse, insinua Scaro, chez qui le fumiste rĂ©apparaissait. Je vais vous dire Comme vous avez Ă©tĂ© dans les huiles, vous n’ignorez pas que les peintres d’autrefois se servaient d’huile pour broyer leurs couleurs. Peut-ĂȘtre mĂȘme avez-vous vendu de l’huile d’olive Ă  Meissonnier ou Ă  RuysdaĂ«l ?
 – Je ne crois pas avoir jamais vendu quelque chose Ă  ces messieurs. – C’est possible, affirma Scaro. Mais, voyez- vous, les peintres modernes sont supĂ©rieurs aux anciens, par ce fait seul qu’ils ont profitĂ© du progrĂšs de la science, qu’ils ont compris tout le parti qu’on pouvait tirer du procĂ©dĂ© d’éclairage Ă©lectrique. Ainsi, moi, cher beau-pĂšre, je ne me sers jamais d’huile ; je ne m’en suis jamais servi je broie mes couleurs Ă  l’électricité  Et, vous voyez, ajouta Oscar modestement, c’est pourquoi, beau-pĂšre, je fais des chefs-d’Ɠuvre. » – in Le SupplĂ©ment, grand journal littĂ©raire illustrĂ©, vingt-deuxiĂšme annĂ©e, n° 2543, jeudi 23 novembre 1905, sous le pseudonyme de G. Guy-Tong. » ☞ Dessin de Henriot, Échos, » in Journal amusant, nouvelle sĂ©rie, cinquante-quatriĂšme annĂ©e, n° 84, 2 fĂ©vrier 1901 31. LES ASPERGES _____ Papa Coquinet, gros homme jovial et farceur de tempĂ©rament, et marchand de bƓufs par profession, vient de me raconter une histoire dont il serait, dit-il, le hĂ©ros
 Il en est bien capable. L’autre jour, m’a-t-il dit, j’arrive Ă  la foire de la Rotte, que je faisais pour la premiĂšre fois
 Bon commerce ; j’y retournerai
 Vers onze heures, aprĂšs le marchĂ©, je descends Ă  l’hĂŽtel du Cormoran
 tout ce qu’il y a de mieux en fait d’hĂŽtel. J’entre dans la salle Ă  manger ; je prends place Ă  table, au milieu d’un tas de mirliflores qui avaient l’air trĂšs scandalisĂ© de me voir avec ma blouse. Le garçon me prĂ©sente bientĂŽt un plat d’asperges, des primeurs ! Subitement, une idĂ©e saugrenue me passe par la tĂȘte j’avais ma vengeance. Qu’est-ce que c’est que cela ? demandai-je au garçon. – Des asperges. – Ah ! C’est-il bon ? – Dame ! » Tout le monde riait de penser que je n’avais jamais vu d’asperges. Il s’engageait des conversations en sourdine, avec des Ă©clats de rire dans les petits coins. Comment ça se mange-t-il ? – Huile et vinaigre, ou sauce blanche. – Ah ! donnez-moi de la sauce blanche. » Je continuais Ă  faire la bĂȘte. Je commençai Ă  manger les deux ou trois premiĂšres asperges par le gros bout. Les autres, je les coupais dans mon assiette, avec une fourchette et un couteau, comme on ferait d’un morceau de gigot. Ce qu’on riait ; ce qu’on me regardait !
 Moi, je ne bronchais pas. Quand j’eus fini, un loustic en cravate blanche me demanda Est-ce bon, mon petit pĂšre ? – Ah ! oui, fouchtra ! Pour sĂ»r que c’est bon, mon fieu. Pour sĂ»r ! » Le loustic me passa le plat, auquel personne n’avait encore touchĂ©, de la joie qu’ils avaient tous Ă  me voir manger des asperges de cette façon. Combien faut-il en prendre ? Elles sont bien bonnes ! – Prenez tout, mon petit pĂšre, dit le loustic. – Merci, mon fieu. » Au risque de me donner une indigestion, je remplis d’asperges mon assiette. Il n’en resta pas une dans le plat. Je pris une Ă©norme quantitĂ© de sauce. Puis, leur jetant un regard de dĂ©fi, je me mis Ă  rire aux Ă©clats. Et je commençai dĂšs lors Ă  manger mes asperges rĂ©guliĂšrement, logiquement. Je les prenais avec dĂ©licatesse par le gros bout, les trempais dans la sauce et les suçais. Ah ! si vous aviez vu la tĂȘte qu’ils faisaient tous ! D’autant plus qu’avant de manger chaque asperge, je les regardais, l’Ɠil narquois. Chacun eut bientĂŽt le nez dans son assiette. Ce tas de godelureux avait Ă©tĂ© roulĂ© dans les grands prix par le papa Coquinet
 C’est Ă©gal, ajouta-t-il, les asperges qu’ils ont mangĂ©es Ă  ce repas n’ont pas dĂ» leur faire mal au ventre. » – in L’École et la Famille, journal d’éducation, d’instruction et de rĂ©crĂ©ation, vingt-huitiĂšme annĂ©e, n° 14, 15 juillet 1903, sous le pseudonyme de G. Guy-Tong. » – in L’Abeille de Seine-et-Oise, supplĂ©ment illustrĂ©, n° 198, dimanche 14 mai 1905, sous le titre À la sauce blanche » et le pseudonyme de Moustic. » 32. LE PETIT FANFAN _____ Le petit Fanfan – six ans d’ñge – se promĂšne sur les boulevards avec son grand-pĂšre qui le tient par la main, et menace de rentrer Fanfan Ă  la maison, car celui-ci accable son aĂŻeul de ces questions saugrenues qui ne devraient jamais se trouver dans la bouche d’un enfant. Grand-pĂšre gronde un peu, mais ne peut s’empĂȘcher, tout de mĂȘme, de se faire ces rĂ©flexions banales Mordious ! oĂč Fanfan prend-il tout ce qu’il raconte lĂ  ?
 Il n’y a plus de gosses dĂ©cidĂ©ment
 Est-il intelligent, ce lapin ! » Cette fois, par exemple, grand-pĂšre se fĂąche tout rouge. VoilĂ -t-il pas que Fanfan, tirant un long bout de fil de sa poche, commence Ă  atteler grand-pĂšre et veut jouer au cheval. » AprĂšs une admonestation bien sentie, la promenade continue. Fanfan s’arrĂȘte devant un camelot qui vend des jouets. Fanfan tire son grand-pĂšre par la manche et lui montre une belle trompette de cuivre. Je veux la trompette, dit Fanfan. – Tout ce que tu voudras, Fanfan, rĂ©pond grand-pĂšre ; mais pas de trompette, tu ferais trop de bruit. – Je veux la trompette, insiste Fanfan. AchĂšte-la-moi, grand-pĂšre ; et je te promets, parole d’honneur, de n’en jouer que lorsque tu dormiras. » Grand-pĂšre trouve la rĂ©flexion si bonne qu’il achĂšte la trompette Ă  Fanfan qui remercie le bon aĂŻeul. Et grand-pĂšre et Fanfan s’en retournent tout triomphants. – in La Gaudriole, journal de joyeux rĂ©cits, chansons, contes gaulois et romans illustrĂ©s, nouvelle sĂ©rie, n° 92, dimanche 17 mai 1903, sous le pseudonyme de Marjolet. » – in L’Abeille de Seine-et-Oise, supplĂ©ment illustrĂ©, n° 176, dimanche 11 dĂ©cembre 1904, sous le titre La Trompette » et le pseudonyme de Marjolet. » – in Le SupplĂ©ment, grand journal littĂ©raire illustrĂ©, vingt-deuxiĂšme annĂ©e, n° 2467, mardi 30 mai 1905, sous le pseudonyme de Marjolet. » – in Le Journal pour tous, supplĂ©ment hebdomadaire illustrĂ© du Journal, » quinziĂšme annĂ©e, n° 51, jeudi 21 dĂ©cembre 1905, sous le pseudonyme de Marjolet. » 33. LE GILET _____ Isidore vient de rentrer chez lui en titubant. Il a montĂ© tant bien que mal, en se tenant Ă  la rampe, jusqu’au troisiĂšme palier de l’escalier. Par la force de l’habitude, il a ouvert sa porte et, trĂšs amoureux quand il est ivre, il a voulu embrasser sa femme, sa bourgeoise. Mais la bourgeoise ne l’entend pas ainsi. Te v’lĂ  encore saoul, Zidore ! Mufle ! Pourceau ! » Isidore baisse la tĂȘte et va s’asseoir. Sa femme, qui remarque l’état lamentable du gilet de Zidore, apostrophe l’ivrogne Tu t’es encore lĂąchĂ© des crachats sur ton gilet. Et tu crois que je m’en vais laver comme ça tes ordures ! Tiens, voilĂ  une brosse, du savon et de l’eau dans cette cuvette. Fais toi-mĂȘme ta lessive. Moi, je ne touche pas Ă  tes saletĂ©s, je t’avertis ! » TrĂšs docile, Isidore quitte sa veste, ĂŽte son gilet et commence Ă  le nettoyer sur le rebord de la fenĂȘtre ouverte. Il a presque fini son ouvrage et se prĂ©pare Ă  faire sĂ©cher son linge, quand le gilet lui Ă©chappe des mains et tombe sur le pavĂ© de la cour. Sans qu’aucune raison justifiĂąt sa douleur, voilĂ  qu’Isidore commence Ă  pousser de lamentables hurlements et pleure de grosses larmes mille fois plus sincĂšres que celles, lĂ©gendaires, du crocodile. Qu’as-tu Ă  pleurer, grand bĂȘta ? » interroge la femme. L’émotion, les larmes arrĂȘtent la voix d’Isidore dans son gosier. Il ne peut que dire Mon gilet
 tombé  cour. » Madame Zidore lĂšve les Ă©paules et descend dans la cour. Elle y ramasse le gilet et remonte auprĂšs de son mari, qu’elle trouve presque noyĂ© dans une mare de larmes rĂ©pandues. Les Ă©chos de la chambre hurlaient de douleur Ă  rĂ©pĂ©ter les sanglots du malheureux Isidore. Mais te tairas-tu, animal ! Qu’as-tu Ă  pleurer comme ça ! – Heu !
 Heu !
 geint Zidore ; j’aurais pu tomber avec mon gilet. » – in Le Tirailleur algĂ©rien, journal illustrĂ© du dimanche, humoristique, littĂ©raire, satirique et politique, premiĂšre annĂ©e, n° 6, dimanche 24 septembre 1899, sous la signature de G. Guitton-le Rouge. » – in La Gaudriole, journal de joyeux rĂ©cits, chansons, contes gaulois et romans illustrĂ©s, nouvelle sĂ©rie, n° 73, jeudi 12 mars 1903, sous le pseudonyme de Marjolet. » – in L’Abeille de Seine-et-Oise, supplĂ©ment illustrĂ©, n° 190, dimanche 19 mars 1905, sous le titre Isidore » et le pseudonyme de Jean Charlas. » – in Le SupplĂ©ment, grand journal littĂ©raire illustrĂ©, vingt-deuxiĂšme annĂ©e, n° 2510, jeudi 7 septembre 1905, sous le pseudonyme de Marjolet. » 34. UN MARI PHILOSOPHE _____ Dans la petite prĂ©fecture d’un dĂ©partement de l’Est, il n’était, en 1898, question que de la beautĂ© et de l’ardeur Ă  la bataille de Madame Barnabesse, la femme d’un trĂšs vieux Conseiller de PrĂ©fecture. TrĂšs vieux, oui ; car il avait doublĂ© le cap de la soixantaine, et sa moitiĂ© comptait Ă  peine vingt-cinq printemps. Tout le haut gratin, civil et militaire, pouvait se vanter, Ă  juste titre, d’avoir Ă©tĂ© choyĂ© par la jolie Madame Barnabesse. M. Barnabesse se savait trompĂ©, sganarellisĂ©. Mais, trĂšs philosophe, il fermait les yeux et ne voulait rien voir. Je sais bien que j’ai fait une bĂȘtise en me mariant, avouait-il. Mais je n’y puis plus rien !
 » Un jour, au cercle oĂč se rĂ©unissaient les adorateurs riches de Madame la ConseillĂšre, la conversation tomba justement sur elle. Ces messieurs furent unanimes Ă  vanter les charmes et les grĂąces multiples de la jolie femme. Quelqu’un soudain Ă©mit cette idĂ©e Messieurs, puisque tous, plus ou moins, nous avons eu les faveurs de Madame Barnabesse, je propose que nous jouions ce soir autant de vin de Champagne qu’il en faut pour remplir sa baignoire. Un bain de Champagne pour le corps de notre dĂ©itĂ© ! Voulez-vous, messieurs ? » Des bravos accueillirent la proposition. Les parties commencĂšrent. Ce fut un Ă©cartĂ© cinq louis en cinq sec. Trois cents bouteilles furent achetĂ©es ; et le dernier des adorateurs annonça Ă  Madame Barnabesse que, si elle voulait lui ĂȘtre agrĂ©able, elle devait prendre, dĂšs le lendemain, un bain extraordinaire dont il fournirait le liquide. Une cabine fut secrĂštement dĂ©corĂ©e Ă  la maison de bains de la ville. Madame Barnabesse noya ses belles chairs dans le vin fumant, pĂ©tillant et vermeil. L’aventure s’ébruita. Le conseiller Barnabesse qui en fut informĂ© des premiers, toujours trĂšs philosophe, se contenta de dire Ă  sa femme Je LE savais bien polisson, madame ; mais je ne LE croyais pas ivrogne Ă  ce point. » – in Fin de SiĂšcle, grand journal littĂ©raire et illustrĂ©, cinquiĂšme annĂ©e, n° 403, jeudi 17 janvier 1895, sous le pseudonyme de G. Guy-Tong. » – in Le SupplĂ©ment, grand journal littĂ©raire illustrĂ©, vingt-deuxiĂšme annĂ©e, n° 2549, jeudi 7 dĂ©cembre 1905, sous le pseudonyme de Marjolet. » 35. S. V. P. _____ Charlot est dans les vignes du Seigneur ! Charlot est dans les vignes. Il a son pompon, et il est pompette. Sa pipe s’étant Ă©teinte faute de combustible, il fouille dans sa profonde » et constate qu’il n’a plus de tabac. Ah ! flĂ»te !
 Heureusement que le bureau n’est pas loin. Il s’y dirige tant bien que mal, en titubant sous la pluie qui le fouette et le vent qui le fait vaciller. ArrivĂ© devant la porte, Charlot voit un Ă©criteau qu’il lit tout haut Fermez la porte, S. V. P. » Bien, » fait Charlot. Et il entre. Doucement, trĂšs doucement, avec mille soins, Charlot lentement essaie de fermer la porte, Le buraliste, les clients qui se trouvent au bureau, crient d’une seule voix, en sentant le vent s’engouffrer dans l’appartement Mais fermez donc la porte, allons ! » Charlot, riant large, montre l’écriteau et rĂ©pond Je sais lire, n’est-ce pas ? Eh bien, il y a sur l’écriteau Fermez la porte Sans Vous Presser. » – in Le SupplĂ©ment, grand journal littĂ©raire illustrĂ©, vingt-deuxiĂšme annĂ©e, n° 2474, jeudi 8 juin 1905, sous le pseudonyme de Marjolet. » – in Le Journal pour tous, supplĂ©ment hebdomadaire illustrĂ© du Journal, » quinziĂšme annĂ©e, n° 42, jeudi 19 octobre 1905, sous le pseudonyme de Marjolet. » 36. LE SERMON DU BOURGEOIS _____ M. BoissiĂšre est un riche propriĂ©taire campagnard, bon homme au demeurant. Or donc, ce jour-lĂ , M BoissiĂšre a les ouvriers chez lui. Ce sont des peintres. MontĂ©s sur des Ă©chelles, ils badigeonnent de blanc de cĂ©ruse les portes et les contrevents du petit chĂąteau. M. BoissiĂšre, que la solitude de sa chambre ennuie sans doute, descend les escaliers et, tout en fumant sa pipe, va faire un bout de causette aux ouvriers. Il fait bien chaud, monsieur BoissiĂšre, dit le patron. – C’est vrai
 Je venais justement pour vous offrir Ă  boire. Si vous voulez venir avec moi dans ma cave, c’est l’affaire de deux minutes. – Ce n’est pas de refus. » Le patron et les ouvriers descendent de leurs Ă©chelles, et vont se rafraĂźchir dans la cave de M. BoissiĂšre. Il n’y a qu’une voix pour cĂ©lĂ©brer la bontĂ© du vin offert C’était du pur, au moins, celui-lĂ  ! Il est pur de tout mĂ©lange, en effet, affirma M. BoissiĂšre. Il est naturel ; et vous pourriez en boire en excĂšs sans qu’il vous rendĂźt par trop malade
 » Et M. BoissiĂšre, se voyant Ă©coutĂ©, continua ainsi Le vin, mes amis, quand il n’est pas fraudĂ©, est une liqueur saine, combien diffĂ©rente en cela de toutes ces saletĂ©s que vous ingurgitez dans les cafĂ©s vermout, bitter, amer picon
 absinthe
 L’absinthe surtout, voyez-vous, mes amis, est le poison redoutable par excellence. C’est le flĂ©au des masses, celui qui conduit chaque jour des milliers et des milliers de personnes Ă  la tombe, ou dans les maisons d’aliĂ©nĂ©s. Tel que vous me voyez, je suis arrivĂ© Ă  l’ñge de cinquante-cinq ans, n’ayant pris dans ma vie qu’une absinthe, histoire d’en connaĂźtre le goĂ»t, simple curiositĂ© mal placĂ©e, et dĂ©testable assurĂ©ment. Ah ! mes amis, buvez du vin ; buvez donc chacun encore un verre de celui-ci. Mais ne prenez jamais d’absinthe ; vous m’entendez ?
 jamais !
 » Les ouvriers burent le vin qui leur Ă©tait offert et retournĂšrent Ă  leur chantier. Environ une heure aprĂšs le discours de M. BoissiĂšre, le patron-peintre fut obligĂ© de passer par la cuisine pour aller mastiquer une fenĂȘtre dont les vitres ne tenaient plus. En entrant dans la cuisine, le peintre laissa tomber son mastic de la stupĂ©faction qu’il Ă©prouva de voir, assis seul Ă  une table, fumant sa pipe et lisant son journal, l’honorable M. BoissiĂšre qui sirotait lentement une absinthe
 Ă  couper au couteau. – in L’Abeille de Seine-et-Oise, supplĂ©ment illustrĂ©, n° 160, dimanche 21 aoĂ»t 1904, sous le titre Oh ! l’absinthe » et le pseudonyme de Jean Charlas. » – in Le SupplĂ©ment, grand journal littĂ©raire illustrĂ©, vingt-et-uniĂšme annĂ©e, n° 2399, jeudi 22 dĂ©cembre 1904, sous le pseudonyme de G. Guy-Tong. » 37. LA SONNETTE _____ Dans le crĂ©puscule tombĂ©, fendant le brouillard pluvieux, Hector regagne son domicile Ă  pas pressĂ©s, sur le macadam du trottoir. À la lueur clignotante des bleus becs de gaz, – phrase extraite de Ɠuvres complĂštes de Verlaine, – il aperçoit un petit garçon de sept ou huit ans qui, arrĂȘtĂ© devant une porte-cochĂšre, essaie, mais en vain, Ă©tant trop petit, de tirer le bouton de la sonnette. Il se hausse sur les pointes des pieds, se fait grand, saute le bras tendu pour saisir le bouton dans son bond lĂ©ger. Peine inutile ! Le petit garçon est trop petit et le bouton trop haut. Hector s’informe Vous voulez sonner, mon petit garçon ? – Oui, m’sieu. » Hector, Ăąme bonne et serviable, tire un violent coup de sonnette. Hi ! Hi ! Hi ! Merci, m’sieu
 » nargue le petit garçon, qui s’enfuit Ă  toutes jambes. – in Le Tirailleur algĂ©rien, journal illustrĂ© du dimanche, humoristique, littĂ©raire, satirique et politique, premiĂšre annĂ©e, n° 7, dimanche 24 octobre 1899, sous le pseudonyme de Moustique » – Anonyme, Çà et lĂ , » in L’Univers, le monde, la vĂ©ritĂ© française, n° 14518, lundi 17-mardi 18 fĂ©vrier 1908, avec quelques modifications, sous le titre Croquis bruxellois » – in SupplĂ©ment Ă  l’Écho nogentais du 3 octobre 1909, journal rĂ©publicain de l’arrondissement de Nogent-sur-Seine, quatre-vingt-onziĂšme annĂ©e, n° 79, dimanche 3 octobre 1909, signĂ© de l’initiale M » [Marjolet] 38. LE GENDARME ET LE MELON _____ Le gendarme FleurdĂ©boy a Ă©tĂ© envoyĂ© par son marĂ©chal des logis, dans un petit bourg voisin, Ă  l’effet d’y capturer un malfaiteur dangereux. Ceux qui ne le sont pas constituent d’ailleurs une espĂšce assez rare. Parti dĂšs l’aube, FleurdĂ©boy, vers midi, quelque peu dĂ©couragĂ© de faire le guet infructueusement, rĂ©solut de s’en revenir vers la caserne ; et s’en revint, la gibeciĂšre vide, c’est-Ă -dire sans malfaiteur. BientĂŽt, l’estomac du gendarme cria famine. Ma foi, tant pis ! il avait faim, aprĂšs tout. Et il dĂ©roba un de ces jolis melons qu’il apercevait lĂ , tout prĂšs, dans un verger. FleurdĂ©boy va donc cueillir la savoureuse cucurbitacĂ©e, mĂ»re Ă  souhait, la dĂ©pĂšce avec son couteau et la mange. L’ñme sereine et l’estomac plein, le gendarme FleurdĂ©boy poursuit son chemin. Mais soudain, il est pris de remords J’ai volĂ©, se dit-il, moi, le reprĂ©sentant de la loi
 J’ai volĂ© ; je mĂ©rite la prison. Si encore un bon gendarme passait par lĂ , j’avouerais mon larcin ; et il me conduirait au bloc !
 Mais non, pas l’ombre d’une botte de collĂšgue. Un gendarme ! mon royaume pour un gendarme, afin qu’il m’arrĂȘte
 » Ainsi s’exclamait le scrupuleux FleurdĂ©boy. Mais la voix de sa conscience n’était pas seule Ă  se faire entendre. Une autre voix intĂ©rieure gĂ©missait aussi ; car, tandis que FleurdĂ©boy suppliait qu’on le mĂźt en prison, le melon, lui, demandait qu’on le laissĂąt sortir de la sienne. Alors, FleurdĂ©boy prit une grave rĂ©solution il s’arrĂȘta lui-mĂȘme
 derriĂšre un buisson. – VariĂ©tĂ©s, » in La Gazette illustrĂ©e de Biarritz, journal politique, littĂ©raire et mondain, cinquiĂšme annĂ©e, n° 206, du jeudi 3 au 10 juin 1897, sous le pseudonyme de G. Guy-Tong. » – VariĂ©tĂ©s, » in La Gazette illustrĂ©e de Biarritz, journal politique, littĂ©raire et mondain, sixiĂšme annĂ©e, n° 270, du jeudi 4 au 10 juin 1898, sous le pseudonyme de G. Guy-Tong. » – in Le SupplĂ©ment, grand journal littĂ©raire illustrĂ©, vingt-deuxiĂšme annĂ©e, n° 2511, samedi 9 septembre 1905, sous le pseudonyme de G. Guy-Tong. » 39. LA CIGARETTE _____ Premier voyageur, qui vient de monter Ă  la derniĂšre station, au deuxiĂšme voyageur. – Voulez-vous me permettre, monsieur, d’allumer une cigarette ? DeuxiĂšme voyageur. – Mille regrets de ne pouvoir vous permettre, Monsieur
 Mais je n’ai aucune autoritĂ© pour donner une telle permission. Premier voyageur, qui remet son Ă©tui dans sa poche. – C’est votre droit le plus strict, monsieur, de ne pas me permettre de fumer. DeuxiĂšme voyageur. – C’est mon droit, oui, assurĂ©ment. Et pourtant, je dois avouer que la fumĂ©e de tabac ne me dĂ©range pas
 Premier voyageur. – Ah !
 Mais alors
 DeuxiĂšme voyageur. – Ne me dĂ©range pas du tout, ne me cause aucune nausĂ©e ; bien plus, me fait plaisir, mĂȘme. Premier voyageur. – Je ne comprends plus. DeuxiĂšme voyageur. – Et j’enrage mĂȘme de ne pouvoir fumer moi-mĂȘme. Seulement, c’est contraire Ă  mes principes. Premier voyageur. – Fumer vous donne mal Ă  l’estomac ? DeuxiĂšme voyageur. – Mais non. Premier voyageur. – Vous fait mal Ă  la tĂȘte ? DeuxiĂšme voyageur. – Pas du tout. Premier voyageur. – Vous donne des palpitations de cƓur ? DeuxiĂšme voyageur. – Mais non. Mais non. Premier voyageur. – Enfin, monsieur, m’expliquerez-vous comment, avouant que le tabac des autres, loin de vous gĂȘner, vous faisant plaisir, vous ne puissiez pas m’accorder de fumer une pauvre petite cigarette ? DeuxiĂšme voyageur. – C’est contraire Ă  mes principes. Premier voyageur. – Vous placez drĂŽlement vos principes, monsieur ! DeuxiĂšme voyageur. – Moi ? oh ! non. Seulement, je ne puis plus donner aucune autorisation de fumer ; je ne puis plus fumer moi-mĂȘme, depuis le 17 juillet 1898
 Premier voyageur, Ă  part soi. – Mais il est fou, ce monsieur ! DeuxiĂšme voyageur, modestement. – C’est Ă  cette date que j’ai eu l’honneur de faire partie, en qualitĂ© de membre actif, de la Ligue contre l’Abus du Tabac. – in L’Abeille de Seine-et-Oise, supplĂ©ment illustrĂ©, n° 74, 28 dĂ©cembre 1902, sous le pseudonyme de Marjolet. » – in La Gaudriole, journal de joyeux rĂ©cits, chansons, contes gaulois et romans illustrĂ©s, nouvelle sĂ©rie, n° 87, jeudi 30 avril 1903, sous le pseudonyme de Marjolet. » – in Le SupplĂ©ment, grand journal littĂ©raire illustrĂ©, vingt-deuxiĂšme annĂ©e, n° 2515, mardi 19 septembre 1905, sous le pseudonyme de Marjolet. » 40. L’HABIT _____ Paul IngĂ©net vient d’ĂȘtre invitĂ© comme garçon d’honneur au mariage de Lucien Balentrois, son camarade d’enfance, son intime, son frĂšre par le choix, le Castor enfin dont lui, IngĂ©net, est le Pollux. Impossible de refuser une si aimable invitation. Mais Paul IngĂ©net n’était pas riche. Il nageait mĂȘme dans un Ă©tang de purĂ©e depuis le premier janvier jusqu’à la Saint-Sylvestre. Aller Ă  une noce, c’est trĂšs bien ; y aller en qualitĂ© de garçon d’honneur, c’est encore mieux. Mais, pour assister Ă  un mariage aussi correct que le serait celui de son ami, il fallait avoir au moins un habit propre, un habit Ă  la française, une queue de pie enfin. Or, jamais IngĂ©net n’avait possĂ©dĂ© la moindre queue de pie. Il rĂ©flĂ©chit longtemps. Ne pas aller au mariage ? L’ami Balentrois et lui seraient brouillĂ©s Ă  mort. Avouer une dĂšche, mĂȘme momentanĂ©e Ă  Balentrois
 Cela, jamais ; car il est trop fier pour cela, lui, IngĂ©net. De rĂ©flexions en rĂ©flexions, de songeries en songeries, Paul IngĂ©net arriva Ă  la solution de ce difficile problĂšme d’économie domestique. Il ne louerait pas d’habit ; il ne se commanderait pas d’habit chez un tailleur – car le pauvre homme ne serait jamais payĂ© – et si Paul IngĂ©net Ă©tait fier, il Ă©tait honnĂȘte aussi. Non ; il irait tout simplement emprunter l’habit de son ami Bois de CampĂȘche. Et Paul IngĂ©net alla demander Ă  Bois de CampĂȘche de lui bailler pour quelques jours son habit, qu’il lui rendrait aprĂšs les justes noces de Balentrois. Bois de CampĂȘche, Ă  cette demande de l’ami dĂ©chard, lui Ă©clata de rire au nez, sans plus de façon. Mais, malheureux, dit-il, comment veux-tu que je te prĂȘte mon habit ! Je suis trĂšs grand ; tu es petit. Je suis plutĂŽt gros ; tu es plutĂŽt mince. Dans mon habit, deux comme toi facilement tiendraient. Et je te dis cela, crois-le bien, sans vanitĂ© ni vantardise ; car nul n’ignore qu’on peut ĂȘtre trĂšs grand et trĂšs fort et ĂȘtre trĂšs bĂȘte. – Ce n’est pas ton cas, dit IngĂ©net. PrĂȘte-moi ton habit. – Tu le veux ! Eh bien, le voici, dit Bois de CampĂȘche, qui prit l’habit en sa garde-robe et le mit dans les mains d’IngĂ©net. Mais je me demande ce que tu pourras bien en faire. – M’en vĂȘtir, assura IngĂ©net. Je te remercie ; je m’en vais. Je te rendrai ton habit le lendemain soir du mariage ; je te l’apporterai moi-mĂȘme. » Paul IngĂ©net, avec sur le dos le frac de Bois de CampĂȘche, eut un succĂšs mĂ©ritĂ© d’élĂ©gance. Les dames, toutes fiĂšres, l’acceptaient avec honneur pour cavalier. Lui, tout fier aussi, leur dĂ©bitait dans le cou des madrigaux rĂ©gence, faisait la jambe fine et cambrait, en vrai don Juan, sa taille, qui, pour ĂȘtre petite, n’en Ă©tait pas moins bien prise. Bref, le succĂšs fut complet pour lui. Le mariĂ© Balentrois vint lui-mĂȘme fĂ©liciter son Pollux sur son Ă©lĂ©gance extrĂȘme. Mais il n’est si belle fĂȘte qui ne se termine. Vers trois heures du matin, le bal se dĂ©sorganisa ; et Paul IngĂ©net, Ă  pied, tout seul, regagna sa modeste chambre de bohĂšme. Il se coucha et dormit du sommeil du juste. Vers quatre heures de l’aprĂšs-midi, il se rĂ©veilla, la tĂȘte un peu lourde du champagne absorbĂ©, mais heureux tout de mĂȘme de son succĂšs de la veille. TrĂšs honnĂȘte, Paul IngĂ©net mit dans une valise l’habit empruntĂ©, et monta les deux Ă©tages qui conduisaient chez l’ami Bois de CampĂȘche Voici ton habit. Je te remercie. – Pas de quoi, » fit Bois de CampĂȘche. Puis, aprĂšs inspection d’habit Mais
 mais, continua-t-il, ce n’est pas mon habit. – Si, je t’assure, dit Paul IngĂ©net. Je te garantis l’authenticitĂ© de cet habit qui est le tien. Seulement, je l’ai portĂ© chez une petite amie que j’ai, qui travaille dans la couture, et elle l’a ajustĂ© Ă  ma taille. » – in Le SupplĂ©ment, grand journal littĂ©raire illustrĂ©, quatorziĂšme annĂ©e, n° 1195, 13 avril 1897, sous la signature de Gustave Guitton. 41. LA PIÈCE DE VINGT SOUS _____ Le pĂšre Pichat est bien malade sur son lit d’angoisse, d’amertume et de noyer verni. La mĂšre Pichat va par la chambre, anxieuse, attendant que le mĂ©decin ait fini d’ausculter son pauvre homme. C’est grave, prononce enfin l’homme de science. Mais nous conjurerons, je l’espĂšre, tout danger. Voici mon ordonnance Matin et soir, cinq grammes de fĂ©mourirsilonenprentrî
 » À propos, vous avez des balances ? – Oui, monsieur le mĂ©decin, nous avons des balances ; mais nous n’avons pas de poids. – Ah ! vous n’avez pas de poids !
 Eh bien, mettez une piĂšce de vingt sous dans la balance, et vous pourrez tout aussi exactement peser deux fois par jour la dose prescrite de fĂ©mourirsi
 etc.. » – Parfaitement compris, monsieur le mĂ©decin. Au revoir, monsieur le mĂ©decin. » Le docteur revint le lendemain. Il trouva la mĂšre Pichat Ă  genoux et pleurant au pied du lit de son dĂ©funt mari. Mais il est mort ! dit le docteur. Hier pourtant, il n’était pas si mal que
 » AprĂšs explications de la maman Pichat, le docteur sut l’unique cause de cette mort prĂ©maturĂ©e La mĂšre Pichat, vous le savez, n’avait pas de poids pour sa balance. Par hasard, elle n’avait pas non plus de piĂšce de vingt sous pour tenir lieu du poids des cinq grammes. Or, elle avait pesĂ© la dose de fĂ©mour
 etc. » avec la monnaie de la piĂšce vingt beaux sous de cinq centimes. – in Almanach des Annales africaines, janvier 1908, sous le titre La piĂšce de vingt sous, histoire de la campagne, » et le pseudonyme de Marjolet. » – in La LibertĂ© Petites Affiches MascarĂ©ennes, journal rĂ©publicain indĂ©pendant, organe des intĂ©rĂȘts de l’arrondissement, cinquiĂšme annĂ©e, n° 175, dimanche 23 fĂ©vrier 1908, sous le pseudonyme de Marjolet. » – in La Mayenne, nouvelliste de Laval et du dĂ©partement, dix-septiĂšme annĂ©e, n° 68, vendredi 20 mars 1908, sous le pseudonyme de Marjolet. » ☞ Traduction en patois ardĂ©chois GozĂšto potouĂ©zo, » in La Gazette d’Annonay et du Haut-Vivarais, trente-huitiĂšme annĂ©e, n° 1917, samedi 25 juillet 1925, sous le titre Lo piéço de vĂŻngt sĂŽ, » et le pseudonyme de Pierrou » GOZÈTO POTOUÉZO _____ Lo piéço de vĂŻngt sĂŽ Lou pĂ©rĂš MaulĂ© lĂ© bien maladĂš sĂ» so coutso d’angoisse, d’amertume et de nouyĂ© verni. Lo mĂ©rĂš MaulĂ© va per lo tsambro, Ă©nuya, opĂ©to que lou mĂ©docs l’yo fini d’ausculta sous paur’homme. QuĂ© grave prounounço enfin l’homme de scienço, mais coundzurorint, l’espĂ©ru, tout dandzĂ©. VĂ©tia moun ordounanço moti et soir cĂŻnq grammes de FĂ©mourir-silonenprintrî
 » O propos l’avait-vous de bolanças ? – Oua Moussieu lou mĂ©doçi, l’avint de bolanças, mais l’avint dzi de paĂ©. – Ah ! l’avĂ© dzi de paĂ© ?
 Et bet mettait uno piéço de vĂŻngt sĂŽ diens lo bolanço et pori tout aussi exactemint pesa doux cos per dzour lo doso prescrito de FĂ©mourirsi
 ! etc. – Parfaitomint coumpraĂ©, Moussieu lou mĂ©doçi. Au rĂ©vaĂ©rĂ©, Moussieu lou mĂ©doçi. » Quand revinguait lou lindeman trouvait lo mĂ©rĂš MaulĂ© o dzenoux que plouravo aux pĂšs de lo coutso de soun paurĂ© dĂ©fĂŒnt. Mais lĂ© mort, dit iou mĂ©doçi, hier pĂąmin l’ùro pas si maladĂš quù
 » OprĂšs explicatio de lo mĂ©rĂš MaulĂ©, lou mĂ©doçi saupĂ© l’uniquo causo de quello mort si prematura. Lo mĂ©rĂš MaulĂ© savait l’yo pas de paĂ© per sas bolanças, l’yo noun plus pas de piéço de vĂŻngt sĂŽs per tent lieu de paĂ©. Or l’yo pesa lo doso de FĂ©mourir
 etc. » d’obet lo mouneyo de lo piéço vĂŻngt dzintis sĂŽ de cĂŻnq centimes. PIERROU – Anonyme, Nos Échos, » sans titre, in La Mayenne, nouvelliste de Laval et du dĂ©partement, trente-sixiĂšme annĂ©e, n° 30, samedi 5 fĂ©vrier 1927. ☞ On retrouve en fait cette anecdote, avec diverses variations, dans de nombreux journaux dĂšs 1891, et ce jusqu’aprĂšs la mort de Gustave Le Rouge. – Par Monts et par vaux, » in L’École et la famille, journal d’éducation, d’instruction et de rĂ©crĂ©ation, seiziĂšme annĂ©e, n° 8, 15 avril 1891, sous le pseudonyme de Le Furet » Un mĂ©decin de la campagne laisse chez son malade un paquet de poudre, en recommandant de lui en donner cinq grammes par jour. Monsieur le mĂ©decin, dit la femme du malade, nous avons bien une balance, mais pas de poids. – Eh bien, au lieu de cinq grammes, mettez une piĂšce de un franc, c’est la mĂȘme chose. » Deux jours aprĂšs, le docteur, Ă  son grand Ă©tonnement, trouva son malade mort. L’explication suivante lui donna la clef du mystĂšre Comme nous n’avions pas de piĂšce de un franc Ă  la maison, nous avons mis vingt sous de sous dans la balance. » – Anonyme, in La Lanterne de Boquillon, vingt-septiĂšme annĂ©e, n° 1085, 25 fĂ©vrier 1894, sous le titre Bon Poids » – Anonyme, Pour rire, » in L’IndĂ©pendant de Mostaganem, organe politique et commercial, sixiĂšme annĂ©e, n° 598, 29 mai 1895. – Anonyme, L’Esprit des autres, » in L’Éclaireur de Seine et Marne, journal rĂ©publicain indĂ©pendant, quatre-vingt-sixiĂšme annĂ©e, n° 3295, dimanche 13 septembre 1896. – Dr Garrulus, Les GaietĂ©s de la MĂ©decine, avec une prĂ©face du Dr E. Monin, Paris SociĂ©tĂ© d’Editions scientifiques, [1896]. – Anonyme, in La Gazette illustrĂ©e de Biarritz, journal politique, littĂ©raire et mondain, sixiĂšme annĂ©e, n° 253, du jeudi 7 au 14 juillet 1898. – Anonyme, Choses & autres, » in Le Courrier de SaĂŽne-et-Loire, journal rĂ©publicain, cinquante-huitiĂšme annĂ©e, n° 15166, mercredi 10 aoĂ»t 1898. – Anonyme, Esprit des autres, » in Le Monde dentaire, journal indĂ©pendant des chirurgiens-dentistes français, dix-huitiĂšme annĂ©e, n° 6, juin 1904. – Anonyme, in La Gazette vosgienne, supplĂ©ment illustrĂ©, cinquiĂšme annĂ©e, n° 14, dimanche 8 avril 1906, sous le titre Simple Erreur » – Anonyme, Pour rire un peu, » in L’Élan rĂ©publicain, hebdomadaire politique et de combat des Radicaux & Radicaux-Socialistes d’Oranie, deuxiĂšme sĂ©rie, troisiĂšme annĂ©e, n° 72, mercredi 7 juin 1938, avec des modifications, sous le titre Bonne PesĂ©e » BONNE PESÉE _____ Le brave papa Michu est un bon mĂ©decin de campagne d’autrefois. Il passe encore dans sa petite voiture Ă  cheval, dans son antique cabriolet, et il rend visite Ă  des clients qui sont tous aussi vieux que lui. C’est ainsi qu’il est venu soigner le pĂšre Pamphile, un vieux paysan de la rĂ©gion. Le pĂšre Pamphile souffre des reins, du foie, de la vessie, du ventre, enfin d’un peu partout. Nous allons guĂ©rir ça, » assure le Dr. Michu, d’un ton encourageant. Dans les campagnes, ce sont les mĂ©decins, on le sait, qui font eux-mĂȘmes office de pharmacien pour les remĂšdes usuels. Le Dr. Michu donne au pĂšre Pamphile une poudre blanche dans une petite boĂźte. Il appelle la mĂšre Pamphile et lui explique bien VoilĂ  le remĂšde. Vous lui en mettrez tous les matins, cinq grammes dans un verre d’eau. Mais pas plus, parce que c’est du poison. Vous avez bien compris ? Cinq grammes. Vous avez bien une balance chez vous ? – Oui, docteur, j’ons une balance. Mais c’est des poids que je n’avions point. – Ça ne fait rien. Vous n’auriez qu’à mettre, au lieu d’un poids de 5 grammes, une piĂšce de vingt sous, c’est la mĂȘme chose. » Et le Dr. Michu monta dans son vieux cabriolet pour continuer ses visites. Deux jours aprĂšs, il revint chez le pĂšre Pamphile. La mĂšre Pamphile l’attendait sur le seuil, Ă©plorĂ©e Votre remĂšde, c’est de la mauvaise drogue ! cria-t-elle dĂšs qu’elle aperçut le docteur. Je l’avions pas plus tĂŽt donnĂ© Ă  notre homme qu’il en a perdu la vie !
 – Ce n’est pas possible, lui rĂ©pondit le mĂ©decin. Combien lui en avez-vous donnĂ© ? – Ce que vous avez dit, docteur, exactement. J’ons fait le poids avec vingt sous, comme vous me l’aviez recommandĂ©. MĂȘme que je n’avions point de piĂšce de vingt sous, j’avions mis vingt sous de sous dans la balance ! » 42. SIMPLE HISTOIRE _____ Comme il l’aimait beaucoup et qu’elle l’aimait aussi, elle Ă©tait venue le voir. TrĂšs galant, rĂ©gence et talon rouge, il lui avait dit Vos dĂ©sirs, ĂŽ blonde, seront pour moi des ordres. » Elle avait enregistrĂ© ces paroles dans sa jolie tĂȘte de linotte
 Et comme ils s’en allaient, bras-dessus bras-dessous, promener leur flirt sur le macadam des boulevards Le joli bracelet ! » fit-elle, en passant devant un Ă©talage de bijouterie. Et il acheta le bracelet, qu’il lui offrit. Elle le remercia d’un sourire. Quelques pas plus loin, elle s’arrĂȘta. Dieu ! la belle robe. » Et il lui donna la robe. Ils marchaient dans leur rĂȘve
 Oh ! la jolie bicyclette ! le bel album ! le beau toutou !
 Et il offrit Ă  sa blonde la jolie bicyclette, le bel album, le beau petit chien. Inconsciemment, elle leva les yeux au ciel oĂč brillait une lune ronde. Qu’elle est jolie, cette lune, » fit-elle. Et lui, simplement, sans esbroufe, lui donna la lune. – in Le SupplĂ©ment, grand journal littĂ©raire illustrĂ©, vint-et-uniĂšme annĂ©e, n° 2393, jeudi 8 dĂ©cembre 1904, sous le pseudonyme de G. Guy-Tong. » 43. MÉPRISE _____ Hector Moget, vers minuit, sort de l’OpĂ©ra oĂč il vient d’entendre la Walkyrie. Il est grand, Wagner, pense-t-il ; et bien qu’il ait traitĂ© les Français de porcs, parce qu’il Ă©tait Allemand, il n’y a pas Ă  dire, c’est un musicien de gĂ©nie
 AssurĂ©ment, de gĂ©nie
 Et je le soutiendrai dĂ©sormais devant n’importe quel dĂ©tracteur de l’Ɠuvre wagnĂ©rienne. » Hector pense ainsi, et va, enthousiasmĂ© de plus en plus des puissants accords qu’il vient d’ouĂŻr. Il remonte les grands boulevards, la tĂȘte baissĂ©e et tout songeur. Insensiblement, il oblique Ă  sa gauche, si bien qu’à un moment donnĂ© il heurte du front dans une glace de magasin. Pardon, monsieur, dit-il
 Je vous demande pardon
 C’est Ă©tonnant, remarque-t-il en regardant celui qu’il vient de heurter, comme voilĂ  un monsieur qui me ressemble. » Puis, constatant son erreur Zut ! ronchonne-t-il. C’est moi dans la glace. » 44. LES CINQ AUVERGNATS _____ Cinq Auvergnats, par un beau soir que la lune Ă©clairait, blafarde, se promenaient dans la campagne, sans savoir oĂč, comme dit la chanson. L’un d’eux, François, quitta ses camarades pour un instant, et sans doute aussi pour un pressant besoin. Au bout d’un quart d’heure, François ne rĂ©apparaissait pas. Au bout d’une demi-heure, les Auvergnats s’inquiĂštent et se mettent Ă  la recherche de leur ami, en diffĂ©rentes directions. L’un, Joseph, en se penchant sur le bord d’un puits, se vit dans l’eau, car la lune Ă©clairait justement le fond du puits Ă  ce moment. C’est François, c’est François ! s’écrie- t-il. Venez ici, mes camarades ; François est tombĂ© dans le puits. » Les Auvergnats accourent et discutent sur la façon la plus commode de retirer François de la triste situation oĂč il se trouvait. C’était un puits isolĂ© au milieu d’un champ ; et il n’y avait pas de corde. VoilĂ  ce qu’il faut faire, dit Joseph. Toi, Jacques, qui est le plus grand, tu vas te suspendre par les mains Ă  la margelle. Toi, Baptiste, tu prendras les pieds de Jacques. Toi, JĂ©rĂŽme, tu prendras les pieds de Baptiste. Et moi, Ă  mon tour, je me suspendrai aprĂšs tes pieds, JĂ©rĂŽme. Le puits ne doit pas ĂȘtre si profond que cela. C’est bien le diable si je ne peux pas donner la main Ă  ce pauvre François. » Ce qui fut conseillĂ© fut fait. Jacques se coula Ă  l’intĂ©rieur du puits et resta suspendu Ă  la margelle. Baptiste se suspendit aux pieds de Jacques. JĂ©rĂŽme prit les pieds de Baptiste ; et Joseph, le donneur de conseils, prit les pieds de JĂ©rĂŽme. Ses pieds Ă  lui, Joseph, baignaient dans l’eau. François, mon pauvre François, pleurait Joseph ; es-tu lĂ  ? » Pas de rĂ©ponse. Mais si fort qu’il fĂ»t, le grand Jacques sentait ses mains s’écorcher Ă  la margelle, tirĂ©es qu’elles Ă©taient par le poids de ces quatre corps d’Auvergnats, le sien compris, naturellement. Il cria Je lĂąche, compagnons ! Je lĂąche ! – Eh ! crache dans tes mains, fouchtra ! » hurla toute la bande comme un seul homme. Il cracha dans ses mains, le misĂ©rable ! Et l’eau se referma en bouillonnant sur la tĂȘte des quatre infortunĂ©s Auverpins, qui moururent victimes de leur dĂ©vouement confraternel. – in Le Tirailleur algĂ©rien, journal illustrĂ© du dimanche, humoristique, littĂ©raire, satirique et politique, premiĂšre annĂ©e, n° 18, dimanche 17 dĂ©cembre 1899, sous le titre En revenant de StaouĂ«li Fin tragique de quatre Auverpins victimes de leur dĂ©vouement, » avec des modifications, signĂ© des initiales G. le R
 » – in La Gaudriole, journal de joyeux rĂ©cits, chansons, contes gaulois et romans illustrĂ©s, nouvelle sĂ©rie, n° 88, dimanche 3 mai 1903, sous le pseudonyme de G. Guy-Tong. » – Anonyme, Propos fantaisistes, » in Le Grand Écho du Nord et du Pas-de-Calais, quatre-vingt-sixiĂšme annĂ©e, n° 264, mardi 20 septembre 1904. – in L’Abeille de Seine-et-Oise, supplĂ©ment illustrĂ©, n° 180, dimanche 10 janvier 1905, sous le titre Je lĂąche !
 » et le pseudonyme de Jean Charlas. » – in Le SupplĂ©ment, grand journal littĂ©raire illustrĂ©, vingt-deuxiĂšme annĂ©e, n° 2445, samedi 8 avril 1905, sous le pseudonyme de Marjolet. » 45. LA MORT DE CHAM Image d’Épinal _____ 1. – Jean Kipleur a un amour de petit chien auquel il tient beaucoup. 2. – Le chien, qu’on appelle Cham, adore son maĂźtre. 3. – Mais il aime aussi beaucoup les petites chiennes, et s’en va parfois courir le guilledou. 4. – Il en revint hier trĂšs sale. 5. – Jean Kipleur se frappe le front et se dit Puisque ce chien est sale, il faut le laver ; 6. – Je le laverai. » 7. – Jean Kipleur et Cham se dirigent donc vers un grand Ă©tang. 8. – Durant le chemin, Jean se demande avec anxiĂ©tĂ© comment il va opĂ©rer tout Ă  l’heure pour laver son chien ; et il demeure perplexe. 9. – La Providence lui vient en aide ; car il aperçoit sur le bord de l’eau une lavandiĂšre. 10. – Qui lave des serviettes. 11. – Jean Kipleur, muet d’étonnement, regarde et profite. 12. – Il prend au collier son chien d’une main, et le plonge dans l’eau par trois fois. 13. – Le chien reste toujours sale. 14. – J’y suis ! » dit Jean Kipleur en se frappant le front ; car il vient d’apercevoir la lavandiĂšre qui tord son linge. 15. – MalgrĂ© les cris Ă  fendre l’ñme du pauvre Cham, Jean Kipleur tord donc son toutou, 16 – Jusqu’à ce que Cham soit propre ; 17. – Et tant, que la pauvre bĂȘte trĂ©passe. 18. – De dĂ©sespoir, Jean Kipleur, devant le cadavre, se tord les bras de douleur. 19. – Quand on m’a narrĂ© cette banale et vĂ©ridique histoire, je me suis tordu de rire. 20. – Mais n’empĂȘche que Cham est bien mort. – in Journal de Saint-Denis, moniteur gĂ©nĂ©ral de la banlieue de Paris, dix-neuviĂšme annĂ©e, n° 1623, jeudi 13 janvier 1898, sous le pseudonyme de G. Guy-Tong. » 46. L’ENVELOPPE _____ Mme la comtesse de Bois-Rassis ouvrit la lettre, Ă  elle adressĂ©e, et lut Ma chĂšre petite Marguerite, Je suis enfin arrivĂ© Ă  Nice. Le temps est splendide ; on ne se croirait guĂšre au mois de fĂ©vrier. Viens vite me rejoindre. Descends Ă  l’hĂŽtel des Ambassadeurs, oĂč je suis. Par le mĂȘme courrier, j’écris Ă  ma chaste Ă©pouse de repousser son voyage de quinze jours. Je ne compte sur elle que pour le 10 mars. Nous aurons le temps de nous aimer. Sur les lĂšvres, bien fort, je t’embrasse. Gontran, Cte de Mme Marguerite ouvrit et lut, vers la mĂȘme heure, cette lettre Madame, Que je voudrais donc ĂȘtre Ă  Paris, si mes affaires ne me contraignaient Ă  rester un mois encore en Provence. Je vous Ă©cris de Nice ; et vous enviez mon sort, sans doute, rĂȘvant de brises tiĂšdes et molles et de soleils rĂ©chauffants. La vĂ©ritĂ© est que nous subissons en ce moment une baisse atmosphĂ©rique considĂ©rable. La neige, tombĂ©e depuis deux jours, ne se dĂ©cide pas Ă  fondre. Je ne vous engage pas Ă  venir me rejoindre, comme vous en manifestez l’intention, avant une quinzaine. Faites-moi savoir, Ă  l’hĂŽtel des Ambassadeurs, si vous ĂȘtes dĂ©cidĂ©e Ă  retarder votre voyage. Je vous baise les mains, madame et chĂšre amie. Comte de Bois-Rassis. Vingt-quatre heures aprĂšs, un garçon de l’hĂŽtel des Ambassadeurs, Ă  Nice, annonçait Ă  M. de Bois-Rassis, en train de faire sa toilette matinale, la visite d’une dame. Quelle est cette dame ? – Monsieur, on m’a priĂ© d’annoncer madame Marguerite. – Faites entrer. » Une dame entra. 
 Ma femme ! sursauta M. de Bois-Rassis. – Oui, dit la comtesse, c’est votre chaste Ă©pouse. Il y a eu erreur d’adresses. Vous vous ĂȘtes trompĂ© d’enveloppes. » – in Fin de SiĂšcle, grand journal littĂ©raire et illustrĂ©, cinquiĂšme annĂ©e, n° 425, jeudi 28 mars 1895, sous le pseudonyme de G. Guy-Tong. » – in Le SupplĂ©ment, grand journal littĂ©raire illustrĂ©, vingt-deuxiĂšme annĂ©e, n° 2559, samedi 30 dĂ©cembre 1905, sous le pseudonyme de Marjolet. » 47. JAUNET L’AVARE _____ Or, voyez, mes amis, la triste aventure qui arriva Ă  Guillaume Jaunet, et dont il mourut, le pauvre, Ă  la fleur de l’ñge. Jaunet ayant, vers vingt-cinq ans, hĂ©ritĂ© d’une cinquantaine de mille francs de ses parents, n’eut plus qu’un dĂ©sir, une joie palper, toucher les louis jaunes et ternes, les caresser, les contempler, les adorer. La richesse fit Jaunet avare. Il passait de longues heures dans une chambre miteuse, sorte de grenier sale oĂč il avait juchĂ© une armoire, en communion intime avec son or. La plupart des avares Ă©prouvent plus de jouissance Ă  regarder de l’or que des billets de banque, fruit de notre civilisation dĂ©crĂ©pite ; Jaunet ne vibrait rĂ©ellement, dans ses fibres d’avarice, qu’à l’aspect d’un papier bleu Ă  l’ordre de la Banque de France. Guillaume Jaunet changea donc son argent et son or contre de soyeux billets de banque. Quand il eut opĂ©rĂ© la complĂšte conversion de sa fortune monĂ©taire, il disposa entre deux cartons les billets bleus allongĂ©s, selon leurs grandeurs, et il passa des journĂ©es entiĂšres Ă  bercer le portefeuille sur son cƓur, comme ferait une mĂšre pour endormir son bĂ©bĂ©. Guillaume Jaunet vĂ©cut trois ans de la sorte, s’exilant du monde, se sevrant de toutes les joies de la vie, pour caresser ses billets bleus, pour les couver d’un regard blanc et chargĂ© de tendresse. La masure oĂč habitait Jaunet ne tenait plus et s’effritait aux murs. Les plafonds pourrissaient, tout humides de pluie. Des trous s’agrandissaient aux planchers. Quelques simples petites rĂ©parations des maçons et des charpentiers eussent Ă©tĂ©, au dĂ©but, nĂ©cessaires ; mais Guillaume Jaunet ne voulait s’apercevoir de rien et reculait devant la dĂ©pense. Ayant enlevĂ© une grosse pierre au mur de sa chambre Ă  coucher, il avait lui-mĂȘme fait un trou, une cachette pour le prĂ©cieux portefeuille ; et, chaque nuit, il l’y dĂ©posait, avec la mĂȘme dĂ©votion qu’un prĂȘtre relĂšgue dans le tabernacle le ciboire. La veille de sa mort, Jaunet, avant de se coucher, n’oublia pas de mettre le portefeuille dans la cachette. Il dormit Ă  poings fermĂ©s pendant cinq heures, somnola une heure et se leva. Il s’habilla Ă  la hĂąte, enleva la pierre du trou et voulut prendre dans ses mains le portefeuille. Horreur ! Le portefeuille, en carton dur, Ă©tait tout dentelĂ© ; les billets de banque n’existaient plus ; il n’y en avait plus un seul. Guillaume Jaunet, Ă  ce spectacle, tomba Ă  la renverse il Ă©tait mort de stupĂ©faction
 car il avait vu dans le trou, cruelle ironie ! les suites palpables de la bonne digestion des rats qui avaient, durant la nuit, fait un repas de cinquante mille francs. Jaunet fut enterrĂ© par les soins pieux de ses cousins, qui ne pleurĂšrent que sur la disparition des billets bleus. – Nos dimanches littĂ©raires, artistiques et scientifiques, » in Le Petit Bourguignon, journal politique quotidien, vingt-sixiĂšme annĂ©e, n° 9382, mercredi 31 octobre 1906, sous le pseudonyme de Marjolet. » 48. FATUITÉ _____ Le jeune mĂ©decin-dentiste Ockmann est venu s’établir et chercher Ă  se former une clientĂšle Ă  Vannes. Sur une large plaque de marbre, il a fait graver ses nom, prĂ©noms et profession, ses titres aussi qui tiennent six lignes. Dans tous les journaux locaux et de la rĂ©gion, il s’est affichĂ© avec tous ses avantages ; il s’est annoncĂ© comme le guĂ©risseur infaillible de tous les maux de dents possibles ; il a longuement parlĂ© de ses succĂšs remportĂ©s Ă  l’École Dentaire. Bref, quand il eut bien charlatanisĂ©, quand il eut battu bien fort la grosse caisse de la rĂ©clame, il attendit les clients dont les dents trouĂ©es et gĂątĂ©es devaient infailliblement lui remplir de louis jaunes
 sa petite caisse. Les clients, hĂ©las ! ne vinrent point. Une annĂ©e durant, Ockmann les espĂ©ra ; mais ceux-ci faisaient la sourde oreille. Il ne gagna pas, la premiĂšre annĂ©e, de quoi payer le quart de son loyer de maison. Aux amis qu’il s’était faits Ă  Vannes, Ockmann avait coutume d’expliquer ainsi sa dĂ©veine Je suis victime de ma trop grande rĂ©putation, mes chers amis. Les clients se disent M. Ockmann est tellement connu qu’il ne sait plus oĂč donner de la tĂȘte. Il est assiĂ©gĂ© de malades
 nous ne passerions pas assez vite Ă  notre tour. Allons chez son collĂšgue. » Et ils font comme ils disent. » 49. UN MAZAGRAN _____ Louis et Jean Festeau, les deux fils de M. Festeau, le conseiller gĂ©nĂ©ral, profitant d’une journĂ©e de mars oĂč le soleil Ă©tait aussi chaud que celui d’aoĂ»t, s’amusaient Ă  pĂȘcher Ă  la ligne sur les bords du Yal, la plus charmante riviĂšre qui soit dans tout le pays dauphinois. FatiguĂ©s de voir le poisson les narguer dans l’eau sans se dĂ©cider Ă  mordre, ils jetĂšrent leurs lignes avec un ensemble parfait, comme un seul homme, ouvrirent leur panier Ă  provisions, et, sur l’herbe, dĂ©jeunĂšrent du plus grand appĂ©tit. Quand ils eurent englouti suffisamment d’Ɠufs durs et de saucisson, Louis Festeau dit Si nous allions chez la mĂšre Loiseau, Ă  cent mĂštres de lĂ , prendre un mazagran ? – J’allais te le proposer, » fit Jean Festeau. Chacun son engin de pĂȘche sur l’épaule, – deux gaules longues de cinq mĂštres, – les deux frĂšres gravissent Ă  pas lents la cĂŽte au haut de laquelle est assis le cabaret de la mĂšre Loiseau. Ils entrent et prennent place dans un coin de la salle dĂ©sert ; car, Ă  cette heure de midi, il ne vient jamais grand monde. Bonjour, la mĂšre Loiseau. – Bonjour, messieurs. – Servez-nous deux mazagrans. » Ignorante du mot, mais sans demander d’explications, la mĂšre Loiseau rĂ©pondit simplement Beaucoup de regrets, messieurs ; mais je n’en ai plus. » ContrariĂ©s, les deux frĂšres s’interrogĂšrent du coin de l’Ɠil. En ce cas, firent-ils, donnez-nous une bouteille de biĂšre. » Ils s’attablent, boivent, parlent de bien des choses, entre autres de leur regret cuisant de ne pouvoir se procurer la douceur d’un excellent mazagran et de l’infructuositĂ© de leur pĂȘche. Arrivent trois charretiers tapageurs. Allons, la petite mĂšre, qu’est-ce que vous allez nous donner ? – Dame ! ce que vous voudrez. – Un cafĂ©, hein. Ça va-t-il, toi qui rĂ©gales ? – Oui. » La mĂšre Loiseau servit trois cafĂ©s aux charretiers. Les deux Festeau la trouvaient mauvaise. Dites donc, la mĂšre, pourquoi nous avez-vous dit tout Ă  l’heure que vous n’aviez pas de mazagran ? – Du mazagran, messieurs, mais je n’en ai point. – Comment ? Et, ce que vous servez Ă  ces messieurs, qu’est-ce donc ? – Ça ? Mais c’est du cafĂ© ! – Eh bien, mazagran, cafĂ©, c’est la mĂȘme chose. – Dame, mes bons messieurs, reprit la mĂšre Loiseau, est-ce que je pouvais savoir ça ? » – in La Gaudriole, journal de joyeux rĂ©cits, chansons, contes gaulois et romans illustrĂ©s, nouvelle sĂ©rie, n° 91, jeudi 14 mai 1903, sous le pseudonyme de Marjolet. » 50. INJECTEUR _____ Petite Maman va chez le pharmacien, avec Fillette, chercher un mĂ©dicament pour Petit Papa qui a mal Ă  la gorge. Petite Maman a donnĂ© l’ordonnance Ă  son Ă©lĂšve, et, assise, attend que la potion soit prĂ©parĂ©e. Fillette, qui n’aime point le repos, regarde les bocaux, les affiches en couleur des spĂ©cialitĂ©s, et s’extasie Oh ! Petite Maman, le beau poisson !
 le beau bocal !
 le bel oiseau empaillĂ© !
 les belles images ! – Tais-toi, Fillette, tu fatigues ces messieurs. » Fillette se tait durant quelques instants ; puis, tout Ă  coup, exultante, elle dit, montrant du doigt un injecteur Ă  jet continu » dans une vitrine Ah ! Petite Maman, tu as une musique comme ça ! » Petite Maman, rougissante, honteuse, – n’y a pas de quoi ! – pour dire quelque chose par contenance, interroge Mais tu ne l’entends pas souvent, la musique ? – Ah ben ! Petite Maman, si on peut dire, dit Fillette, scandalisĂ©e
 Tu en joues trois fois tous les soirs ! » – in Le SupplĂ©ment, grand journal littĂ©raire illustrĂ©, vingt-deuxiĂšme annĂ©e, n° 2447, jeudi 13 avril 1905, sous le pseudonyme de Marjolet. » 51. AUGMENTATION _____ Julien PiĂ©dechesne, cĂ©libataire et marchand de bois, Ă  la mort de sa mĂšre, avec laquelle il vivait, se trouva seul. Il prenait quarante-cinq ans. À cet Ăąge, l’homme est encore vert. Mais il ne songea pas au mariage, pour lequel il avait une profonde aversion. Seulement, il rĂ©solut de prendre une bonne Ă  tout faire. Au lieu de s’adresser Ă  un bureau de placement, lequel ne livre que trĂšs rarement l’oiseau rare, il prĂ©fĂ©ra faire un voyage en province. Ce fut en Normandie qu’il alla. Il descendit Ă  l’hĂŽtel, dans un petit chef-lieu de canton, et s’informa des jeunes villageoises qui, moyennant arrhes et gages, se chargeraient d’adoucir l’existence du vieux cĂ©libataire qu’il allait devenir. On lui indiqua deux jeunes filles. La premiĂšre ne lui plut pas, parce qu’elle Ă©tait trop rousse ; mais comme il aimait les brunes, la seconde l’enchanta. Il gagea Ernestine Ă  trente francs par mois, lui paya les arrhes en prĂ©sence de son pĂšre et de sa mĂšre, et devant eux promit, s’il Ă©tait satisfait des services de la jeune fille, de lui donner de l’augmentation. EnchantĂ©e de l’aubaine, Ernestine suivit M. PiĂ©dechesne et commença, dĂšs le soir mĂȘme de son arrivĂ©e, son service de bonne Ă  tout faire. Tout alla tant et si bien que, sept mois aprĂšs son installation chez M. PiĂ©dechesne, elle fut obligĂ©e de retourner auprĂšs de ses parents pour y faire ses couches. Quand Ernestine arriva chez ses auteurs, ceux-ci jetĂšrent des cris d’indignation Eh quoi ! leur fille Ă©tait enceinte !
 Qui Ă©tait-ce qui avait dĂ©shonorĂ© leur fille ?
 M. PiĂ©dechesne !
 Un homme qui avait l’air si bien !
 Fiez-vous donc aux gens aprĂšs cela !
 » PiĂ©dechesne, par les parents d’Ernestine, fut chargĂ© de toutes les malĂ©dictions, de toutes les injures. Ils allĂšrent mĂȘme si loin dans leurs suppositions malveillantes, qu’Ernestine crut de son devoir d’intervenir. Elle parla raison Voyons, papa et maman, dit-elle
 Puisqu’il m’avait promis de l’augmentation. » – in Le SupplĂ©ment, grand journal littĂ©raire illustrĂ©, vingt-deuxiĂšme annĂ©e, n° 2407, mardi 10 janvier 1905, sous le pseudonyme de G. Guy-Tong. » 52. L’IVRESSE GUÉRIE _____ C’est un rĂ©cit du temps oĂč il y avait encore des miracles. Saint Frusquin de la Frusquinette, avant d’ĂȘtre rĂ©vĂ©rĂ© comme saint, avait menĂ© une vie de pendard. Il Ă©tait noble et puissant seigneur sur la terre d’Armorique, et craint partout Ă  la ronde, car, s’il Ă©tait doux Ă  jeun, il faisait trembler tous les alentours lorsqu’il Ă©tait ivre. Or, il se saoulait chaque jour comme trois portefaix. Cependant, ayant l’ñme bonne, et par les priĂšres aussi de Madame sa mĂšre au paradis, le remords entra dans son Ăąme et il voulut se guĂ©rir. Dans ce but, il fit le pĂšlerinage de Notre-Dame-de-Montfort ; et, comme il Ă©tait en priĂšre au pied de la statue de la Vierge, celle-ci lui donna le remĂšde Ă  ce grand mal d’ivrognerie. Il partit. Suivant les indications de la Madone, en s’en revenant vers son chĂąteau, il ramassa le long du chemin tous les cailloux luisants et polis qu’il aperçut. Il en remplit son escarcelle, en chargea ensuite un mulet, puis, le soir mĂȘme, commença le remĂšde. Dans son hanap, qui tenait trois litres, il mit un caillou et but. Le lendemain, il mit un autre caillou ; et chaque jour, il continua de dĂ©poser un caillou dans la coupe. Au bout de trois mois, le hanap Ă©tait Ă  moitiĂ© rempli de gros sable. Frusquin ne buvait plus, par consĂ©quent, que la moitiĂ© de son contenu. Six mois aprĂšs la mise dans la coupe du premier petit caillou, Frusquin de la Frusquinette Ă©tait guĂ©ri de sa passion. Et non seulement il ne buvait plus, mais il avait des nausĂ©es Ă  l’odeur seule du vin. S’inclinant devant ce miracle de la bonne Sainte-Vierge, il laissa lĂ  ses terres et se fit chartreux. Depuis lors, on a en grande vĂ©nĂ©ration Saint Frusquin de la Frusquinette, au pays de Bretagne. – in Le SupplĂ©ment, grand journal littĂ©raire illustrĂ©, vingt-deuxiĂšme annĂ©e, n° 2551, mardi 12 dĂ©cembre 1905, sous le pseudonyme de G. Guy-Tong. » 53. LES DEUX JAMBONS _____ M. le curĂ© avait dit Ă  sa nouvelle servante, qui, montĂ©e sur une Ă©chelle double, accrochait deux magnifiques jambons Ă  un clou de la grosse poutre du plafond, M. le curĂ© avait dit Jeanneton, puisque nous n’avons pu acheter, sur nos Ă©conomies, que ces deux jambons cette annĂ©e, il faudra les mĂ©nager. Il y en aura un pour NoĂ«l et l’autre pour PĂąques. Vous entendez bien, ma bonne Jeanneton ? – Oui, monsieur le curĂ©, » affirma Jeanneton. Jeanneton descendit de son Ă©chelle, jeta un dernier coup d’Ɠil aux jambons, pour voir s’ils Ă©taient bien en place, et reprit ses travaux journaliers. M. le curĂ©, les mains dans ses manches, contempla quelques minutes les jambons gros et gras et savamment aromatisĂ©s, se tourna au moins sept fois la langue dans la bouche, et prononça Ils sont de bonne taille
 Le plus petit pour NoĂ«l, et l’autre pour PĂąques. » Et M. le curĂ©, s’étant une derniĂšre fois pourlĂ©chĂ©, alla lire son brĂ©viaire dans le jardin. À quelques jours de lĂ , M. le curĂ© Ă©tant absent, un mendiant entra dans la petite cour du presbytĂšre et frappa Ă  la porte d’entrĂ©e. Jeanneton vint ouvrir. Vous ne voudriez pas me faire la charitĂ©, au nom du Bon Dieu, ma bonne dame ? – M. le CurĂ© ne donne qu’aux pauvres qu’il connaĂźt. » Et Jeanneton, bavarde, ajouta Vous n’ĂȘtes pas d’ici ? – Je suis de Rocheferet, Ă  dix lieues de lĂ . – Tiens, s’étonne Jeanneton ; j’y ai une cousine. Elle se nomme la Chamarade. – Je la connais beaucoup. Elle tient un petit magasin d’épicerie. Elle est veuve et a deux petites filles. – C’est ça mĂȘme. Comment vous appelez-vous ? – Je m’appelle NoĂ«l. – Ah ! cria Jeanneton, pourquoi ne le disiez-vous pas tout de suite ? J’ai un jambon pour vous. – Un jambon ? Bah ! – Oui. M. le CurĂ© m’a dit Allez acheter deux jambons ; il y en a un pour NoĂ«l, et l’autre pour PĂąques. » – PĂąques, c’est mon voisin, dit le mendiant. – Eh bien, c’est ça ; vous allez emporter le jambon de PĂąques avec le vĂŽtre. – Je ne demande pas mieux, » fit NoĂ«l sans s’étonner. Jeanneton alla dĂ©crocher les deux jambons ; et le mendiant s’en fut bien loin, bien loin, l’air guilleret. Quand M. le curĂ© revint, et qu’il eut constatĂ© la disparition de ses deux jambons, il demanda des explications. Jeanneton, oh ! tout simplement, donna les explications demandĂ©es, et qui parurent si douloureuses au brave curĂ©, qu’il en tomba mort, sur le coup, d’une attaque de foudroyante apoplexie. Ses obsĂšques furent magnifiques. Le grand-vicaire de l’ÉvĂȘchĂ© officiait lui-mĂȘme. – in L’Abeille de Seine-et-Oise, supplĂ©ment illustrĂ©, n° 30, dimanche 23 fĂ©vrier 1902, sous le pseudonyme de G. Guy-Tong. » 54. DISTRACTION PEU COÛTEUSE _____ Quand il eut, selon la populaire expression, mangĂ© son Saint-Frusquin d’aucuns disent son blĂ© en herbe et qu’il ne lui resta plus le moindre Ă©pi Ă  se mettre sous la dent, Bergamotte trouva, Ă  force de patientes recherches, une place vague de caissier Ă  cent francs par mois, et vĂ©cut dorĂ©navant comme il put, de cheval nature au rabais et des souvenirs de sa gloire dĂ©funte. Plus d’argent, partant plus d’amis. C’est la rĂšgle. Trop fier d’ailleurs, et trop honnĂȘte pour essayer d’emprunter un argent qu’il savait bien ne pas pouvoir rendre, et que ses amis ne lui auraient en outre pas prĂȘtĂ©, Bergamotte se rĂ©signa Ă  son sort et tint, du mieux qu’il put, les livres de son marchand de chaussures hygiĂ©niques. Hiver comme Ă©tĂ©, Bergamotte, pour se rendre de son bureau Ă  son bouillon Ă  soixante-quinze centimes, faisait le grand tour, prenait par les boulevards, et y dĂ©ambulait une heure durant. L’étĂ© dernier, par une chaleur torride, un des anciens amis de Bergamotte le rencontre adossĂ© Ă  un kiosque, comme hypnotisĂ©, fumant une maigre cigarette, l’Ɠil fixĂ© sur le cafĂ© Riche, dans la caisse duquel Ă©tait passĂ© le plus clair de ses revenus avec les plus sonnantes espĂšces de son capital. Que faites-vous donc lĂ , Bergamotte ? – Moi ? rĂ©pond le pauvre Bergamotte ; mais je me distrais je regarde prendre des glaces au cafĂ© Riche. » – in La Gaudriole, journal de joyeux rĂ©cits, chansons, contes gaulois et romans illustrĂ©s, nouvelle sĂ©rie, n° 63, jeudi 5 fĂ©vrier 1903, sous le pseudonyme de Marjolet. » – in L’Abeille de Seine-et-Oise, supplĂ©ment illustrĂ©, n° 179, dimanche 1er janvier 1905, sous le titre On s’amuse comme on peut » et le pseudonyme de Humbug. » – Les Auteurs gais, » in Le Petit Bourguignon, journal politique quotidien, vingt-neuviĂšme annĂ©e, n° 10391, dimanche 8 aoĂ»t 1909, sous le pseudonyme de Marjolet. » 55. LA MÈCHE DE CHEVEUX _____ MariĂ©s jeunes, Edmond et Jeanne s’étaient adorĂ©s trois ans. Aucun nuage n’avait obscurci leur ciel de bonheur ni celui de leur lit. Vers la fin de la troisiĂšme annĂ©e de leur union, Jeanne trĂ©passa, enlevĂ©e prĂ©maturĂ©ment Ă  l’affection de son Ă©poux par une de ces maladies de poitrine qui ne pardonnent pas
 La preuve, c’est qu’elle en Ă©tait morte. Edmond rendit Ă  Jeanne les derniers devoirs, la conduisit, tout larmoyant, au cimetiĂšre, et sur la tombe jura de n’avoir jamais plus dans la vie d’autre compagne. Il Ă©tendit la main, et prononça Ton souvenir, ma chĂšre Jeanne, me poursuivra sans cesse. Je ne me remarierai jamais. » Puis, l’ñme contristĂ©e, Edmond rentra chez lui. Il s’enferma dans sa chambre, et baisa et rebaisa mille fois, avec des larmes, une mĂšche de cheveux noirs qu’il avait coupĂ©e sur le front de la morte. Comme les plus grandes douleurs, avec les heures, se calment, Edmond, pieusement, dĂ©posa les cheveux dans un mĂ©daillon d’or mĂąle, et, la fatigue lui tenaillant les mƓlles, il s’endormit sur son fauteuil d’un sommeil de plomb. Puisque c’est l’usage, je veux bien Ă©crire sommeil de plomb
 Mais du diable si je me figure un sommeil fait de plomb ou de tout autre matiĂšre minĂ©rale. Cette parenthĂšse fermĂ©e, passons ; et revenons Ă  notre histoire. Six ans durant, Edmond, trĂšs rĂ©glĂ© dans ses habitudes, passait deux heures par jour, de deux heures de l’aprĂšs-midi Ă  quatre, dans son cabinet de travail. À deux heures exactement, il ouvrait le mĂ©daillon, en retirait la mĂšche, la contemplait avec des larmes et la baisait jusqu’à quatre heures sonnantes. En cet instant, il remettait dans le mĂ©daillon la mĂšche, et recommençait son trĂšs sentimental manĂšge le lendemain. Un soir, Ă  son cercle, un de ses amis qui revenait de Paris, lui apprit cette mode nouvelle qu’avaient les femmes brunes de se teindre les cheveux en blond. Edmond, troublĂ© dans son esprit par cette conversation pourtant sans grande importance, Ă©crivit dĂšs le soir Ă  un parfumeur en renom pour avoir de la teinture blonde
 Et quand il eut reçu le flacon, comme il savait que Jeanne, sa morte aimĂ©e, avait Ă©tĂ© coquette, il prit la mĂšche dans le mĂ©daillon, et de noire qu’elle Ă©tait, pieusement, il la fit blonde. – in L’Abeille de Seine-et-Oise, supplĂ©ment illustrĂ©, n° 72, dimanche 14 dĂ©cembre 1902, sous le pseudonyme de G. Guy-Tong. » – in MĂ©morial d’Amiens et du dĂ©partement de la Somme, supplĂ©ment illustrĂ©, cinquiĂšme annĂ©e, n° 50, dimanche 14 dĂ©cembre 1902, sous le pseudonyme de G. Guy-Tong. » – in Le SupplĂ©ment, grand journal littĂ©raire illustrĂ©, vingt-deuxiĂšme annĂ©e, n° 2413, mardi 24 janvier 1905, sous le pseudonyme de G. Guy-Tong. » – in Le SupplĂ©ment, grand journal littĂ©raire illustrĂ©, vingt-deuxiĂšme annĂ©e, n° 2481, samedi 1er juillet 1905, sous le pseudonyme de G. Guy-Tong. » – in Le Journal pour tous, supplĂ©ment hebdomadaire illustrĂ© du Journal, » quinziĂšme annĂ©e, n° 47, jeudi 23 novembre 1905, sous le pseudonyme de G. Guy-Tong. » – in L’Abeille de Seine-et-Oise, supplĂ©ment illustrĂ©, n°315, dimanche 11 aoĂ»t 1907, sous le titre Coquetterie posthume » et le pseudonyme de Moustic. » 56. PÉRIODE ÉLECTORALE _____ Le marquis de Bellemeute n’est pas un aigle, chacun sait ça, mais comme il a deux cent mille livres de rentes en foncier, il se prĂ©sente Ă  la dĂ©putation. Il rencontre le charbonnier Noirsac, lui esquisse son plus gracieux coup de chapeau, lui serre la main, honneur grand qu’il n’avait jamais fait au pauvre bougre, et la conversation commence Bonjour, Monsieur Noirsac. Comment allez-vous ? – Et vous, monsieur le marquis ? – Vous savez que c’est moi qui me prĂ©sente Ă  la dĂ©putation dimanche prochain ? – Ma foi, non, monsieur le marquis. Ça ne m’intĂ©resse pas. Je ne vote pas. – Ah bah ! Et pourquoi ne votez-vous pas ? – Je ne suis pas d’ici. Je suis Auvergnat ! – Ah ! C’est vrai ! » Puis, aprĂšs un instant de rĂ©flexion, l’ineffable marquis ajoute Mais je croyais que vous vous Ă©tiez fait naturaliser. » – La Vie drĂŽle, » in Le ProgrĂšs de la Somme, quarante-troisiĂšme annĂ©e, n° 12924, jeudi 22 juin 1911, sous le pseudonyme de Marjolet. » – Anonyme, Çà et lĂ , » in Le ProgrĂšs [Mascara], dix-huitiĂšme annĂ©e, n° 1303, samedi 15 juillet 1911. 57. MAISON À LOUER _____ Arthur PiĂ©nit-Kelet passe Ă  juste titre, dans le domaine de la bourgeoisie, pour un triste et lugubre farceur. Ses amis se contentent de le tenir pour un gai fumiste et un joyeux drille. Il y a environ une semaine, Arthur, qui malgrĂ© son nom patronymique adore les pĂ©destres courses sur route, se trouve, au hasard de la promenade, en face d’une jolie petite villa. Sur la barriĂšre en fer touchant la route, avait Ă©tĂ© appendu l’écriteau classique Maison Ă  louer. Arthur PiĂ©nit-Kelet n’hĂ©site pas un instant. Il effile sa moustache Ă  gauche et Ă  droite, redresse son haute-forme, essuie de la main la poussiĂšre du bas de son pantalon, se donne un air digne, et sonne. Le jardinier arrive ARTHUR. – Cette maison est bien Ă  louer ? LE JARDINIER. – Parfaitement, monsieur. Monsieur veut-il la visiter ? ARTHUR. – Parfaitement. LE JARDINIER. – Entrez donc, monsieur. ARTHUR. – L’aspect n’est pas mal. LE JARDINIER. – Et le jardin, monsieur. Regardez donc le jardin ! c’est moi qui l’entretiens. ARTHUR. – Il vaut mieux pour vous, mon brave homme, entretenir un jardin, que de vous faire entretenir par une femme. LE JARDINIER. – Ah ! c’est un jardin qui est bien productif, allez ! Il y vient de tout
 des carottes, des poireaux
 Les arbres y poussent que c’est un plaisir. ARTHUR. – Je vous crois
 Mais ne nous attardons pas aux bagatelles de la porte. Visitons la maison Ă  louer. LE JARDINIER, ouvrant la porte du vestibule. – Entrez, monsieur. ARTHUR. – Ce vestibule est Ă©patant ! LE JARDINIER. – N’est-ce pas, monsieur ? ARTHUR. – Épatant ! LE JARDINIER. – Voici le salon. ARTHUR. – Pas mal
 TrĂšs bien, mĂȘme. LE JARDINIER. – 
 La salle Ă  manger. ARTHUR. – Superbe, la salle Ă  manger ! LE JARDINIER. – Si Monsieur veut me suivre, je vais lui faire voir la cuisine. ARTHUR. – Ah ! parlez-moi d’une cuisine comme cela. VoilĂ  qui est propre, au moins. C’est blanc, c’est clair
 c’est charmant ; et d’une propreté  LE JARDINIER. – C’est ma femme qui entretient la maison, monsieur. ARTHUR. – Compliments. LE JARDINIER. – En passant par cette porte, nous arrivons Ă  l’escalier. ARTHUR. — Ah ! pour un escalier, parlez-moi d’un escalier. TrĂšs joli, cet escalier. LE JARDINIER. – Si monsieur veut monter, je vais lui montrer le premier Ă©tage. ARTHUR. – Comment donc ! Avec plaisir. LE JARDINIER. – Il y a quatre chambres Ă  coucher, avec dans chacune un cabinet de toilette. ARTHUR. – Ces chambres sont mirifiques. LE JARDINIER. – Cette chambre communique Ă  la terrasse au-dessus de la cuisine. ARTHUR. – Ce que ça doit ĂȘtre commode, l’étĂ©, quand il fait du soleil ! LE JARDINIER. – Oh ! oui, monsieur, c’est mĂȘme un des plus grands agrĂ©ments de la maison. ARTHUR. – Une terrasse Ă©patante ! LE JARDINIER. – En haut sont les mansardes trĂšs spacieuses. ARTHUR. – Que le diable m’emporte si ce ne sont pas lĂ  des mansardes dignes du grand Mansard lui-mĂȘme ! LE JARDINIER. – C’est toute la maison, monsieur. Et notez que pas une cheminĂ©e ne fume. ARTHUR. – Ça, c’est encore Ă©patant. Mais nous pouvons descendre maintenant, n’est-ce pas ? LE JARDINIER, au bas de l’escalier. – Ainsi, la maison plaĂźt Ă  monsieur ? ARTHUR. – Si elle me plaĂźt ! Ah ! pour sĂ»r, alors ! LE JARDINIER. – Et notez, monsieur, que le prix de location demandĂ© n’est pas trĂšs cher, puisque
 ARTHUR. – Oh ! le prix !
 LE JARDINIER. – Ce n’est que francs de location par an, maison et jardin. ARTHUR. – Oh ! Ă  ce prix-lĂ , vous trouverez toujours Ă  louer, mon brave homme ! LE JARDINIER. – Si monsieur veut conclure dĂšs aujourd’hui ? ARTHUR. – Conclure quoi ? LE JARDINIER. – Passer un bail ! ARTHUR. – Non, mon brave ami. Moi, voyez-vous, je n’ai pas besoin de villa. Je loge Ă  Paris, Ă  un cinquiĂšme, et je m’en trouve fort bien. LE JARDINIER. – Mais alors ? ARTHUR. – Je passais sur la route. J’ai vu que votre maison Ă©tait Ă  louer. J’ai louĂ© le plus que j’ai pu
 VoilĂ  ! Sur ce, je vous tire mes rĂ©vĂ©rences. Au revoir, mon brave homme ! Et Arthur PiĂ©nit-Kelet s’en fut pĂ©destrement vers la gare prochaine, l’air diabolique et hautain, comme il convient aprĂšs une si bonne farce. – in La Gazette illustrĂ©e de Biarritz, journal politique, littĂ©raire et mondain, cinquiĂšme annĂ©e, n° 211, du jeudi 16 au 23 septembre 1897, sous le pseudonyme de G. Goy-Tong. » [sic] – in Le Journal de Fourmies et des arrondissements d’Avesnes et de Vervins, vingt-deuxiĂšme annĂ©e, n° 1974, jeudi 11 novembre 1897, sous le pseudonyme de G. Guy-Dong » [sic] – in L’Abeille de Seine-et-Oise, supplĂ©ment illustrĂ©, n° 28, dimanche 9 fĂ©vrier 1902, sous le pseudonyme de G. Guy-Tong. » – in Le Journal pour tous, supplĂ©ment hebdomadaire illustrĂ© du Journal, » treiziĂšme annĂ©e, n° 33, jeudi 14 aoĂ»t 1902, sous le titre Une mauvaise Blague » et la signature de Gustave Guitton. – in Le SupplĂ©ment, grand journal littĂ©raire illustrĂ©, vingt-troisiĂšme annĂ©e, n° 2572, mardi 30 janvier 1906, sous le pseudonyme de G. Guy-Tong. » 58. LA CALOTTE _____ La grande salle des fĂȘtes de la petite ville de Sainte-Hure est remplie d’indigĂšnes qui viennent assister, les uns curieux, les autres intĂ©ressĂ©s, Ă  la distribution des rĂ©compenses agricoles. Car c’est le comice aujourd’hui mĂȘme. Sur l’estrade le prĂ©sident du comice, le vice-prĂ©sident, le dĂ©putĂ© nouvellement Ă©lu, M. le secrĂ©taire-gĂ©nĂ©ral de la prĂ©fecture, le rapporteur, et tous les propriĂ©taires de l’endroit, tous les notables. La fĂȘte n’a aucune couleur politique c’est presque la fusion des partis. La sĂ©ance commence sur un discours du prĂ©sident, un septuagĂ©naire, ancien conseiller gĂ©nĂ©ral et fort estimĂ© dans le pays. DĂšs les premiers mots, un mauvais farceur jeta ce cri À bas la calotte ! » On ne s’expliquait pas
 Les opinions anticlĂ©ricales du prĂ©sident Ă©taient connues. Que signifiait cette interruption ? Le prĂ©sident veut ajouter quelques mots À bas la calotte ! » Puis deux, puis trois, puis quinze voix, puis la moitiĂ© des gens de la salle, qui riaient Ă  se tordre, hurlĂšrent À bas la calotte ! Oui, Ă  bas la calotte ! » Ces messieurs du bureau prononçaient Ă  voix basse le mot de cabale. D’autres, plus froussards, cherchaient dans leur poche un utile morceau du Petit Journal. Le prĂ©sident, forcĂ© de s’asseoir, attendait la fin de l’orage populaire. À la fin, tout parut clair. Le prĂ©sident, qui n’avait plus de cheveux et craignait les rhumes de cerveau, avait conservĂ© sa toque noire durant son allocution. Or, on voulait admirer, dans son entier, ce vĂ©nĂ©rable crĂąne d’homme populaire, mais dĂ©plumĂ©. Quand il reprit en souriant son discours, d’unanimes et chaleureux applaudissements accueillirent le prĂ©sident. Son crĂąne poli apparaissait au grand jour. On cria mĂȘme Vive la calotte ! » Ô versatilitĂ© des opinions dans le cƓur des hommes ! 59. DISTRACTION _____ Toutes blanches en leurs longs voiles lĂ©gers, l’air recueilli sous l’Ɠil des parents au scepticisme Ă©mu, les petites mariĂ©es en JĂ©sus-Christ, les naĂŻves toutes petites communiantes, ont Ă©tĂ© placĂ©es d’un cĂŽtĂ© de la grande nef, dans l’église parĂ©e et pleine de lumiĂšres, cependant que de l’autre cĂŽtĂ© sont parquĂ©s les petits communiants, tout de noir habillĂ©s, avec leurs brassards blancs frangĂ©s d’argent ou d’or. C’est la fĂȘte eucharistique avec dĂ©ploiement d’étendards et chants d’orgue. Parents, amis fidĂšles, beaucoup sont venus ; et, ce jour-lĂ , l’église est pleine. Vers le milieu de la cĂ©rĂ©monie, imposante et attendrissante, c’est le clichĂ© consacrĂ©, le brave curĂ© monte en chaire. Les assistants s’attendaient Ă  quelques mots d’exhortation bien sentis, Ă  quelques paroles de paix et de consolation si douces Ă  l’humaine nature
 Va te faire lanlĂšre ! M. le curĂ©, une fois en chaire, s’agenouille, fait un large signe de croix, et, distrait mais dĂ©vot, oh ! combien dĂ©vot !
 Mes frĂšres, dit-il, nous allons rĂ©citer un de profundis pour l’ñme du dĂ©funt. » Quand il s’aperçut de son erreur, les trois quarts et demi des fidĂšles avaient la colique. – VariĂ©tĂ©s » in La Gazette illustrĂ©e de Biarritz, journal politique, littĂ©raire et mondain, cinquiĂšme annĂ©e, n° 207, du jeudi 10 au 17 juin 1897, sous le pseudonyme de G. Guy-Tong. » 60. LE MATCHEUR _____ Le cafĂ© Bellentrois ne faisant plus ses frais, l’honorable M. Bellentrois fit ajouter ceci Ă  son enseigne ACADÉMIE DE BILLARD, ouverte tous les soirs de huit heures Ă  minuit. Bellentrois, d’une certaine force lui-mĂȘme au billard, paya des professeurs renommĂ©s ; et bientĂŽt florirent les bons jours de gains pour l’établissement. Le succĂšs de l’AcadĂ©mie Ă©mut les Parisiens qui firent galerie, le soir, autour des matcheurs. Les provinciaux, qui lisaient les programmes et les comptes rendus de l’AcadĂ©mie Bellentrois, ne manquaient jamais d’accourir dĂšs leur arrivĂ©e dans la capitale. Des paris s’engageaient, comme aux courses ; et le public d’amateurs, le bon public de la galerie, suivait d’un Ɠil anxieux les capricieuses virevoltes des billes blanches et de la rouge. Minuit
 Becfigue, le champion français, a engagĂ© un match en cinq cents avec Van Deboot, l’illustrissime champion de la Hollande. La galerie est nombreuse, attentive aussi ; car Becfigue, qui tient la queue, n’a plus que treize points Ă  faire pour gagner. Ces treize points, les fera-t-il ? MystĂšre ! Un gros monsieur, fervent du billard si l’on en juge par la façon dont le jeu du champion français semble l’hypnotiser, un gros monsieur de la galerie se penche, flexible roseau ! À ce moment mĂȘme, en cet instant prĂ©cis, Becfigue pousse vigoureusement sa queue
 et le vieux monsieur qui se courbait jette un long cri de douleur. La queue lui avait meurtri l’Ɠil ; le sang coulait aux sourcils. Oh ! Ah ! Oh !
 que je souffre ! » Le champion français Becfigue, trĂšs digne et amĂšne, prononce alors Ce n’est rien, monsieur ; j’ai fait le carambolage. » – in L’Abeille de Seine-et-Oise, supplĂ©ment illustrĂ©, n° 161, dimanche 28 aoĂ»t 1904, sous le titre Carambolages » et le pseudonyme de Jean Charlas. » – in Le SupplĂ©ment, grand journal littĂ©raire illustrĂ©, vingt-deuxiĂšme annĂ©e, n° 2484, samedi 8 juillet 1905, sous le pseudonyme de Marjolet. » – in Le Journal pour tous, supplĂ©ment hebdomadaire illustrĂ© du Journal, » quinziĂšme annĂ©e, n° 39, jeudi 28 septembre 1905, sous le pseudonyme de Marjolet. » 61. INCOMPATIBILITÉ D’HUMEUR _____ DĂšs qu’il eut rencontrĂ© cette gamine au bal des LĂ©zards, Suzannet s’en Ă©namoura. Yvonne et lui vivaient ensemble depuis trois jours. Comme on Ă©tait dans la premiĂšre semaine d’avril et que le temps Ă©tait beau, Yvonne avait dit Ă  Suzannet Mon ami, emmenez-moi Ă  la campagne. » Et le train les dĂ©barqua bientĂŽt Ă  trente lieues de Paris, dans un petit trou pas cher, oĂč l’on pouvait boire le lait pur des vaches dans des tasses en gros caillou – oh ! dĂ©lices ! La main dans la main, les deux jeunes gens commencĂšrent, dans les sentes, une promenade tendre sous le premier soleil de printemps. Sentimentale, Yvonne se pressait le long de Suzannet qui savourait un gros cigare. Oh ! la belle saison, mon ami ! – Oui. – Tous les oiseaux roucoulent d’amoureuses chansons dans les arbres qui se reverdissent. – Oui. – Toutes les fleurs s’entrouvrent aux premiers baisers du soleil. – Oui. – Vous avez l’air tiĂšde, mon ami, en disant cela. N’aimez-vous pas ces belles journĂ©es d’avril ? – Moi ! sursauta Suzannet ; moi, je n’aime pas le mois d’avril ! Mais c’est le mois que je prĂ©fĂšre. C’est le mois des asperges
 Et j’adore les asperges, moi ! » Le lendemain, Yvonne quittait Suzannet, allĂ©guant leur incompatibilitĂ© d’humeur. 62. OBJECTION _____ Le beau Marcel de Pagnegotte, trĂšs infatuĂ© de sa personne et de son titre de baron, un beau mĂąle d’ailleurs, mais qui a le dĂ©faut d’ĂȘtre pauvre comme Job, n’a qu’un but, se marier – et qui plus est, se marier richement. – C’est la seule façon qu’il ait, pense-t-il, de redorer son blason. Il ne se dissimule pas qu’il n’a de chances de trouver l’épouse aux yeux jaunes qu’il rĂȘve, que dans la bourgeoisie. Il est des filles de bourgeois, en effet, pour lesquelles s’appeler madame la Baronne de
 est le suprĂȘme bonheur, l’ultime gloire. Pagnegotte se prĂ©sente donc, une belle aprĂšs-midi, chez M. GrumeliĂšre, et, ayant trouvĂ© le maĂźtre de cĂ©ans, il lui demanda la main de Mlle GrumeliĂšre. Votre demande m’honore, Monsieur de Pagnegotte ; mais pourriez-vous me dire quelle est votre profession ? – Je n’en ai point. – 
 Votre fortune ? – Je n’en ai point. – Si vous n’avez pas de fortune, monsieur, vous n’aurez pas ma fille, dit M. GrumeliĂšre. Car Berthe aura cinq cent mille francs de dot. – Mon manque absolu de fortune seul vous empĂȘche-t-il de m’accorder la main de Mlle GrumeliĂšre ? interroge Marcel de Pagnegotte. – Cela seulement ; oui, monsieur. – Eh bien, monsieur, continue le jeune Pagnegotte, rĂ©flĂ©chissez un peu avant de parler, je vous prie. Je n’ai pas d’argent, c’est vrai ; mais, puisque vous donnez cinq cent mille francs Ă  mademoiselle votre fille, votre refus n’a plus sa raison d’ĂȘtre, puisque, le jour mĂȘme du mariage, j’aurai deux cent cinquante mille francs. » – in L’Abeille de Seine-et-Oise, supplĂ©ment illustrĂ©, n° 28, dimanche 9 fĂ©vrier 1902, sous le titre Calcul matrimonial » et le pseudonyme de Humbug. » – in Le SupplĂ©ment, grand journal littĂ©raire illustrĂ©, vingt-deuxiĂšme annĂ©e, n° 2488, mardi 18 juillet 1905, sous le pseudonyme de Marjolet. » – in Le Journal pour tous, supplĂ©ment hebdomadaire illustrĂ© du Journal, » seiziĂšme annĂ©e, n° 4, jeudi 25 janvier 1906, sous le pseudonyme de Marjolet. » 63. DÉFAILLANCE _____ Mme de Saint-Aspellion a hĂ©ritĂ© de sa famille, entre autres curiositĂ©s, une superbe collection de pots de faĂŻence, vernissĂ©s richement et Ă©maillĂ©s joliment, avec des arabesques. Cette dame possĂšde en outre un blĂȘme domestique, Ă  tĂȘte de funambulesque Pierrot blafard, qui, lorsque Madame lui parle, a toujours l’air de revenir de Pontoise. Ce matin, Mme de Saint-Aspellion a dit Ă  Baptiste – le blĂȘme domestique Ă  tĂȘte de Pierrot s’appelle Baptiste Baptiste, vous allez vous armer de votre plumeau et m’enlever la poussiĂšre de ces poteries, dĂ©licatement, avec grand soin. – Oui, madame, » fait Baptiste. Et le plumeau se mit Ă  voler sur les courbes des prĂ©cieuses poteries. À un moment donnĂ©, – comment cela se fit-il, bon Dious ! – l’étagĂšre, qui soutenait les pots faĂŻencĂ©s, tomba ; et les pots se brisĂšrent en mille et mille morceaux sur le plancher. Mme de Saint-Aspellion jeta les hauts cris. Baptiste, sachant combien Madame tenait Ă  ses pots, tomba lui aussi du coup, terrassĂ© par ce malheur, en plein au milieu des dĂ©bris de poteries. Comment avez-vous fait, malheureux ! MisĂ©rable ! InfĂąme ! RĂ©pondez donc ! – Hou-Hou-Hou-Hou ! gĂ©mit Baptiste. – Que dites-vous ? Voyons, rĂ©pondez
 – Ah ! Madame, pleura Baptiste ; je tombe en des faĂŻences ! » – Le Vie drĂŽle, » in L’IndĂ©pendant des Basses-PyrĂ©nĂ©es, journal rĂ©publicain, quarante-troisiĂšme annĂ©e, n° 60, lundi-mardi 27-28 dĂ©cembre 1909, sans titre et sous le pseudonyme de Marjolet. » ☞ Le jeu de mots tomber en dĂ©faillance/des faĂŻences » est dĂ©jĂ  taxĂ© d’ antĂ©diluvien » dans la Physiologie du calembourg 1841
 TÉLÉGRAPHIE PRIVÉE _____ À MARGOT. En mer, 14 janvier 1860. La porcelaine, me dit-on, En Chine est le fruit des sciences ; Je t’en enverrai de Canton, Si je ne tombe en des faĂŻences. En mer, 16 janvier 1860. Margot, je te sais trĂšs coquette, Aussi, pour parer ton minois, À Canton, je veux faire emplette, Pour toi, d’un beau chapeau chinois. Dumanet. Pour tĂ©lĂ©gramme conforme, Jean Bonneau. _____ in Le Tintamarre, critique de la rĂ©clame, satire des puffistes, dix-neuviĂšme annĂ©e, dimanche 22 janvier 1860 in Le PĂȘle-MĂȘle, journal humoristique hebdomadaire, huitiĂšme annĂ©e, n° 25, 22 juin 1902 64. DISCOURS OFFICIEL _____ Le jour du premier janvier mil
 – peu importe la date ; il y a moins de vingt ans – il y avait rĂ©ception Ă  la sous-prĂ©fecture de Bessure. M. le sous-prĂ©fet, chamarrĂ© d’argent, attendait les Ă©vĂ©nements et les visiteurs. DĂ©jĂ , quatre ou cinq maires et fonctionnaires avaient dĂ©filĂ© devant lui, apportant avec eux des monceaux de fleurs de rhĂ©torique sentant l’huile, pour l’assurer de leur parfaite soumission au gouvernement actuel. Entrent trois personnes le nouveau maire de Saint-Baju et ses deux adjoints, le premier et le second, quoi ! Ces messieurs sont introduits par le laquais ; non, par l’huissier, les laquais n’existant plus depuis les temps les plus anciens. Il entre. M. le maire, trĂšs Ă©mu, fait une profonde rĂ©vĂ©rence, salue et ressalue encore, cherche en vain dans sa mĂ©moire le commencement du discours appris ; et ne trouvant rien, reste bouche bĂ©e. Comme cette situation menace de s’éterniser, le sous-prĂ©fet prononce, trĂšs digne et la bouche en O Messieurs, je vous remercie du fond du cƓur, au nom du gouvernement de la RĂ©publique que je reprĂ©sente, des souhaits que Monsieur le maire a bien voulu m’exprimer. » Et le maire alors TrĂšs bien, Monsieur le sous-prĂ©fet ; c’est tout Ă  fait ce que je voulais vous dire. » – La Vie drĂŽle, » in SupplĂ©ment Ă  l’Écho nogentais, journal rĂ©publicain de l’arrondissement de Nogent-sur-Seine, quatre-vingt-douziĂšme annĂ©e, n° 1, dimanche 1er janvier 1910, avec quelques modifications, sous le pseudonyme de Marjolet. » 65. LE CALCULATEUR _____ Guilledou Athanase ne vous tiendra jamais une conversation de dix minutes, sans vous assurer de son amour pour les sciences mathĂ©matiques. Je vais hier chez Guilledou. Je le trouve Ă  son bureau de travail. C’est Ă  peine s’il daigna lever la tĂȘte quand j’entrai. Sur sa table, sur le plancher, autour de lui, d’innombrables feuilles de papier gisent, couvertes de chiffres. Je calcule, mĂąchonne-t-il. Je travaille depuis ce matin. » En effet, des Ă©quations, des chiffres, des signes algĂ©briques s’alignaient en arabesques noires sur toutes les feuilles ; et je dus marcher sur bien des racines cubiques pour arriver Ă  lui serrer la main. Bonjour ! – Bonjour ! – Je calcule, dit Guilledou, pour savoir, Ă  un centime prĂšs, combien j’ai Ă  dĂ©penser par jour. – C’est assez facile, assurai-je Ă©tourdiment. – Vous croyez cela, vous !
 Comme on reconnaĂźt bien, Ă  ces paroles jetĂ©es en l’air, un esprit superficiel. Je travaille, moi, depuis sept heures de temps ; et je n’ai pas encore rĂ©solu le problĂšme. – Bah ! – Oui, continua Guilledou. Voici j’ai juste 3650 fr. 25 de rentes ; et, aprĂšs sept heures d’un travail, acharnĂ© vous pouvez m’en croire, j’ai trouvĂ© ceci mais je ne suis pas trĂšs sĂ»r ; je n’ai pas fait les preuves de mes opĂ©rations J’ai Ă  dĂ©penser par jour la trois-cent cinquante-cinquiĂšme partie de mes revenus. » Je riais un peu. Oui, fis-je ; mais tenez-vous compte des annĂ©es bissextiles ? – Ah ! c’est juste, sursauta Guilledou. Je m’en vais me remettre au travail. Un autre jour, un autre jour, nous causerons. – C’est cela, rĂ©pondis-je en me retirant. Je reviendrai vous voir demain. » Ce matin, je retourne chez Guilledou. Tout joyeux, trĂšs exultant, il me saute au cou. Vous savez, claironne-t-il, j’ai trouvĂ© ! – Pas possible ! DĂ©jĂ  ! fis-je narquoisement. – Si. En tenant compte des annĂ©es bissextiles, j’ai juste Ă  dĂ©penser par an la trois cent soixante-cinquiĂšme partie et quart de mes revenus. » – in Le Tirailleur algĂ©rien, journal illustrĂ© du dimanche, humoristique, littĂ©raire, satirique et politique, deuxiĂšme annĂ©e, n° 27, dimanche 11 fĂ©vrier 1900, avec des modifications et sous le titre CastarapĂšdies, » signĂ© des initiales G. G. Le R. Pour copie conforme, K. CEROL. »
Voyezla vie en rose avec le Spritz au rosé, le cocktail parfait pour cet été ! Par Célia Papaïx · Publié lundi 11 juillet 2022 à 10h00. Osez revisiter le célÚbre Spritz avec cette version rosée ! Un cocktail original qui saura ravir vos convives. Difficile de se lasser du Spritz, le cocktail estival par excellence. Pourtant, de temps en temps, on n'est pas contre tester de
ï»żHome > Cocktails > Vie en rose PrĂ©paration RĂ©alisez la recette "Vie en rose" directement dans le verre. Verser la grenadine, la vodka et remplir le reste du verre avec la limonade bien fraĂźche. Servir dans un verre de type "old fashioned". Dans la mĂȘme sĂ©lection Ajouter Ă  mes carnets la recette Vie en rose Choisir un carnet J'ajoute la recette Ă  mes carnets Vous confirmez que cette photo n'est pas une photo de cuisine ou ne correspond pas Ă  cette recette ? . 48 411 397 40 258 169 202 333

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